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Calais: le quotidien invivable des réfugiés

Un article rédigé par Véronique Fayet - RCF,  - Modifié le 1 juillet 2021
Véronique Fayet dénonce l'inaction du gouvernement face à la situation des réfugiés à Calais et l'entrave à l'action des associations comme le Secours Catholique.
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À nouveau, je partage ce qui se vit à Calais au quotidien. C’est le témoignange d’une de nos salariées, Juliette, qui a recu hier matin sur son téléphone un SMS de Mohamed, un exilé soudanais qui fréquentait régulièrement l’accueil de jour et s’était porté volontaire pour être bénévole le jour de Noël : "Hi, Julia, This is London, I’m Mohamed, I reached safely to UK, Please say hi to everyone and tell them, thank you, May God accept your efforts and protect you, love you all."

À la lecture de ces messages presque quotidiens, nous sommes  pris par l’émotion. Pris par la joie de savoir que leur souhait de rejoindre le Royaume-Uni s’est réalisé et que tous leurs efforts n’ont pas été vains. Émus de cette amitié fraternelle qui nous lie et de notre attention réciproque. Soulagés aussi qu’ils aient réussit le passage de cette frontière si dangereuse, qui a fait plus de 12 morts cette année, plus de 300 depuis 1999. 

Mais à la lecture de ces messages nous sommes aussi en colère. En colère parce que ces personnes prennent des risques immenses pour quitter Calais à cause de la politique inhumaine de lutte contre les points de fixation menée par les autorités. Cette politique rend insupportable, invivable le quotidien à Calais. 

Ce sont des  expulsions de campements – selon Human Rights Oberservers il y en a eu près de 1000 uniquement sur l’année 2020 – durant lesquelles les personnes se font confisquer, tentes, effets personnels, duvets. À tel point que le Secours Catholique a lancé une action de couture de pochettes solidaires, des pochettes de voyage dans lesquelles les personnes peuvent ranger leurs effets les plus précieux sur elles et les garder sur elles jour et nuit ! 

C’est l’entrave à l’action des associations. Lundi dernier, un sixième arrêté a été pris pour interdire les distribitions gratuites de nourriture et de boissons aux personnes en précarité, rendant encore plus difficile l’action des associations et plus dure la vie des éxilés à Calais. 

Un accès de plus en plus difficle aux services élémentaires. Chaque jour, les personnes nous interpellent, pour pouvoir manger, boire, se réchauffer. L’accueil de jour du Secours Catholique est le seul lieu ouvert la journée pour les exilés, alors qu’ils sont près de 800 à vivre sous la pluie, hier la neige, et des températures avoisinnant les zéro degré. 

En colère aussi, parce que le gouvernement, au-delà de l’urgence, ne propose pas de vraies solutions à ces exilés venus du Soudan, d’Erythrée ou d’Afghanistan. Il ne propose pas de solution à ceux qui ont des proches déjà au Royaume-Uni, et avec le Brexit, les rares voies d’accès légales ont disparu. Pas de solution pour ceux qui voudraient s’installer en France mais qui restent bloquées des années dans les limbes de l’administration 

Avec les associations présentes à Calais, nous demandons le développement de voies sûres vers le Royaume Uni et la possibilité pour les personnes de vivre dignement en France. Mettons nous tous autour de la table pour trouver des solutions, et saluons l’énergie des bénévoles, citoyens, salariés qui vivent au jour le jour la fraternité avec ces éxilés.

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