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RCF Bienheureux Giuseppe Ambrosoli
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Bienheureux Giuseppe Ambrosoli

Un article rédigé par Jean Luc Moens - 1RCF Belgique, le 15 mai 2024  -  Modifié le 15 mai 2024

En Ouganda, on l'appelait le médecin de la charité ou encore le grand docteur.

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Vous savez que j’aime souligner que les saints forment des grappes. J’ai entendu dernièrement un prêtre dire cela de manière très élégante et vraie : « Sur l’arbre de vie, les saints poussent par grappe », a-t-il dit. Génial ! Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire d’un bienheureux qui a poussé sur l’arbre de la sainteté dans la grappe de saint Daniel Comboni dont je vous ai déjà parlé. Il s’agit d’un bienheureux récent, mort en 1987 en Ouganda et béatifié par le pape François en novembre 2022 : le père Giuseppe Ambrosoli, prêtre missionnaire combonien, qu’on a surnommé « le médecin de la charité ». Il est fêté le 27 mars.

 

La vie du saint

 

Enfance marquée par la guerre

Giuseppe Ambrosoli est né le 25 juillet 1923 à Ronago, dans le diocèse de Côme au Nord de l’Italie. Il est septième des 8 enfants de Jean-Baptiste Ambrosoli et Palmira Valli. À 18 mois, il tombe malade et sa maman supplie Thérèse de Lisieux d’intercéder pour sa guérison. L’enfant guérit, mais il reste de santé fragile.

Pendant son adolescence, il a certaines difficultés dans ses études, mais il finit par obtenir, en 1942, le diplôme lui ouvrant les portes de l’université. Il peut y entrer immédiatement car il est dispensé de service militaire grâce au fait que deux de ses frères servent déjà sous le drapeau. Giuseppe entreprend alors des études de médecine à l’université de Milan et il s’engage aussi dans l’Action Catholique. 


La guerre interrompt ses études. En fait, Giuseppe aide des juifs à quitter l’Italie pour la Suisse car la maison familiale est à une centaine de mètres de la frontière. Mais il est découvert et envoyé dans un camp de travail en Allemagne.


De retour en Italie, il peut reprendre ses études à la moitié de 1946

Entre temps, il s’est engagé dans le cénacle du père Silvio Riva qui a l’habitude de dire : « Pour être apôtre, il faut d’abord être saint. » De son groupe, 22 jeunes entrent au séminaire ou dans une congrégation religieuse entre 1948 et 1950.


Giuseppe aussi se sent appelé. Il termine ses études de médecine en juillet 1948. Il dit à ses parents :

Dieu est amour, et moi, je suis son serviteur pour celui qui souffre.


En 1949, il se présente à Reggio chez les prêtres comboniens qu’il a rencontrés à Côme

Il choisit cette congrégation car elle lui donne la certitude de partir en Afrique. Je vous rappelle que Daniele Comboni avait faire ce vœu spécial de consacrer toute son existence à l’apostolat en Afrique centrale. Giuseppe part ensuite à Londres pour étudier la médecine tropicale. Il entre au noviciat en octobre 1951, fait sa profession religieuse en septembre 1953.


Comme les Comboniens ont besoin d’un missionnaire pour la mission de Kalongo en Ouganda parce que le père prévu ne peut plus partir, il est décidé d’avancer d’un an l’ordination sacerdotale de Giuseppe : c’est le cardinal Giovanni Battista Montini, le futur saint Paul VI, archevêque de Milan qui préside la cérémonie le 17 décembre 1955. Un petit détail qui en dit long. Dans le rite d’ordination, le futur prêtre se couche, la tête vers le sol. À cette occasion, les personnes présentes ont pu voir que les semelles de Giuseppe : elles étaient trouées… !

 

Départ pour l'Ouganda

Immédiatement après son ordination, en février 1956, le père Ambrosoli part pour l’Ouganda. Il est envoyé dans un dispensaire ouvert à Kalongo par les comboniens en 1943 et qui s’est agrandi d’une petite maternité en 1954.


