Toutes les semaines, Pierre Rives vous donne rendez-vous pour vous livrer de belles histoires.
Je suis un chêne, un chêne rouvre. On me considère comme l'emblème de nos forêts et je suis le symbole de la force et de la liberté. J'ai aujourd'hui 174 ans mais je vous rassure tout de suite, je ne suis pas un vieillard. Nous les chênes, on peut vivre jusqu'à 500 ans et parfois plus, alors vous voyez, j'ai encore un bel avenir devant moi.
On m'a planté après la révolution de 1848, dans ce petit village d'Oradour sur Glane, dans la Haute Vienne, comme symbole de la liberté. Placé à côté de l'église, j'ai vécu au fil des saisons, dans la paix et la sérénité jusqu'à ce jour maudit où l'abomination a dépassé de loin la fiction et l'imaginaire.
Comment décrire l'intensité de l'horreur à laquelle j'ai été forcé d'assister. Je n'aurais jamais pensé que l'homme que je vénérais, puisse se rendre coupable de tant de cruauté et de barbarie.
Mais revenons aux faits et pour cela remontons le cours de l'histoire
Nous sommes en juin 1944. La seconde guerre mondiale touche à sa fin sur le sol européen. Quatre jours après de débarquement des alliés sur les plages normandes, la division allemande « Das Reich » appelée en renfort, remonte depuis Montauban vers le Nord.
Le 10 juin, le régiment Waffen SS « Fûhrer » l'une des deux unités d'infanterie blindée de la division à la sinistre réputation, entre dans Oradour.
Dans ce petit village qui vit un peu à l'écart de la guerre, les habitants regardent l'arrivée des blindés sans réelle inquiétude. Un premier groupe de cinq à huit véhicules entre dans le village par l'est et vers 13h 45, l'encerclement du village est déjà effectué par 120 hommes environ. Le massacre va pouvoir commencer.
Sous le commandement du capitaine Kahn, les soldats SS rassemblent les habitants sur le champ de foire puis les hommes sont séparés des femmes et des enfants qui eux sont conduits dans l'église.
A un signal donné, tous les hommes sont exécutés et le village entier est pillé et incendié.
Vient alors le tour des femmes et des enfants qui, sans pitié, vont être massacrés.
Comme si cela ne suffisait pas, le lendemain, une section revint et procéda à l'élimination systématique des corps par le feu et la fosse commune. Cet outrage aux cadavres rendait alors impossible l'identification des morts.
Au total, 643 personnes périront des suite de cette ignominie.
Pour ce qui me concerne, je dois avouer que j'ai eu de la chance car les barbares m'ont épargné, certainement parce qu'il ne m'ont prêté aucune attention.
La commune est restée en l'état depuis ce jour funeste afin de témoigner à jamais de la folie des hommes. Elle est devenue un lieu de recueillement et de mémoire où le silence marque à jamais le respect de tous.
Lors d'une visite qu'il avait effectuée sur le site, le général De Gaulle avait déclaré :
« Un lieu comme celui-là reste une chose commune à tous, une chose où tout le monde reconnaît le malheur commun, la volonté commune et l'espérance commune »
Et moi, je suis toujours là, seul au milieu des ruines, avec des clous rouillés enfoncés dans mon tronc, seuls témoignages de mon engagement physique dans ce conflit injustifiable.
L'olivier, qui trouve son origine en Israël peut être plusieurs fois centenaire. S'il est cité dans de nombreux textes sacrés, la légende dit que c'est la déesse Athéna qui fit naître de la terre brûlée par le soleil un arbre immortel qui pouvait nourrir et soigner les hommes.
