Uniforme et rentrée scolaire : la chronique de Pascal Trunck, pasteur du Temple Neuf à Metz
Toutes les deux semaines, Pascal Trunck, pasteur du Temple Neuf à Metz, nous propose un regard sur l'actualité. En cette rentrée scolaire 2024, il revenait sur l'expérimentation de la tenue unique dans 3 villes mosellanes : Metz, Florange et Bouzonville. Et de se poser la question de l'uniformité dans l'éducation...
Amies auditrices, amis auditeurs,
Nous lançons ce matin, une nouvelle formule et en ce jour d'inauguration, il y a nécessairement un peu de stress.
Le sujet tourne autour de la question de l'uniforme à l'école.
Sujet intéressant car certainement significatif d'un certain nombre d'attitudes qui nous caractérisent sur un plan collectif.
L'uniforme, sujet que je connais pour l'avoir porté durant l'essentiel de ma vie professionnelle et pastorale. 27 ans sous l'uniforme de nos armées. L'école, sujet dont j'ignore les secrets et les difficultés particulières. Je dispose des informations des citoyens ordinaires et je ne suis au courant d'aucun « ont dit » qui masque les décisions et qui anime les débats.
Alors l'uniforme. En premier lieu, il est une tenue de protection. Il indique un signe d'appartenance, donne des indications sur le groupe social d'appartenance et permet de savoir que la personne est en fonction. Autrement dit, l'acteur qui le porte est au travail. Cela vaut pour le militaire, pour le policier, pour l'ouvrier, le célèbre col bleu, en bleu de travail, pour le cadre en col blanc et en contact avec la clientèle, pour le pasteur ou le prêtre durant le culte… Le médecin et l'infirmier à l'hôpital ainsi que l'ensemble du personnel. Il possède donc un aspect pratique, il est porté par des adultes formés, il est souvent un symbole de fierté et d'identité… Il possède de nombreux aspects positifs, à condition de ne pas être contraignant à l'absurde, de ne pas être porté durant l'ensemble de la journée et durant toute l'existence ainsi que d'être disponible en quantité suffisante et de qualité satisfaisante.
L'école, elle n'a jamais eu vraiment d'objectifs uniques dans la durée. Il fallait d'abord former les garçons pour une industrie et une agriculture en pleines mutations. Il fallait combattre l'emprise de l'église catholique essentiellement. Il fallait former des citoyens pour défendre la patrie…
En ce qui concerne les filles, il était nécessaire à un moment de permettre à des cadres d'avoir des épouses cultivées, il n'était pas toujours si évident que cela qu'il faille pour autant leur permettre une totale émancipation et leur donner l'accès à tous les métiers…
Et puis l'école, c'est pour les enfants, les adolescents… La formation des adultes c'est encore autre chose. Il existe la formation continue ainsi que l'université certainement pour les jeunes adultes. Être enfant. Reviens a avoir les adultes qui décident pour soi. C'est à la fois indispensable et révoltant à l'adolescence par exemple. Qui décide en ce qui concerne les affaires scolaires ? Les parents bien étendus, les enseignants heureusement, les élus obligatoirement, puisque nous sommes par en République. Souvent, les parents projettent sur leurs enfants, leurs désirs et leurs espérances. Ils transmettent une culture spécifique et inscrivent leurs enfants dans une histoire. Le rôle de l'école consiste également à permettre l'émancipation des jeunes et un apprentissage de la liberté ainsi que de la responsabilité qui les émancipent des familles.
Les enseignants transmettent un savoir, éduquent, font de la discipline, sont parfois contesté par les parents, par les religions, par des attentes sociales –former des personnes adaptées à entrer dans la vie professionnelle immédiatement– … Ils ont aussi des intérêts catégoriels à défendre.
Les élus organisent selon leur niveau de responsabilité la vie de la nation. Ils entendent les aspirations des électeurs et des groupes sociaux, ils veulent être réélus et accéder au pouvoir.
Alors l'uniforme à l'école ? Pour être très caricatural, devant les problèmes où aucun consensus ne se dessine et aucune vision claire de l'avenir n'apparaît, il est une solution qui permet de réaliser une action sans grand intérêt, mais qui donne l'impression de traiter un problème. Faut-il être pour ou contre l’uniforme à l’école? Cela n'a pas grand importance. Il ne traite aucun problème et ne propose aucun avenir.
Pascal TRUNCK
Pasteur de l’Eglise Réformée du Temple-Neuf, Metz
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