"Enlève d’abord la poutre de ton œil" (Mt 7, 1-5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne jugez pas,
pour ne pas être jugés ;
de la manière dont vous jugez,
vous serez jugés ;
de la mesure dont vous mesurez,
on vous mesurera.
Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ;
et la poutre qui est dans ton œil,
tu ne la remarques pas ?
Ou encore : Comment vas- tu dire à ton frère :
“Laisse- moi enlever la paille de ton œil”,
alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Source : AELF

Méditation  Monique Baujard 

L’histoire de la paille et de la poutre parait simple. Chacun peut admettre qu’il nous est plus facile de voir les défauts chez les autres, que d’avoir un regard critique sur soi-même. C’était vrai du temps de Jésus et il en va encore ainsi aujourd’hui. Mais il y a une autre précision dans le texte : « de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la manière dont vous mesurez, on vous mesurera ». C’est une parole d’une extraordinaire exigence car elle vise l’ensemble des relations qui tissent notre vie. Jésus ne dit pas qu’il faut tout accepter des autres et que nous ne pouvons pas porter de jugement sur des actes repréhensibles. Bien au contraire, si quelqu’un s’égare et commet une faute, il faut aller le voir et lui expliquer en quoi il a mal agi (cf. Mt 18,15). Mais une chose est de se situer en frère pour venir en aide à celui qui s’est mal comporté, autre chose est de s’ériger en juge et donc de se croire au-dessus de celui qui a commis une faute. Nous devons toujours nous rappeler que nous sommes aussi pécheurs et que nous avons tous besoin du pardon de Dieu. Que l’autre, même celui qui nous a fait le plus grand tort, reste un enfant de Dieu, aimé et pardonné par Lui. Ces quelques lignes d’Evangile définissent l’attitude chrétienne dans la vie : ne jamais juger ni désespérer de personne, toujours aller chercher le meilleur chez l’autre pour le tirer vers le haut et lui indiquer le chemin que Dieu lui ouvre ; ne jamais se croire supérieur aux autres, ni se laisser aller à ses mauvais penchants, mais faire l’effort de puiser dans son tréfond le meilleur de soi. Devant la profusion d’insultes, de lynchages médiatiques ou de jugements péremptoires qui polluent les échanges privés et publics, on aimerait rappeler ces paroles de Jésus : « de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ».