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RCF Bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini
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Bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 8 juin 2022  -  Modifié le 8 juin 2022

Evêque infatigable, il a voulu accompagner les italiens qui migraient pour échapper à la pauvreté.

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Histoire

 

Jean Baptiste (Giovanni Battista) Scalabrini naît en 1839 au petit village de Fino Mornasco dans la province de Côme en Lombardie (Italie). A 23 ans, en 1863, il est ordonné prêtre.

De 1870 à 1875, il est curé de San Bartolomeo (Saint Barthélemy) à Côme. Son activité est déjà impressionnante : Il crée un Jardin d'enfants ; il écrit un "Petit Catéchisme" ; il monte un patronage pour les jeunes ; il s'occupe des sourds-muets ; il fonde une "Société de Secours Mutuel" pour lutter contre le chômage qui sévit dans la région.

 

Le pape le nomme évêque de Piacenza (Plaisance) en 1875

 

 L'activité pastorale de Mgr Scalabrini s’enracine dans sa vie spirituelle intense. Il répète souvent : « Si seulement je pouvais me sanctifier et sanctifier toutes les âmes qui me sont confiées ! »
Pour la population, relativement nombreuse de son diocèse, il n'y a pas assez de travail. Beaucoup sont des migrants saisonniers qui chaque année se rendent dans les provinces du Piémont et de la Lombardie pour le nettoyage du riz. D'autres enfin émigrent à l'étranger. Dans son diocèse, d'après ses propres constations, il relève 11% d'émigration. Les trente années de son épiscopat coïncident avec la plus forte émigration italienne : 8 millions ! En général, ce sont les plus pauvres qui partent. Pour comble de malheur, ils sont exploités par une nuée d'agents sans scrupules qui s'offrent pour organiser le voyage et que Mgr Scalabrini stigmatise comme des "maquignons de chair humaine". Il parle aussi de "traite des blancs". Vous voyez qu’ici aussi, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Mgr Scalabrini constate que beaucoup de migrants perdent leur foi en même temps que leur langue et leur culture faute d’accompagnement. C'est pourquoi il fonde en 1887 la "Congrégation des Missionnaires de Saint Charles". C'est encore lui qui, en 1889, persuade sainte Françoise Cabrini  d'envoyer ses religieuses parmi les Italiens des Etats-Unis, laquelle sera déclarée "Patronne des émigrants" par Pie XI.


En 1901, il fait une visite aux Etats-Unis 

Il rencontre le président Théodore Roosevelt. En 1904, malgré son âge (62 ans) et son état maladif, il entreprend, sur le conseil de Pie X, un voyage au Brésil, voyage fatigant mais triomphal (40.000 confirmations). Le Pape, qui l'avait embrassé au départ, lui envoie une médaille d'or à son retour et lui demande de venir lui raconter son voyage, mais le pauvre évêque n'en peut plus et il doit rester sur place. Atteint depuis longtemps d'un mal contracté lors d'une visite pastorale, il doit subir une intervention chirurgicale. Il passe la nuit qui précède en prière. Après l'opération la santé ne revient pas. Il sent la mort approcher et demande l'Extrême Onction. Dans le délire de l'agonie, il répète : « Et mes prêtres ? Où sont-ils mes prêtres ? Laissez-les entrer. » Le jour de sa mort, ou plutôt de sa naissance au ciel est celui de la Fête de l'Ascension : 1er juin 1905. On l'enterre dans la cathédrale romane de Plaisance qu'il avait fait restaurer.


Son procès de béatification nous vaudra le témoignage d'un futur pape. En effet, le 9 juillet 1955, le patriarche de Venise Mgr Roncalli, le futur Jean XXIII  écrit à Pie XII :

 

 Saint Père, j'ai eu la chance de voir de mes yeux et d'écouter de mes oreilles la parole de ce vénérable évêque. De ces très brèves rencontres, je me fis de Mgr Scalabrini une haute et claire idée: c'était un évêque très pieux, érudit, zélé et généreux dans le service de Dieu et des âmes.


Il a été béatifié le 9 novembre 1997 par Jean-Paul II.


En cette année 2022, nous célébrons le 25ème anniversaire de la béatification de Mgr Scalabrini, le père des migrants


Ce titre de « père des migrants » montre combien l’émigration a été et reste un terrible problème social. À l’époque de Mgr Scalabrini, l’émigration partait d’Italie pour aller vers les Amériques : Etats-Unis, Brésil, Argentine. Des millions de personnes ont quitté l’Italie. Pour ne prendre que l’exemple de l’Argentine, environ la moitié de la population du pays est d’origine italienne, soit 15 à 20 millions de personnes. Cette proportion est encore plus grande dans la capitale Buenos Aires. N’oublions pas que le pape Begoglio est d’origine italienne. Ses grands-parents ont émigré à l’époque de Mgr Scalabrini.
Qu’a fait Mgr Scalabrini ? Il a fondé une congrégation de prêtres et une de sœurs qui partaient avec les migrants et s’installaient avec eux dans les pays d’accueil. Ils fondaient des paroisses italiennes pour accueillir les émigrés, les former, leur donner l’occasion de persévérer dans la pratique de leur foi dans leur langue. Ces paroisses existent toujours aujourd’hui. J’ai eu l’occasion de visiter les paroisses de Buenos Aires et de Santiago du Chili.
Aujourd’hui, l’émigration a changé de sens. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui arrivent en Italie en traversant la Méditerranée au péril de leur vie. Elles sont aussi exploitées par des passeurs que Saclabrini appelait « maquignons de chair humaine ». C’est toujours la même détresse, le même déracinement.
Les successeurs de Mgr Scalabrini s’occupent maintenant d’aider tous les migrants. Ils ne se focalisent plus sur les italiens comme lors de leur fondation. Ils se mettent au service des migrants qui, partout dans le monde, sont exploités. Ils travaillent pour que leurs droits soient reconnus.
À travers le témoignage de Mgr Scalabrini, Dieu montre sa sollicitude pour les migrants. Dieu est proche des pauvres. Mgr Scalabrini est devenu un saint en s’occupant des migrants, en étant leur père, en manifestant pour eux l’amour de Dieu. Nous avons besoin aujourd’hui de nouveaux Scalabrini pour s’occuper de toutes ces personnes qui sont exploitées, reléguées dans des camps de fortune, utilisées à des fins politiques et qui finissent comme travailleurs sans papier. Que ferait Mgr Scalabrini aujourd’hui ? Et nous, que faisons-nous ?
 

La canonisation de Mgr Scalabrini


C’est le 21 mai dernier que le pape François a accepté la proposition de la Congrégation pour les causes des saints de canoniser Mgr Scalabrini de manière exceptionnelle, c’est-à-dire sans la reconnaissance d’un deuxième miracle. Jusqu’à présent, seul le pape Jean XXIII a été canonisé ainsi.
Pour les puristes, il ne s’agit pas d’une canonisation équipollente, c’est-à-dire une sorte de régularisation qui fait passer un bienheureux déclaré tel depuis longtemps au stade de saint par un simple décret du pape.
Ici, ce sera une vraie canonisation, célébrée par le pape sur la place saint Pierre.
Pourquoi cette exception ? La presse ne le dit pas. Pour ma part, je pense que c’est pour souligner l’actualité du message de Mgr Scalabrini, le père des migrants. Au, plus que jamais, les migrants ont besoin d’un père pour les protéger, et c’est probablement ce que notre saint Père désire mettre en évidence en canonisant le père des migrants.
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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