Quand il arrive dans ce coin parmi les plus pauvres d’Afrique, le père Ambrosoli réalise vite que le dispensaire et la maternité sont trop petits pour donner des soins à toutes les personnes qui viennent pour se faire soigner ou pour accoucher.

Il faut construire un véritable hôpital. Il s’y attèle et à la fin de l’année 1959, Kalongo est le plus grand hôpital du Nord de l’Ouganda, avec aussi une école de formation en obstétrique, la « St. Mary Midwifery training school » car il veut diminuer le nombre des femmes qui meurent en couche. Il ne tarde pas à s’occuper également des lépreux en les opérant pour les aider à retrouver une vie plus digne. Sa réputation est telle qu’en 1972, l'administration sanitaire de l'Ouganda lui confie le service national de « contrôle de la lèpre », un service auquel sont inscrits quelque huit mille lépreux de cinq régions.

Le docteur Ambrosoli est très aimé des peuples Acholi et Karimojong qui forment la majorité des patients de l’hôpital. Les gens se mettent à l’appeler “Ajwaka Madit” (le grand docteur) ou “Doctor Ladit” (le grand médecin). Sa notoriété grandit. Même le sanguinaire dictateur Idi Amin Dada vient à Kalongo et offre une ambulance à l’hôpital. Mais tout cela n’altère pas sa grande humilité. Lorsqu’il reçoit une distinction, il dit en être indigne.


Des volontaires viennent renforcer le personnel de Kalongo. Quand on demande au père Ambrosoli quelles sont les qualités qu’ils doivent avoir, il répond : 

Une volonté déterminée de travailler à l'expansion du royaume de Dieu, en ne cherchant que lui seul et sur la croix ; un esprit de sacrifice ; une bonne préparation technique.

 

C’est d’ailleurs ce qu’il demande aussi à tous ceux qui travaillent avec lui et à lui-même. Il ne s’épargne pas, malgré une néphrite qui le handicape. Il a un seul rein fonctionnel. Ce sera finalement la cause de sa mort, comme le raconte sa nièce Giovanna. Je cite : 
« En 1987, pendant la guerre civile, les troupes gouvernementales l'ont accusé d'aider et de protéger les rebelles et lui ont ordonné d'évacuer dans les 24 heures l'hôpital où les mères se cachaient la nuit pour que les guérilleros, qui avaient besoin de nouvelles recrues pour s'enrôler, ne leur enlèvent pas leurs enfants. »

Le père Giuseppe obéit et se réfugie à Lira, à 124 kilomètres au sud de Kalongo. Il est accompagné de mille cinq cents personnes, dont des patients, des religieux et des civils, dont il n’a pas voulu ses séparer.

Sa nièce continue : « À ce moment-là, ses supérieurs lui ont ordonné de retourner immédiatement en Italie pour se faire soigner. Il a retardé son départ pour sécuriser l'école et trouver un abri pour les sages-femmes dans un endroit protégé, à Angal. Cela lui a été fatal. Lorsque l'hélicoptère est arrivé pour l'emmener à l'hôpital de Gulu pour une dialyse, il était mort depuis cinq minutes. » C’était le 27 mars 1987.


Le docteur Giuseppe Ambrosoli a donné sa vie pour ceux qu’il voulait protéger

Il a été béatifié en novembre 2022 par le pape François. Voici comment le père Mario Marchetti, qui a pris l'initiative de lancer cette cause de béatification et qui a bien connu le nouveau bienheureux a décrit sa sainteté :
« Je suis convaincu que le Père Ambrosoli est un bon exemple à proposer à notre chrétienté ici en Ouganda et dans toute l'Église. Un exemple de fidélité et d'amour à sa vocation et d'engagement sérieux dans sa profession. Il combine une vie professionnelle irréprochable, mise héroïquement au service de la mission, avec une simplicité et une humilité extraordinaires. Cet exemple convient également au renouvellement des instituts de vie active et à la promotion des vocations, et sera en général un modèle actuel et un stimulant pour les médecins et le personnel soignant. »

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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