Au nom de quoi démolit-on des églises ? Et que faire si elles tombent en ruine ou que les fidèles ne s’y rendent plus ? C’est la question de départ de cet épisode du 16/17 avec comme invités Marie-Christine Marghem, Bourgmestre de Tournai et Virgil Declercq, président de l'ASBL Historia.
Deux démolitions d’églises ont été décidées récemment à Charleroi : les églises Saint-Basile et Saint-Eloi. Les raisons avancées sont avant tout financières : trop cher, pas de repreneur, trop compliqué de remettre en l’état ces édifices délabrés. Les raisons de ces décisions sont aussi urbanistiques : une volonté de réaménager la ville, via un ambitieux « Plan places » visant à rendre les espaces publics plus vivables, sans églises si besoin, avec des parkings si possible.
Selon une vision comptable des choses, les pouvoirs publics préfèrent bien souvent démolir puisque c’est moins cher, parait-il. L'argument économique est un argument d’autorité qui revient souvent dans ce type de cas, mais est-il si fondé que cela ? Selon notre invité Virgil Declercq, la réponse est non. Il le dit et l’affirme, exemples et estimations à l’appui. Il plaide, lui, pour la beauté, pour l’artisanat local et l'emploi raisonné des matériaux. Il déplore un règne du temps court et de la facilité, caractéristiques selon lui des politiques du territoire en Belgique et singulièrement en Wallonie.
Quand une seconde vie est offerte aux bâtiments religieux, il arrive parfois que l’âme des lieux soit savamment préservée. On peut dresser une liste non exhaustive de transformations plutôt réussies : à Charleroi pour commencer, avec l’ancien carmel néo-gothique de Mont-sur-Marchienne transformé en musée de la photographie. En France, la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon transformée en lieu d’écriture et de recherche théâtrale. Ou encore l’IMEC, en Normandie, où les fonds d’archive les plus prestigieux de la littérature française sont conservés religieusement.
Les exemples d'investissements intelligents en termes de préservation du patrimoine religieux sont souvent français, c'est un fait, mais ça n'est pas une évidence. Dans un pays où la Révolution a laissé des traces encore visibles sur les devantures des églises, la politique contemporaine joue un rôle décisif dans la préservation du passé. Et en Belgique, en ces temps de disette budgétaire, qu'adviendra-t-il des églises en ruine ou désertées ?
On peut aussi dresser une liste interminable de réaffectations beaucoup moins réussies que les trois exemples listés plus haut : des restaurants, des friteries, des bars, des dancings hot ou des gites bling bling, dans un périmètre allant de Binche aux Pays-Bas et parfois au-delà. Mais que cela n'empêche pas les évidences de s'imposer : la réaffectation d’une église vaudra toujours mieux que sa démolition.
Accepter une affectation autre des églises en ruine n’empêche pas de se battre pour qu’elles soient réaffectés intelligemment, dans le respect de leurs histoires. Notre invité nous l’a d’ailleurs rappelé : les églises n’ont pas été que des lieux de prière et de recueillement au fil des siècles ; elles ont abrité toutes sortes d’activités dont le recueillement et le culte font partie.
Julien Bal (X/@Chrom_MOSS)
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