L'éco-hameau de La Bénisson-Dieu, ou l'écologie intégrale au quotidien
Présentation de cet éco-hameau et ses projets satellites avec Gaultier Bès, membre de l'éco-hameau, directeur adjoint de la Revue Limite et président de l’association des Amis de l’Abbaye de La Bénisson-Dieu.
Ces dernières années, on entend de plus en plus parler d’écologie intégrale, cette philosophie de vie radicale par nature qui veut replacer l'humain au centre (et non au-dessus) de son environnement. Si le pape François a rendu le sujet populaire chez les chrétiens, certains n'ont pas attendu qu'on leur prenne la main pour agir : focus aujourd'hui sur un éco-hameau chrétien installé dans le bourg de la commune de La Bénisson-Dieu, dans la Loire.
Vivre (presque) ensemble dans un éco-hameau
Ce collectif de familles installé dans le bourg du village ligérien rassemble 8 couples et quelques célibataires. Chaque semaine, si certains temps de prière, de convivialité ou de travail sont en commun, « chaque foyer a sa maison, ses activités propres, son indépendance matérielle ».
Au-delà de cet habitat peu commun, les uns et les autres portent des projets ambitieux, au nom de l'éco-hameau ou bien au sein d'associations voisines.
Si un tel éco-hameau peut fonctionner, c'est aussi grâce à l'attention particulière portée à la gouvernance. Une fois par mois, le « conseil de village » se réunit.
Inspiré des méthodes de la communication non-violente, le collectif pratique notamment les élections sans candidats, et expérimente parallèlement la prise de décisions par consentement (ni unanimité, ni majorité).
À La Bénisson-Dieu, on fait confiance à la délibération collective.
Une histoire d'amitié et d'écologie
Le projet est né il y a quelques années, quand trois couples amis dispersés en France, dont certains avaient déjà une expérience de vie communautaire, ont imaginé une nouvelle vie. Souffrant de la vie citadine (problèmes de santé, rythme de vie peu sain, alimentation industrielle, stress, pollution...), ils et elles ont défini une charte pour vivre ensemble et progresser dans cette cohérence écologique. Même si Jean-Paul II appelle depuis très longtemps à la conversion écologique, c'est aussi l'appel du pape François dans Laudato si' qui les a rejoints à l'époque : tous unis dans la soif de revenir à la radicalité de l'évangile, à tendre vers une sobriété, l'éco-hameau voyait le jour.
L'écologie intégrale comme quotidien
C'est dans cet idéal que se sont réunis ces couples et célibataires, pour vivre simplement et sobrement.
Nous sommes d'abord des pauvres gens qui essayons d'élever nos enfants le mieux ou le moins mal possible avec les difficultés, les contradictions de n'importe quelle famille, prise entre son idéal (le nôtre : simplicité, vie artisanale, paysanne, plus proche de la terre), et en même temps les tentations du confort moderne, industriel. Comme beaucoup de gens, nous sommes pris entre nos désirs et nos pauvres limites.
Gaultier Bès déplore que la société « nous pousse dans des courants un peu contraires : peu de choses dans notre société nous poussent à la méditation, à la vie intérieure qu'appelle le christianisme, à la prière, à l'amour, au don de soi, à la simplicité, à la sobriété », pointant au contraire l'influence néfaste de la publicité qui pousse à penser plutôt « au pouvoir, à la gloire, à la visibilité ».
À son rythme, chaque famille essaye de vivre plus sobrement. Cette vie radicale passe notamment par les productions familiales : potager, verger, poules... chacun profitant bien sûr de la place donnée par la campagne. À terme, c'est idéalement l'autonomie alimentaire qui est envisagée.
Plusieurs des membres de l'éco-hameau travaillent à une réorientation professionnelle, pour viser des métiers avec plus de sens, qui favorisent une créativité locale, une aspect utile, esthétique, artistique... Parmi les différents profils du collectif, on envisage l'agroécologie, l'apiculture, le maraîchage ou une activité artisanale.
Côté transports, on limite la voiture, on privilégie le covoiturage, on relocalise l'essentiel des activités sur place.
Les projets satellites, le soutien de la Fondation Saint-Irénée
Les membres de l'éco-hameau ne vivent pas en vase clos, loin de là : leur but est aussi de revitaliser le village, d'y développer des structures qui soient vertueuses : à partir d'un groupement d'achat, ils travaillent par exemple sur la fondation d'une épicerie associative solidaire, qui proposerait des produits de qualité, mais qui grâce à cette dimension bénévole seraient moins chers que dans le commerce.
Le but, « indépendamment des petits gestes individuels, est vraiment d'essayer de créer des dynamiques collectives qui permettent d'enclencher des conversions qui rendent la cohérence écologique (et peut-être aussi la vie chrétienne, nous l'espérons avec la grâce de Dieu) plus simple, plus naturelle », résume Gaultier Bès.
Un de ces projet est soutenu financièrement par la Fondation Saint-Irénée du diocèse de Lyon : la FSI a acheté une maison dans le village et finance une partie des travaux, pour deux projets principaux : l'épicerie solidaire d'une part, et le projet de travailler en collaboration avec une association qui permettrait l'accueil de personnes en situation de précarité, d'autre part.
Chacun des projets a pour ambition de dépasser l'éco-hameau : ses membres lancent des initiatives pour et avec les villageois et les habitants du Nord-Roannais. Certains ont recréé une école Montessori dans le village d'à-côté, d'autres relancent une petite vie culturelle.
Gaultier Bès, pour sa part, s'investit dans l’association des Amis de l’Abbaye de La Bénisson-Dieu dont il est président : le jeudi 12 mai 2022, les Petits Chanteurs à la Croix de Bois font étape à La Bénisson-Dieu dans leur tournée nationale, pour un concert dans l'église du village. Cet été, une grande fête médiévale est organisée autour de cette même église abbatiale : à l'occasion de la Saint Bernard, le 20 août, l'association organise la deuxième édition de cette fête pour découvrir l'histoire de la commune, profiter d'un marché artisanal local et de différentes animations médiévales (danse, musique, reproductions de combats, spectacle aux flambeaux le soir).
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