Arbre au tronc noueux, au bois dur et dense et à l'écorce brune et crevassée, l'olivier puise sa vie dans un sol rocailleux et raviné . Depuis la nuit des temps, il est le symbole de la paix. On retrouve cette symbolique par exemple dans le récit biblique du Déluge. En effet lorsque cesse enfin la pluie, Noé envoie depuis son arche une colombe pour reconnaître les environs et la colombe lui revient avec un rameau d'olivier dans le bec. En haut de Gethsémani, à l'écart de Jérusalem, sur cette colline qui porte leur nom, se tiennent avec fierté des oliviers millénaires. Ils sont célébrés comme des dieux car ils l'ont accueilli, lui, il y a si longtemps. Pour lui, cette nuit-là est sa dernière nuit d'homme libre. Il vient de franchir le torrent de Cédron et gagne avec ses disciples ce petit jardin où il aime si souvent se reposer à l'ombre des oliviers. Lieu de repos certes, cet endroit est cependant aussi et surtout un lieu d'échanges spirituels et de communion avec le Très Haut. Ce soir-là, pourtant, vêtu de blanc tel un mort de son linceul, il apparaît triste, l’œil sombre et le front baissé.
Il se retourne vers Pierre, Jacques et Jean et leur dit :
« Restez ici, pendant que je m'en vais là-bas pour prier »
Commence alors une nuit de souffrance et de lutte contre ses propres démons, ce que l'on appellera l'agonie morale du Christ. C'est le plus dur combat qu'il devait livrer. Il est comme paralysé par le châtiment à venir. Tout tremblant, il hurle le nom de Dieu et lui demande la force de ne pas succomber à la tentation de se soustraire.
Il accepte cette nuit-là d'endosser tous les péchés du monde et de devenir l'unique victime expiatoire car il sait que son heure est venue, l'heure de la croix, l'heure du supplice, l'heure de la rédemption.
Les temps ont passé mais les oliviers ont continué leur vie. Ils ont résisté aux batailles des religions. Ils ont vu les Croisés s'emparer du St. Sépulcre et les armées de Saladin reprendre la coupole du Rocher. Ils ont vu les soldats de Tsahal libérer le mur des lamentations.
Ils pensent sans doute que malgré le temps, ils resteront forts et indestructibles et chaque année leurs rameaux refleurissent en témoignage d'une éternelle jeunesse.
Le chêne est un arbre sacré dans de nombreuses civilisations. Il est investi de privilèges accordées à la divinité suprême. Synonyme de force et de solidité, il symbolise la majesté. Saint Louis appréciait particulièrement le château de Vincennes. Il avait l'habitude, quand le temps le permettait, d'aller dans le parc et de s'adosser à un chêne centenaire . Là, il accueillait ses sujets qui désiraient le voir pour entretenir sur des questions ou des problèmes particuliers.
Dans ces conditions, le requérant exposait librement son grief à son souverain qui, contrairement à ce qui a pu être raconté, ne rendait pas la justice lui-même mais faisait appel à un membre dûment qualifié de son entourage qui se saisit de l'affaire et statuait en dernier recours. C'est ainsi que Saint Louis ne se substituait point au système judiciaire cil avait mis en place mais combinait habilement l'exercice de son pouvoir surnaturel de souverain avec le respect des institutions terrestres. Lorsqu'il rentra de sa prière croisade, Saint louis réforma profondément la justice. A cet effet, il promulgua en 1256 la Grande Ordonnance. Ce texte général, très novateur insiste sur l'importance de la Présomption d'innocence :
« Nul ne sera privé de son droit sans faute reconnue et sans procès »
Outre ce principe de présomption d'innocence, le roi affirme que la justice ne se poncera qu'en fonction de la vérité et que les idéaux moraux sont au-dessus des personnes humaines fussent-elles puissantes. Saint-Louis ajoute que la justice ne peut être rendue que par des juges et qu'elle est la même pour tous C'est Enguerrand de Coucou qui, le premier en fera les frais En effet, en 1259, trois jeunes nobles chassaient dans les bois d'une abbaye. Entraînés par leurs chiens, ils s'égarent et se retrouvent bientôt sur les terres du Seigneur de Coucy . Ignorant leur méprise, ils poursuivent leur chasse et réussissent à tuer un chevreuil. Appréhendés par les hommes de de Coucy, ils sont conduits au château et condamnés à être pendus pour violation des terres seigneuriales. Ulcérés, les moines de l'abbaye en rendent compte au roi qui convoque le seigneur à la cour et l'emprisonne à la tour du Louvre. Les seigneurs, choqués à leur tour d'une telle punition , supplient le roi d'avoir pitié de leur pair. Saint Louis ne les écoutera qu'à demi en faisant libérer de Coucy mais en le condamnant à payer 10 000 livres et à partir trois ans en croisade. En outre, il fut contraint à construire deux chapelles pour l'âme des trois jeunes gens.
