Julienne de Cornillon : la visionnaire liégeoise à l’origine de la Fête-Dieu
Ce jeudi 19 juin, la Cité Ardente célèbrera la Fête-Dieu. Nous devons cette fête à Julienne de Cornillon, une religieuse liégeoise du XIIIe siècle. Mystique, érudite et engagée, qui était cette augustinienne ?
Crédit : WikicommonsJulienne de Cornillon naît vers 1192 à Retinne, près de Liège. Orpheline dès l’âge de cinq ans, elle est confiée avec sa sœur au couvent des Augustiniennes du Mont-Cornillon. La jeune Julienne se distingue par son intelligence et sa piété. Elle reçoit une formation poussée pour l’époque, en lisant les Pères de l’Église, notamment saint Augustin, et en développant une spiritualité centrée sur l’Eucharistie. Elle est admise au nombre des sœurs à l’âge de 14 ans.
Une vision insistante
Vers l’âge de 16 ans, Julienne reçoit une vision mystique qui va marquer sa vie : elle voit la lune, symbole de l’Église, entachée d’une bande noire. Longtemps, elle gardera cette vision secrète et restera sans en comprendre la signification. Celle-ci lui aurait été révélée plus tard par le Christ. Cette tache symbolise l’absence d’une fête solennelle en l’honneur du Saint-Sacrement.
La création de la Fête-Dieu
Julienne se met alors en marche pour organiser cette fête solennelle. La première personne qu’elle mettra dans la confidence et à qui elle demandera de l’aide est une recluse de Liège, Ève de Saint-Martin. Elle se tournera ensuite vers quelques théologiens et clercs de confiance. Parmi eux, un certain Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège, futur pape Urbain IV. Elle trouvera également un allié en la personne du prince-évêque de Liège, Robert de Thourotte, qui, convaincu par sa ferveur, célèbre pour la première fois la fête dans son diocèse en 1246.
Cependant, la résistance est forte. La bourgeoisie s'opposait à la fête, car cela signifiait un jour de jeûne en plus pour la population. Du côté des religieux, certains considéraient que cette fête ne méritait de telles dépenses. Cette opposition devint plus forte après la mort de son protecteur, l'évêque Robert de Thourotte ce qui obligea Julienne à quitter son couvent.
Une fin de vie en exil
Après avoir quitté Cornillon, Julienne vit en exil dans plusieurs abbayes cisterciennes de la région, poursuivant son œuvre dans l’ombre. Elle meurt en 1258 à Fosses-la-Ville. Elle ne verra donc pas, en 1264, l’institution de la Fête-Dieu par son ancien soutien Jacques Pantaléon, devenu le pape Urbain IV. Celui-ci officialise la Fête-Dieu pour l’Église universelle par la bulle Transiturus de hoc mundo deux mois avant de décéder.
