« Suis-moi » (Mt 8, 18-22)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    Jésus, voyant une foule autour de lui,
donna l’ordre de partir vers l’autre rive.
    Un scribe s’approcha et lui dit :
« Maître, je te suivrai partout où tu iras. »
    Mais Jésus lui déclara :
« Les renards ont des terriers,
les oiseaux du ciel ont des nids ;
mais le Fils de l’homme
n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
    Un autre de ses disciples lui dit :
« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord
enterrer mon père. »
    Jésus lui dit :
« Suis-moi,
et laisse les morts enterrer leurs morts. »

Source : AELF

Méditation Mgr Emmanuel Gobilliard  

Souvent cet Évangile, lorsqu’il est commenté, insiste sur le fait qu’il faut suivre Jésus, qu’il faut l’aimer de tout son cœur, qu’il faut tout lui sacrifier, y compris ce qui fait notre vie quotidienne. Nous devons préférer Dieu à tout. Cela est vrai, mais qu’est-ce qu’on veut dire vraiment en disant que nous devons préférer Dieu à tout ? Cela signifie-t-il qu’il faut négliger tout le reste ? Non, bien sûr ! Je pense en revanche que nous devons finaliser tout le reste, donner du sens à tout le reste. Et Jésus donne sens à tout ce que nous vivons. Il ne méprise pas la mort, ni les enterrements. Ailleurs dans l’Évangile, Jésus va partager le deuil de Marthe et Marie, et il pleure la mort de Lazare. Ailleurs encore il est dit : « Nous avons pris le deuil et vous n’avez pas pleuré ». Donc prendre du temps pour pleurer avec ceux qui pleurent, pour vivre une célébration de funérailles, c’est bon et charitable. Alors que nous demande Jésus dans l’Évangile ? La solution c’est plutôt de retourner la perspective. N’opposons pas Jésus, à ce qui fait notre vie ; comme s’il y avait un moment pour Dieu, la messe du dimanche, la prière quotidienne et d’autres moments où il serait absent. Non Dieu s’est incarné en Jésus, il est venu habiter parmi nous. Il habite nos réalités, nos familles et notre travail, nos loisirs et nos fêtes, nos deuils et tous nos événements quotidiens. Jésus n’a pas peur non plus de nos blessures, de nos souffrances, de nos défaillances et même de nos péchés. Il donne une réponse à tout ce que vivons, il habite ce que nous vivons. Suivre Jésus, en fait c’est l’inviter dans nos activités. La solution, n’est donc pas de s’éloigner de nos réalités humaines, mais c’est de l’inviter à nous suivre dans les méandres de nos vies, pour leur donner un sens, pour y mettre la charité, qui ne peut venir que de Dieu.