En février 1430, Jeanne d'Arc, à la tête d'une petite troupe d'une centaine d'hommes est en route pour rejoindre le gros des forces royales.
Les hommes sont recouverts d'une cuirasse et sont enveloppés de lourds manteaux pour les protéger du froid qui sévit dans la région.
Parmi eux, on reconnaît le maréchal Jean de Brosse, seigneur de Boussac, fidèle lieutenant de cette femme dont la gloire et la légende ont galvanisé les cœurs de toutes les provinces de France.
Jeanne chevauche à quelques encablures en avant, seule , toujours seule.
Elle porte une armure et tend vers le ciel sa bannière blanche frappée de la fleur de lys. Sur la toile qui flotte au vent on peut lire la devise des ordres mendiants « JESUS MARIA ». Sur le flanc de sa monture, elle a déposé son épée décorée de cinq croix qui symbolisent les 5 plaies du Christ : celles des mains, celles des pieds et celle du flanc. Jeanne est en selle depuis de longues heures et elle commence à être épuisée. Elle voudrait bien mettre pied à terre mais elle doit continuer sa route pour mener la mission que lui a assignée l'archange Saint- Michel. Elle est devenue désormais un chef de guerre. Elle avait levé le siège d'Orléans en dix jours, malgré une blessure qui l'avait laissée pour morte, Elle avait conduit le dauphin Charles au sacre à Reims avant de s'élancer de nouveau sur les champs de bataille. Soudain, à la sortie d'un hameau, Jeanne aperçoit un tilleul planté face à une petite chapelle, toute simple, bâtie en pierres du pays.
Tel un gardien aimant, le tilleul veille avec vigilance et mansuétude à la sécurité des fidèles qui vient prier sous son ombre. Combien de secrets lui a-t-on confiés et d'aveux lui a-t-on faits ? Il ne saurait le dire. Il les garde au plus profond de son être en dépositaire des forces et des faiblesses des hommes.
Jeanne fait alors signe à la troupe de s'arrêter. Elle descend alors de cheval mais demande aux hommes de rester à l'écart.
Elle s'avance lentement puis s'agenouille devant la croix et se met à prier de longues minutes dans le silence. On entend juste ses murmures. Que peut-elle donc invoquer ?
Sait-elle que ses jours sont comptés ? Que bientôt elle sera capturée et menée au bûcher à Rouen ? Demande-t-elle un sursis à Dieu pour mener à terme sa mission divine.
Seul le tilleul pourrait répondre à ces questions car il est le seul à avoir entendu les prières de la Sainte. Mais il est si vieux ce tilleul, ses branches sont si fragiles et sa charge est si lourde qu'il ne pourrait répondre si on le lui demandait et d'ailleurs s'en souviendrait-il car il a perdu la mémoire Mais après tout à 600 ans on peut bien lui pardonner d'avoir oublié.
Il y a pas mal d'éléments qui expliquent l'échec de la tentative d'invasion de Cuba en 1961 par des mercenaires anti-castristes (politiques, stratégiques, organisationnels).
Celui que nous retiendrons, pour notre part, a trait à l'impréparation du projet et à une certaine naïveté des acteurs comme de leurs commanditaires.
En effet, avant même que les premiers affrontements soient livrés, le lieu du débarquement avait été connu par les médias : LA BAIE DES COCHONS.et comme si cela ne suffisait pas la date même avait été annoncée. Vous avouerez que l'on ne pouvait pas mieux faire pour faire rater cette opération. Mais revenons aux sources. Après le départ du dictateur Batista et l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959, les relations entre les États-Unis et Cuba se détériorent rapidement. La politique d'expropriation des terres et le rapprochement avec l'URSS inquiètent le gouvernement américain qui adopte des représailles commerciales et rompt ses relations diplomatiques. De nombreux citoyens cubains hostiles à la politique castriste se sont réfugiés aux États-Unis où ils commencent à se mobiliser pour envisager une invasion de l’île et le renversement de Castro. Du côté des Américains, l'idée d'un débarquement à Cuba commence à faire son chemin et particulièrement pour le président John Fitzgerald Kennedy qui verrait d'un bon œil la réalisation de cette opération pour asseoir son autorité et prouver ses capacités en matière de politique étrangère. Néanmoins, ce qui importe le plus pour lui, c'est que les États- unis n'interviennent pas directement dans cette affaire pour éviter toute polémique avec l'URSS. Des exilés cubains anticastristes sont alors recrutés et entraînés par les militaires américains. Ils sont regroupés au sein d'une unité appelée BRIGADE 2506. La date de l'opération est fixée au 17 avril 1961.
