Accueil
Incendies en Amazonie: une responsabilité collective
Partager

Incendies en Amazonie: une responsabilité collective

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF,  -  Modifié le 3 septembre 2019
Alors que les églises du monde entier ont célébré dimanche la journée de la création, la forêt amazonienne est toujours en proie aux flammes.
PANTANAL DE OTUQUIS NATIONAL PARK, BOLIVIE PANTANAL DE OTUQUIS NATIONAL PARK, BOLIVIE

Pourquoi ces images d’arbres en feu nous alarment-elles ? Que représente plus précisément l’Amazonie souvent appelé le poumon vert de la planète ? Le Brésil est il le seul pays concerné par ces incendies ? 

Ces incendies qui ravagent depuis maintenant plusieurs semaines l’Amazonie sont d’une ampleur inédite. Les image se suivent et se ressemblent : une épaisse fumée noire, des flammes gigantesques, des arbres calcinés, des terres brunies par le feu. Comment sont perçus ces paysages de désolation ? Eva-Marie Françoise est allé tendre son micro dans la rue.

Inquiétude, sentiment d’impuissance mais aussi prise de conscience de la fragilité de notre terre. Mais l’Amazonie est-elle vraiment le poumon de notre planète ?  C’est vrai que lorsque l’on parle de l’Amazonie on utilise souvent cette expression. Emmanuel Macron l’a même reprise à son compte: "L'Amazonie, le poumon de notre planète, produit 20% de notre oxygène", a t il récemment déclaré dans un tweet. Et pourtant l’Amazonie n’a pas le monopole de l’oxygène comme nous l’explique Alain Pavé, spécialiste de l’Amazonie, auteur du livre : "Comprendre la biodiversité" aux éditions du Seuil.

La forêt amazonienne n’est pas le poumon de la planète certes, mais si on enlève les océans, est-elle malgré tout un puits d’oxygène pour notre planète ? La plupart des scientifiques s'accordent pour estimer que l'Amazonie produit entre 5 et 10% de notre oxygène. Pas plus. Mais il faut savoir qu’un tiers de la surface des terres émergées est recouvert de forêts. Aujourd’hui la forêt représente 9,4% de la surface totale du globe soit environs quatre milliards d’hectares. Plus de la moitié de cette superficie se trouve dans cinq pays : la Russie, le Brésil, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le Canada et les Etats-Unis. Et contrairement aux idées reçues, la forêt amazonienne n’est pas la plus grande. Alain Pavé, spécialiste de l’Amazonie, auteur du livre : "Comprendre la biodiversité" aux éditions du Seuil.

La forêt amazonienne n’est pas la plus grande forêt du monde, elle n’appartient pas non plus exclusivement au Brésil. Si 60% de l’Amazonie se trouvent sur le territoire brésilien, la  forêt traverse huit autres pays, la Guyane française, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, le Surinam, l'Équateur, le Guyana et la Bolivie. La forêt amazonienne bolivienne est d’ailleurs elle aussi en proie aux flammes. Des incendies qu’elle peine à éteindre. Alors pour l’ambassadeur du Brésil en France, Luis Fernando Serra, il y a une forme d’injustice à focaliser les critiques sur le Brésil.

Si le Brésil n’est pas le seul pays concerné par ces incendies, ils font incontestablement des ravages. Selon l’Organisation du Traité de coopération amazonienne, un quart des espèces mondiales sont présentes en Amazonie. En chiffres, cela représente quelques 30.000 espèces de plantes, 2.500 espèces de poissons, 1.500 espèces d’oiseaux, 500 espèces de mammifères, 550 espèces de reptiles et 2,5 millions d’insectes. Cette biodiversité exceptionnelle est donc clairement mise en péril avec ces incendies. Et cela  menace en premier lieu les peuples qui vivent dans la forêt, comme le rappelle Alain Pavé.

Et dans cette affaire, la responsabilité est collective. Car ces incendies sont causés par la sécheresse mais surtout par une politique de déforestation active. C'est l’équivalent d’un terrain de football qui s’envole en fumée toutes les minutes en Amazonie. Ces incendies sont habituellement un moyen de nettoyer des zones, de défricher, de fertiliser des terres et de les rendre cultivables notamment pour planter du soja, dont la France importe des milliers de tonnes chaque année. Un paradoxe pointé du doigt par le climatologue Jean Jouzel.

Dans son encyclique "Laudato si", le pape avait d’ailleurs dénoncé l’exploitation de la forêt amazonienne par "d’énormes intérêts économiques internationaux". Le pape argentin, qui organisera à l’automne à Rome un synode sur l’Amazonie, s’est dit "inquiet" il y a quelques jours pour les incendies qui ravagent la forêt amazonienne. Il faut dire que pour les chrétiens, “un arbre” représente de nombreux symboles comme nous l’explique Frère Tiem Tran Ngoc, le représentant franciscain pour les questions Justice Paix et Création pour l’Europe centrale.

Frère Tiem vient de publier “Faillite de l’humanisme des lumières - Vers une vision renouvelée de la vocation humaine et chrétienne” aux éditions L’Harmattan. Le pape appelle quant à lui les 1,3 milliard de catholiques de la planète, à "prier pour que, grâce à l’engagement de tous, ces incendies soient éteints le plus vite possible".

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don