"Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; ..." (Lc 5, 33-39)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    les pharisiens et les scribes dirent à Jésus :
« Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent
et font des prières ;
de même ceux des pharisiens.
Au contraire, les tiens mangent et boivent ! »
    Jésus leur dit :
« Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce,
pendant que l’Époux est avec eux ?
    Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ;
alors, en ces jours-là, ils jeûneront. »

    Il leur dit aussi en parabole :
« Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf
pour le coudre sur un vieux vêtement.
Autrement, on aura déchiré le neuf,
et le morceau qui vient du neuf
ne s’accordera pas avec le vieux.
    Et personne ne met du vin nouveau
dans de vieilles outres ;
autrement, le vin nouveau fera éclater les outres,
il se répandra
et les outres seront perdues.
    Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.
    Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau.
Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »

Source : AELF

Méditation   Monique Baujard 

Les pharisiens et les scribes interpellent Jésus sur le comportement de ses disciples au regard des usages en vigueur pour le jeûne et la prière. Jésus va répondre avec des images pour leur reprocher d’abord de ne pas reconnaître sa véritable identité, puis de ne pas s’intéresser à la nouveauté de son message. Avec l’image de l’Epoux, qui est un vocable parfois utilisé pour Dieu dans l’Ancien Testament, Jésus renvoie indirectement à son identité de Fils de Dieu. Si les pharisiens et les scribes connaissaient sa vraie identité, ils ne poseraient pas de questions sur le respect du jeûne et de la prière. Ensuite, avec les images des vêtements et du vin, Jésus indique qu’il y a une incompatibilité entre le vieux et le neuf. Il conclut que celui qui a goûté le vin vieux ne désire pas le nouveau. Cette phrase un peu paradoxale peut étonner. Après tout, un vin qui a bien vieilli est souvent préférable à un vin nouveau. Mais Jésus semble avant tout pointer la résistance humaine à tout changement. Une attitude qui n’a pas vraiment changé en 2000 ans. Que ce soit le changement d’une loi civile (sur les retraites, sur la limitation de vitesse, etc.) ou le changement d’une pratique religieuse (la langue de la liturgie, la prédication par les femmes, etc.), les résistances sont toujours nombreuses. Jésus annonce une nouveauté radicale et indique que ceux qui se trouvent bien dans le système ancien, n’ont pas envie de goûter cette nouveauté. Un avertissement que nous avons à prendre à cœur ! Aujourd’hui encore, ce sont celles et ceux qui n’ont aucun bagage religieux, qui perçoivent souvent le mieux la radicale nouveauté de l’Evangile. Ils y entendent un son nouveau. Et nous avons besoin de leurs regards neufs pour que l’Evangile garde toute sa fraîcheur.