Le matin du 15 avril, huit bombardiers américains B.26, peints aux couleurs cubaines pour éviter toute suspicion d’ingérence américaine, bombardent l’île. Enfin le débarquement a lieu mais les troupes sont repérées par les milices castristes qui prennent bientôt le dessus sur leurs adversaires. Pilonnés par l'aviation cubaine, désorientés par le manque de munitions les mercenaires n'ont bientôt plus d'autre choix que de se rendre. L'opération fut indiscutablement un échec complet tant pour les exilés cubains qui comptèrent dans leurs rangs 114 morts et 1189 prisonniers que pour les Etats unis, en particuliers les services secrets qui firent preuve à cette occasion d'une incompétence notoire.
Le Concorde, c'est l'histoire d'une génération : la génération qui a rêvé de la vitesse, de l'espace et d'une technologie au service de l'homme. Fruit de la coopération franco-britannique aéronautique, ce fleuron de l'aviation civile était un exemple de ce que l'on peut faire de mieux en matière d'avions de ligne. Construit conjointement par Sud Aviation et British Aircraft Corporation, Concorde était un avion de ligne supersonique. Volant à une altitude de 16 000 mètres, à la vitesse de 2145 kilomètres à l'heure, il pouvait rallier New-York en 3 heures 30. De telles performances avaient pour conséquence une très forte consommation de kérosène et par suite des prix de transports exorbitants (Plus de 6 OOO € pour un aller simple Paris/ New York).
D'autre part en raison du bang supersonique peu apprécié des villes et des villages survolés, il était confiné à des liaisons survolant principalement les mers ou les océans. De tels inconvénients associés à l'accident de juillet 2012, vont précipiter le déclin de l'appareil. Cet accident va d'ailleurs, en dépit de multiples contestations, être dû à un petit détail, au demeurant insignifiant, mais en réalité déterminant. Revoyons la scène : Nous sommes le 25 juillet 2000, à l'aéroport Charles de Gaulle
Le Concorde AFR 4590 s'apprête à décoller pour New-York. A son bord, il y a 100 passagers et 9 membres d'équipage. L'appareil est sur la piste 26. A 16h00, l'autorisation de décollage ayant été donnée par la tour de contrôle, l'appareil s'élance. Quelques temps auparavant, un DC10 de la compagnie Continental Airline, effectuant la liaison Roissy/New-York avait décollé de la même piste. Or, sans que l'équipage du DC10 ne le remarque, une lamelle métallique se détacha de l'appareil et retomba sur le revêtement de la piste. Lorsque le Concorde arriva, à près de 320 km à l'heure, et roula sur la pièce métallique en question, un pneu de son train d'atterrissage éclata. Un morceau de caoutchouc se détache et produit une onde de choc qui fait éclater de l'intérieur une partie d'un réservoir . Aussitôt le carburant qui s'échappe s'enflamme. L'alarme feu au moteur est déclenchée mais trop tard. L'avion perd de l'altitude et bientôt s'écrase sur l'Hotelessimo à côté de l'hôtel restaurant « Les Relais Bleus » au lieu-dit « La Patte d'Oie » de Gonesse, à quelques centaines de mètres des habitations. La compagnie américaine continental Airline sera reconnue responsable du crash et condamnée à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts à Air France pour son préjudice d'image. Le ministre des transports interdira alors le vol des Concordes jusqu'en 2001 et en 2003, Air France et British Aiways en arrêteront l'exploitation.
Prouesse technologique et gouffre financier, « l'OISEAU BLANC » connaîtra, à cause d'une petite lamelle métallique, un destin tragique au-cours duquel 109 personnes perdront la vie.
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