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Le discours d'une adolescente à la Cop24
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Le discours d'une adolescente à la Cop24

RCF,  -  Modifié le 19 décembre 2018
Chaque mercredi François Mandil vous propose son éditorial.
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Selon vous, la personne qui aura eu la plus grande influence lors de la COP24 est une adolescente !

Greta Thunberg a 15 ans, elle est suédoise, depuis la rentrée, suite à un été qui a battu tous les records de chaleur en Suède, elle sèche les cours tous les vendredi pour manifester devant le parlement suédois pour exiger des mesures plus fortes contre les changements climatiques et la semaine dernière, à Katowice, lors de la COP 24, elle a tenu un discours qui marquera l’histoire des négociations climatiques. Les ministres français marqueront aussi l’histoire mais parce que pour la première fois, ils n’ont pas daigné rester jusqu’à la fin des négociations. Question de priorités.

"Vous parlez de croissance économique verte et durable parce que vous avez peur d'être impopulaires" a déclaré Greta Thunberg. "Notre biosphère est sacrifiée pour que des personnes riches dans des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe". Ou encore : "Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses comme elles sont". Des diplomates, bardés de diplômes, l’œil fixé sur le taux de croissance de leur pays, subissent un procès en maturité de la part d’une collégienne ! Une collégienne qui ose dire les choses simplement comme elles sont, comme dans le conte d’Andersen : "le roi est nu !"

On peut se demander d’ailleurs ce qu’est la maturité. Je souhaite à Greta Thunberg de ne pas être une adulte trop vite, d’avoir la maturité de son âge. Prisonniers de petites logiques, les adultes forcent les enfants à agir en tant qu’adultes, à avoir des préoccupations d’adultes.  

Et ce discours vous en a rappelé un autre célèbre.

Le parallèle est frappant. Il y a 26 ans, lors du sommet de la terre de Rio, en 1992  c’était une Canadienne de 12 ans, Severn Cullis-Suzuki, qui avait marqué les esprits avec la même stupéfaction incrédule face aux orientations prises. "Perdre mon futur n’est pas pareil que de perdre des élections… ou quelques points de la Bourse" disait-elle. "A l’école, on apprend comment se comporter dans le monde, à ne pas nous battre entre nous, à travailler dur, à respecter les autres, à faire son lit, à ne pas blesser d’autres créatures, à partager sans avarice. Alors, pourquoi faites-vous les choses que vous nous dites de ne pas faire ?!"

Cette incompréhension des enfants face au cynisme et aux hypocrisies des adultes est terrible. 26 ans après, rien n’a bougé.

"Si j’ai des enfants, il me demanderont pourquoi vous n’avez rien fait alors qu’il était encore temps d’agir" dit Greta Thunberg. Visiblement, elle n’est pas la seule à se poser cette question. La semaine dernière, malgré les appels des autorités à annuler, il y avait plus de monde dans la rue pour les marches pour le climat que pour les gilets jaunes. Pourtant qui a occupé l’actualité ? Faut-il brûler pour que l’Etat entende ?

Le pari de "l’affaire du siècle", l’opération menée par quatre organisations - Oxfam, Notre affaire à tous, Greenpeace et la fondation pour la nature et l’homme – c’est d’assigner l’État français en justice pour inaction face aux changements climatiques. L’objectif est de faire reconnaître par le juge l’obligation de l’État d’agir, comme cela a été fait par les tribunaux des Pays-Bas, en Colombie ou au Pakistan. En 24h, plus de 600.000 Français ont déjà apporté leur soutien à cette campagne.

Faut-il donc que les enfants fassent la grève de l’école, que les adultes portent plainte contre les responsables politiques (qu’ils ont eux-mêmes élus, il faut le rappeler), pour qu’enfin, nous entamions cette conversion écologique ?

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