"Ils ont donné du fruit à raison de cent pour un" (Mt 13, 1-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,
et il était assis au bord de la mer.
  Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes
qu’il monta dans une barque où il s’assit ;
toute la foule se tenait sur le rivage.
  Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
« Voici que le semeur sortit pour semer.
  Comme il semait,
des grains sont tombés au bord du chemin,
et les oiseaux sont venus tout manger.
  D’autres sont tombés sur le sol pierreux,
où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;
ils ont levé aussitôt,
parce que la terre était peu profonde.
  Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé
et, faute de racines, ils ont séché.
  D’autres sont tombés dans les ronces ;
les ronces ont poussé et les ont étouffés.
  D’autres sont tombés dans la bonne terre,
et ils ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
  Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »

Source : AELF

Méditation Sœur Catherine de Coster 

Si le grain de blé qui tombe en terre meurt, il porte beaucoup fruit.

Pour qu’une graine germe et porte du fruit, elle doit rester enfouie dans la profondeur de la terre jusqu’à pourrir. 

La profondeur de la bonne terre et la putréfaction du grain ne symbolisent-ils pas la lente maturation du travail de la Parole de Dieu dans l’épaisseur des événements de notre vie ? Le temps de la patience, de l’attente, de la nuit où sans que nous sachions comment, la Parole, lue et méditée, nous transforme. 

Le bord du chemin, le sol pierreux et le roncier seraient alors la tentation qui nous guette tous, de nous fondre dans notre culture du déchet, comme la définissait le pape François, culture de la performance, de la rapidité, de l’efficacité, des résultats visibles et glorieux. Mais tout cela, nous le savons, est éphémère et ne grandit pas l’humanité. Or, le fruit de la semence du Royaume est que l’Humain devienne plus humain … Cela demande du temps, à contre-courant de notre monde pressé.

Et ce semeur anonyme qui est-il ? Nous pensons immédiatement au Seigneur qui sème la Parole du Royaume à tous vents, avec prodigalité. Mais, ne pourrait-il pas être aussi, ce semeur, chacun de nous et l’Eglise ? Car, ce que nous avons reçu gratuitement, Jésus nous invite à le donner gratuitement. Alors, ne guettons pas trop vite les fruits de ce que nous semons … La longue germination qui se fait dans la terre de l’autre et dans la terre de notre monde restera toujours un mystère auquel il nous faut consentir.

Entrons en patience … c’est à cela que nous sommes convoqués … qu’est convoquée notre Eglise aujourd’hui !