"Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite" (Jn 15, 9-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite. »

Source : AELF

Méditation Pasteure Héléna Vicario 

« Je vous ai dit cela dit Jésus pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». « Pour que votre joie soit parfaite ». Ce que certains vivront comme une espérance et un horizon libérateur, d’autres le vivront comme une injonction culpabilisatrice. 

Faut-il pour être croyant avoir toujours la joie au cœur comme dans la comptine enfantine, avoir toujours la pêche, ne peut-on pas avoir des moments de saturation, de tristesse, voir traverser une dépression qui nous plonge dans les ténèbres ? La foi serait-elle une assurance multi risque qui nous positionnerait toujours au top de nous-mêmes ? 

Je ne le crois pas. Jésus lui-même bien que demeurant toujours dans l’amour du Père lors de son ministère terrestre n’a pas été toujours joyeux loin s’en faut. Il a connu des moments de colère, de tristesse, de découragement. Il suffit de l’accompagner au mont des oliviers, dans les moments précédents son arrestation pour s’en rendre compte. 

Ce que Jésus nous annonce en nous parlant de joie n’est pas une vie douce et lisse comme un galet, qui n’aurait peut-être pas grand intérêt, mais le jaillissement de la joie au moment même où l’on ne s’y attend plus. 

Je pense à la prière de Jonas, Jonas ce prophète récalcitrant qui sera cité par Jésus dans un dialogue avec les pharisiens. Jonas prie au cœur de la tempête, dans le ventre du poisson qui l’a avalé. Ce n’est pas une prière de supplication, ou de repentance. 

C’est une prière d’action de grâce qui s’élève vers Dieu, le libérateur. Il est dans la pire situation qui soit mais il se sent libéré, porté par le Dieu qui veille sur lui. Cette expérience de la lumière au milieu des ténèbres, de la joie dans l’épreuve n’est pas automatique. Mais elle peut être donnée comme une grâce. C’est l’amour du Père et du Fils qui s’entrelacent pour nous procurer une expérience spirituelle décisive, celle de la joie comme une fulgurance, comme une lucarne ouverte sur l’éternité.