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Mgr Cador : l'itinéraire du nouvel évêque de Coutances de la Sarthe à Tokombéré

Mgr Cador : l'itinéraire du nouvel évêque de Coutances de la Sarthe à Tokombéré

Un article rédigé par Bénédicte Buisson - RCF Calvados-Manche, le 6 octobre 2023  -  Modifié le 12 octobre 2023
En chemin Mgr Grégoire Cador, de la Sarthe à Tokombéré

Sa naissance à Solesmes, son ordination dans la Sarthe et ses 25 ans passés au Cameroun, Mgr Grégoire Cador, nous partage son itinéraire à quelques jours de son ordination épiscopale dans la cathédrale de Coutances le 15 octobre 2023. Un itinéraire marqué notamment par deux figures spirituelles : le missionnaire aux pieds nus Baba Simon et le frère universel Saint Charles de Foucauld.

 

Mgr Grégoire Cador, nouvel évêque de Coutances ©RCF Manche Mgr Grégoire Cador, nouvel évêque de Coutances ©RCF Manche

L'histoire commence le 11 mars 1961. Grégoire Cador naît à Solesmes, « à l'ombre de l'abbaye bénédictine », comme il le dit si bien lui-même. Le séminariste, puis le prêtre, restera lié à la communauté des moines, il sera d’ailleurs accompagné par plusieurs d’entre eux lors des différentes étapes de sa vie. «  Je dois énormément à Solesmes et pas seulement à la communauté des moines mais aussi à celles des moniales, elles m’ont soutenu tout au long de ma vie, elles m’ont porté dans la prière ».

J’ai toujours eu ce désir en moi d’être prêtre


Dixième d’une famille de 11 enfants, Grégoire grandit dans un foyer très chrétien. Sa jeunesse fut aussi marquée par le scoutisme. Il a fait partie successivement des scouts de France puis d’Europe, avant d’être engagé chez les scouts unitaires de France. À 16 ans, Grégoire Cador arrête ses études pour rejoindre l’entreprise familiale d’alimentation du bétail. Il devient alors minotier itinérant et conduit l’usine mobile de ferme en ferme, sillonnant entre autres le Sud-Manche. En plus de lui avoir donné une expérience du travail, ces quatre années lui permirent d’entendre à nouveau l’appel au sacerdoce. « On rencontrait beaucoup de monde dans ce travail. Quand j’ai quitté l’école j’avais déjà cette idée d’être prêtre et c’est revenu très fort dans la rencontre avec ces paysans qui me disaient leur désolation de voir leur paroisse sans prêtre. »

Un coup de foudre pour le nord du Cameroun


À 19 ans, c’est à Mgr Alix, normand d’origine, qu’il présente sa demande de rentrer au séminaire. Le jeune candidat au sacerdoce est envoyé à Rome à l’université grégorienne. C’est pendant son séminaire qu’il va pour la première fois dans le Nord-Cameroun en y passant deux ans en coopération. Il découvre alors une toute jeune église. Les premiers missionnaires sont arrivés dans cette région en 1950 et le diocèse de Maroua-Mokolo a été fondé en 1978. Il revient de ses deux années de coopération, avec la ferme idée d’y repartir. Son évêque, prudent, lui demande de terminer son séminaire, puis de servir quatre années dans le diocèse du Mans pour avoir des racines spirituelles.

Dieu ne supporte pas de vous voir dans la misère


Quatre ans plus tard, son idée n’a pas changé. Il est alors envoyé en 92 comme prêtre fidei donum (prêtre diocésain envoyé en mission à l'étranger) toujours dans le Nord-Cameroun, à Tokombéré. Il apprend à annoncer l’évangile dans une région très pauvre. « La première mission de l’Église c’est d’annoncer la filiation divine de tout être humain. L’incarnation de Dieu dans l’humanité nous oblige à vivre dignement les uns avec les autres. » Là-bas les missionnaires étaient investis dans des projets d’école, d’hôpital, ou encore d'émancipation des femmes. Impossible de ne pas entendre parler de Simon Mpeke, plus connu sous le nom de Baba Simon, dont Grégoire Cador deviendra le postulateur de la cause en béatification.

Baba Simon, le missionnaire aux pieds nus

 

Simon Mpeke pourrait devenir le premier Camerounais à être béatifié puis canonisé. Profondément spirituel, Baba Simon passa une partir de sa vie dans le nord du pays à évangéliser des populations marquées par des religions traditionnelles et  l’influence des musulmans. Mort en 1975, il a été proclamé vénérable par le pape François en mai 2023. « Je voudrais que tous voient les hommes et Dieu comme Jésus les voit, Dieu comme un père, les hommes comme des frères », disait l’apôtre des Kirdis.

Grégoire Cador, a enquêté des années sur la figure de Baba Simon et lui a consacré deux ouvrages : L’héritage de Simon Mpeke, prêtre de Jésus et Frère Universel aux éditions Desclée de Brouwer et On l’appelait Baba Simon aux éditions PUCAC-Terre Africaine. « Au fur et à mesure de son chemin, il s’est laissé pénétrer par le regard du Christ qui transparaissait à travers son propre regard. Il portait sur les autres le même regard que celui du Christ avec cet à priori fraternel. Je viens te voir parce que tu es mon frère et non pour que tu le deviennes. Il a vécu comme saint François d’Assise une pauvreté radicale. À la fin de sa vie toute possession quelqu’elle soit l'encombrait. La place dans son cœur était pour Dieu et ses frères.»

 

Les dernières années de Grégoire Cador au Cameroun ont été vécues sous la période Boko Haram avec notamment des enlèvements qui mettaient la pression sur les ressortissants français. Le missionnaire resta encore trois ans dans le pays, préparé à y laisser sa vie. En raison de ce danger, son évêque camerounais lui demanda en 2016 de quitter le pays, un arrachement vécu douloureusement par Grégoire Cador. À son retour en France, il servit de nouveau le diocèse du Mans, notamment en étant vicaire général puis administrateur diocésain. Le 5 août 2023, il est nommé par le pape François, évêque de Coutances

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De Charles de Foucauld à Maximilien Kolbe


C’est Baba Simon, fondateur de Jésus Caritas au Cameroun, qui entraîna le Père Grégoire Cador vers cette fraternité sacerdotale tirée de l’esprit de Saint Charles de Foucauld. Mais d’autres figures spirituelles ont marqué Grégoire Cador. Il a découvert saint Maximilien Kolbe sur les routes de Pologne entraîné par Dominique Lebrun, actuel archevêque de Rouen, avec qui il était au séminaire à Rome et des mains duquel il sera ordonné le 15 octobre. Il est aussi marqué par saint Siméon-François Berneux, un Sarthois des missions étrangères mort martyr en Corée et béatifié pendant son séminaire. Ces figures de sainteté lui rappellent ce que veut dire « donner sa vie ». 


«  Pendant la période Boko Haram, on m’avait demandé "Est-ce que vous n’avez pas peur d’être obligé de donner votre vie". J’avais dit spontanément "ma vie est déjà donnée". Il n’y a rien à prendre. Après la manière dont ça va se passer, que ce soit le goutte à goutte ou la mort subite, c’est Dieu qui le sait. La question c’est comment rester dans cette dynamique du don ? Il y a une nouvelle étape qui s’ouvre pour moi, le bon Dieu attend que je sois fidèle au don que j’ai fait. »

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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