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6H55 le réveil écologique d'Emilie Rizzo qui veille sur la qualité de votre sommeil

6H55 le réveil écologique d'Emilie Rizzo qui veille sur la qualité de votre sommeil

Un article rédigé par Stéphane LONGIN - RCF Haute-Loire, le 31 octobre 2025 - Modifié le 31 octobre 2025
5 minutes éco en Auvergne6H55 les oreillers et couettes auvergnates qui prennent soin de votre sommeil

À Bas-en-Basset, un doux mouvement a pris forme au son des tondeuses à moutons. Son nom intrigue : 6H55 Le Mouvement Moutonneux. Derrière cette appellation énigmatique, une femme, Émilie Rizzo, styliste devenue artisane de la laine, a trouvé le moyen de relier le sommeil, l’écologie et l’économie locale.

Emilie Rizzo dans son atelier boutique à Bas en Basset en Haute-LoireEmilie Rizzo dans son atelier boutique à Bas en Basset en Haute-Loire

« Je voulais un nom qui interpelle », explique-t-elle. « 6 h 55, c’est la moyenne de sommeil des Français… et on perd dix minutes chaque année. Comme mon travail est centré sur le sommeil, c’était une évidence ». L’aventure de 6H55 est donc née en 2022 d’un double constat : la déconnexion croissante entre notre bien-être et notre environnement, et la perte d’une ressource naturelle pourtant présente à portée de main : la laine (à fibre courte).

Une matière première locale, oubliée mais précieuse

À la source de ses créations, il y a les élevages de Haute-Loire. « Je vais récupérer la laine directement chez les éleveurs, souvent des granges pleines dont on ne sait plus quoi faire », raconte Émilie. En France, à peine 4 % de la laine produite est aujourd’hui valorisée. Autrefois envoyée en Chine pour être lavée, elle n’a plus de débouché, les négociants jugeant le transport trop coûteux. Résultat : des tonnes de laine s’accumulent, inutilisables, interdites de brûlage ou d’enfouissement.

Émilie s’est donc retroussée les manches. Littéralement. « J’arrive au moment de la tonte, je participe avec les éleveurs, on trie la laine pour ne garder que les plus belles fibres. » La suite du cycle se déroule à Saugues, où la laine est lavée avec soin : eau de la rivière, savon de Marseille et bicarbonate. Zéro produit chimique. « Sur une tonne, il reste 350 à 400 kilos après lavage, mais ce qui reste, c’est de l’or doux », sourit-elle.

La laine avant le cardage dans l'atelier de Bas en Basset en Haute-Loire

Le cardage : de la matière brute au doux nuage laineux

Vient ensuite l’étape du cardage, où la laine devient légère, aérée. C’est cette matière qui remplira les oreillers, les couettes ou les matelas. Pour un oreiller, la laine est passée plusieurs fois afin d’éliminer la moindre impureté : « Je termine à la main, pour avoir quelque chose de pur, presque neigeux. » Chaque pièce est unique et peut s’adapter aux besoins du dormeur. « Les clients peuvent venir à l’atelier pour tester, régler leur oreiller avec moi. Quand j’envoie, je le fais bien rempli : ils peuvent ensuite ajuster chez eux à leur guise. »

Cette approche personnalisée révèle une philosophie globale : redonner du sens à la production et repenser notre consommation. Ici, rien n’est figé : un oreiller se garde toute une vie, une couette se régénère, un matelas se transmet.

Thermorégulante par nature, la laine s’adapte à toutes les saisons. Chaude en hiver, respirante en été, elle évite la transpiration nocturne et régule la température du corps. « On n’a plus besoin de changer de couette, c’est un confort simple et durable », explique-t-elle. Plus dense que les fibres synthétiques, elle exerce une légère pression qui favorise l’apaisement : « Plus il y a de poids, plus le cœur ralentit. C’est une sensation proche de l’enveloppement. »

La laine après la tonte chez les éleveurs et avant le lavage - 6H55 @RCF Haute-Loire 2025La laine après la tonte chez les éleveurs et avant le lavage - 6H55 @RCF Haute-Loire 2025
La laine après le lavage aux ateliers de la bruyère à Saugues - 6H55 @RCF Haute-Loire 202La laine après le lavage aux ateliers de la bruyère à Saugues - 6H55 @RCF Haute-Loire 202
La laine après le cardage est débarrassée des impuretés  - 6H55 @RCF Haute-Loire 202La laine après le cardage est débarrassée des impuretés - 6H55 @RCF Haute-Loire 202
6H55 le mouvement moutonneux fabrique des oreillers sur mesure @RCF Haute-Loire 20256H55 le mouvement moutonneux fabrique des oreillers sur mesure @RCF Haute-Loire 2025
6H55 le mouvement moutonneux propose des oreillers et des couettes Made In France @RCF Haute-Loire 20256H55 le mouvement moutonneux propose des oreillers et des couettes Made In France @RCF Haute-Loire 2025
Avec la laine, la marque altiligérienne fabrique aussi de la déco et des objets pour la maison @RCF Haute-Loire 2025Avec la laine, la marque altiligérienne fabrique aussi de la déco et des objets pour la maison @RCF Haute-Loire 2025

Un parcours fait de convictions

Avant de fonder 6H55, Émilie travaillait dans la mode. Styliste dans un univers où les valeurs ne lui parlaient plus, elle a choisi de revenir dans sa région d'origine et d’y retrouver un sens du concret. Une rencontre décisive avec un éleveur local a tout déclenché. « Il m’a montré ses granges pleines de laine. J’ai compris qu’il y avait là une matière magnifique et un levier pour revitaliser la filière. »

Accompagnée dans un incubateur à Saint-Étienne, elle a d’abord suscité la curiosité, parfois teintée de scepticisme : « ils se demandaient ce que cette "bobo parisienne" allait inventer… » Mais l’année passée sur le terrain, à trier, laver et carder, a eu raison des doutes. Les éleveurs ont serré les rangs autour d’elle et le mouvement moutonneux a pris racine.

Ils se demandaient ce que cette bobo parisienne aller inventer...

Aujourd’hui, 6H55 dépasse le simple atelier de confection. Des collaborations voient le jour, notamment avec les Ateliers de la Bruyère pour créer des luminaires en laine feutrée. D’autres pistes se tissent : tapis, tapis de yoga, objets déco et, à plus grande échelle, isolation intérieure en laine. « Cela permettrait d’utiliser encore plus de matière et d’aider davantage d’éleveurs. »

Dans son atelier de Bas-en-Basset, Émilie Rizzo voit grand et espère convaincre d'autres acteurs de se lancer dans l'économie circulaire qu'elle incarne à merveille. Engagée dans la Route des Savoir-Faire lancée par l'Agence d'Attractivité de Haute-Loire, elle souhaite "encore plus de connexions entre les supers acteurs du département" et de rêver "Pourquoi pas lancer un grand "brainstorming" des entreprises de Haute-Loire pour inventer de nouvelles choses ? Il y a tellement de personnes géniales ici". Nul doute que la jeune cheffe d'entreprise, qui participe de nouveau au Salon du Made in France à Paris en ce début de mois de novembre, ne devrait pas s'attarder trop longtemps sur l'oreiller tant les journées semblent trop courtes pour concrétiser tous ses projets.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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