"Père, glorifie ton Fils" (Jn 17, 1-11a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus leva les yeux au ciel et dit :
« Père, l’heure est venue.
Glorifie ton Fils
afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair,
il donnera la vie éternelle
à tous ceux que tu lui as donnés.
Or, la vie éternelle,
c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu,
et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Moi, je t’ai glorifié sur la terre
en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire.
Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père,
de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe.
J’ai manifesté ton nom
aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner.
Ils étaient à toi, tu me les as donnés,
et ils ont gardé ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu
que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données :
ils les ont reçues,
ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi,
et ils ont cru que tu m’as envoyé.
Moi, je prie pour eux ;
ce n’est pas pour le monde que je prie,
mais pour ceux que tu m’as donnés,
car ils sont à toi.
Tout ce qui est à moi est à toi,
et ce qui est à toi est à moi ;
et je suis glorifié en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ;
eux, ils sont dans le monde,
et moi, je viens vers toi. »

Source : AELF

Méditation Pasteur Nicole Fabre 

Le mot de gloire, dans cette prière, est intimement lié à celui de don. Ce sont les deux termes qui reviennent sans cesse. Et si la gloire était tout simplement le mouvement inverse de celui de retenir et de garder pour soi ? Comme un mouvement incompressible qui fait circuler le don total, celui du Père au Fils, celui du Fils à ceux qui accueillent sa parole, celui de ceux qui accueillent sa parole et sa révélation à ceux et celles qui ignorent encore cette révélation. Nous sommes très proches de l’image de la vigne dont il était question deux chapitres auparavant : je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Et le texte faisait percevoir la circulation incessante de la sève qui n’est autre qu’un amour en acte, qui se donne. Il est impressionnant d’entendre que Jésus prie pour que nous restions dans ce mouvement de don dans un moment très particulier : celui où Jésus va affronter le déchaînement de haine, l’expression ultime de la recherche insensée des honneurs et du pouvoir. C’est au cœur même de tous ces mouvements contraires, violents, que nous sommes appelés à rester enracinés dans ce mouvement qui seul, porte la vie : celui du don, du partage de ce qui nous fait vivre : le pardon, la révélation de Dieu comme Père.