" Vous donc, priez ainsi "
Méditation de l'évangile (Mt 6, 7-15) par la Pasteure Héléna Vicario
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Lorsque vous priez,
ne rabâchez pas comme les païens :
ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes
à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Source : AELF
Méditation Pasteure Héléna Vicario
Tout cela semble un peu vindicatif, voire un peu enfantin. On voit bien un enfant dire si tu ne me prêtes pas tes jouets, je ne te prête pas les miens. C’est un des seuls textes de la Bible où la relation de l’être humain et de Dieu est placée sous le signe du donnant-donnant. Dans beaucoup d’autres pages de la Bible, on parle d’amour, on parle de grâce, on parle de ce qui nous est offert de la part de Dieu sans demander de contrepartie. Mais cette phrase tombe comme un couperet : « si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Est-ce une manière pour Dieu de nous présenter sa facture, voire de nous menacer ? Combien de veilles ont suscité ces paroles, lorsque quelqu’un était confronté à un pardon impossible ? Si je ne pardonne pas à celui qui a fait entrer la monstruosité du mal dans ma vie, alors je ne pourrai aspirer au pardon de Dieu ? Quid des enfants ou des femmes maltraitées ? Doivent-ils, doivent-elles par décret pardonner à leur bourreau ?
Je pense qu’il faudrait s’accorder sur ce que veut dire le mot pardon. Dieu n’appelle pas à l’oubli. Nous avons vu dans le texte d’hier sur le jugement final que Dieu inscrit nos actes dans sa mémoire. Dieu nous appelle plutôt par le pardon à cesser d’être enchaîné au bourreau.
En pardonnant, c’est-à-dire en cessant de vouloir du mal à celui qui m’a blessé, je brise le lien qui m’attachait à lui. La haine, le ressentiment me fait vivre avec celui qui m’a tourmenté, il est toujours présent quoiqu’absent physiquement. Je vois son visage, je lui adresse des invectives, il habite finalement avec moi.
Pardonner c’est au contraire laisser aller, s’ouvrir à la nouveauté et par là s’ouvrir au Seigneur qui fait toute chose nouvelle. Le pardon doit être vu comme ce qui nous permet d’aller de l’avant. Il n’est pas incompatible avec une soif de justice, mais avec la soif de vengeance qui ne ferait qu’empirer les choses. Œil pour œil et le monde sera aveugle disait Gandhi. Pour garder notre lucidité, pour voir clairement, et pouvoir reprendre le cours de notre vie, posons la parole de pardon. Amen.
Chaque matin, l'Évangile du jour commenté par un prêtre ou un pasteur. Ce temps de prière invite à prendre le temps de la méditation et s'achève par la proclamation du Notre Père.
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