"Pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ?" (Lc 6, 1-5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

    Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs ;
ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient,
après les avoir froissés dans leurs mains.
    Quelques pharisiens dirent alors :
« Pourquoi faites-vous
ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? »
    Jésus leur répondit :
« N’avez-vous pas lu ce que fit David
un jour qu’il eut faim,
lui-même et ceux qui l’accompagnaient ?
    Il entra dans la maison de Dieu,
prit les pains de l’offrande, en mangea
et en donna à ceux qui l’accompagnaient,
alors que les prêtres seulement ont le droit d’en manger. »
    Il leur disait encore :
« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

Source : AELF

Méditation   Monique Baujard 

Cette fois-ci les pharisiens interpellent Jésus sur le manque d’observance du sabbat par ses disciples. Jésus répond en évoquant un épisode de la vie du roi David qui a transgressé les règles du Temple pour se nourrir et nourrir ses hommes. En filigrane, Jésus fait comprendre que la vie d’un homme est plus importante que l’observation d’une règle religieuse. Puis il affirme que « Le Fils de l’homme est maître du sabbat ». Jésus assume une position de liberté par rapport aux usages de son époque. Non pas qu’il méprise les lois et les règles, loin de là. Il dira expressément qu’il n’est pas venu abolir la loi et les prophètes mais les accomplir (Mt 5,17). Jésus oblige à réfléchir aux sens des lois et des usages. Ils doivent être au service de la vie des hommes et de leur liberté. C’est pour cela qu’il affirmera aussi que le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat (Mc 2,27). La différence est essentielle. Le sabbat est un jour pour Dieu. L’interdiction de certaines activités était là pour permettre à tous de prendre ce temps pour Dieu. Ces interdictions n’avaient donc pas de valeur en soi, mais seulement comme guides de la liberté humaine. On voit tout le contresens qu’il y a à réduire la foi à la stricte observance de règles. C’est oublier que la foi suppose et nourrit la liberté humaine ! Les Eglises chrétiennes n’y ont pas toujours échappé et l’image de la religion chrétienne en a souffert. Beaucoup de nos contemporains n’y voient qu’un ensemble d’interdits. Pourtant Jésus nous introduit dans ce nécessaire discernement du sens et de la pertinence des règles. Cela reste un exercice délicat, malheureusement peu encouragé, au moins dans l’Eglise catholique. Alors que l’enjeu est de taille : faire comprendre au monde que l’Evangile est un message de liberté !