« Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient...» (Lc 18, 1-8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples une parabole
sur la nécessité pour eux
de toujours prier sans se décourager :
    « Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait pas Dieu
et ne respectait pas les hommes.
    Dans cette même ville,
il y avait une veuve qui venait lui demander :
“Rends-moi justice contre mon adversaire.”
    Longtemps il refusa ;
puis il se dit :
“Même si je ne crains pas Dieu
et ne respecte personne,
    comme cette veuve commence à m’ennuyer,
je vais lui rendre justice
pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »

    Le Seigneur ajouta :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
    Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ?
Les fait-il attendre ?
    Je vous le déclare :
bien vite, il leur fera justice.
Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Source : AELF

Méditation Père Sébastien Antoni 

Lorsque j’étais plus jeune, ma lecture en était simple, presque trop simple : la veuve, c’était moi ; le juge, c’était Dieu ; entre les deux, ma prière. Dieu, pensais-je, tardait à répondre, rechignait même un peu, alors je n’avais qu’à faire comme la veuve : insister, insister encore, jusqu’à ce qu’il finisse par céder et m’exaucer. Et si je n’étais pas exaucé, c’était bien de ma faute — je n’avais pas assez prié, pas assez « cassé les oreilles » de Dieu. L’histoire semblait réglée ainsi, d’un trait. Mais en grandissant, en voyant tant d’hommes et de femmes prier pour une guérison, un emploi, un espoir… et attendre, souvent longtemps, parfois sans voire la réponse venir, j’ai fini par me dire : ou bien Dieu est un monstre qui prend plaisir à se faire supplier comme un ogre insatiable, ou bien je me trompe, ou bien il faut creuser le sens même de la prière. Alors, j’ai repris l’Évangile. La clé de ce texte réside dans cette question finale de l’évangile : « Le Fils de l’homme trouvera-t-il la foi sur la terre ? » la pauvre veuve trouvera-t-elle une écoute un accueil ? la pauvre veuve… serait elle l’image de Dieu qui inlassablement frappe à ma porte moi le juge qui tarde a faire justice à ressembler à ce que Dieu veut pour moi ? tout s’inverse dans ce texte ! la veuve c’est Dieu qui ne se résout pas dans sa fragilité à attendre de moi que je lui ouvre, moi le juge inique sur de mes prérogatives et que bien trop souvent dieu vient déranger dans mes conforts… et pourtant tout ce joue ici. Dieu trouvera-t-il la foi dans ma vie lorsqu’il viendra ?