Aurélie Vallon est maman d'un petit garçon né polyhandicapé. Pour Histoires de Familles, elle a accepté de raconter son parcours et sa rencontre avec son fils Théodore.
Isabelle Henrot se tient aux côtés d’Aurélie Vallon pendant notre entretien. En effet, la présidente de l’association Familya Nancy a rencontré la jeune maman à l’occasion d’un concert pour l’association, à l’église Saint Léon. Cette rencontre a été bouleversante pour Isabelle Henrot, qui a tenu à ce que la merveilleuse histoire d’Aurélie Vallon et de Théodore puisse toucher le cœur des auditeurs. Le petit Théodore abrite courageusement en lui le syndrome de Cornelia de Lange : “C’est un symptôme quand même assez lourd”, assure sa mère. Ce syndrome rare se devine par l’une des caractéristiques de Théodore : il n’a qu’un seul doigt par main. Si cette originalité physique distingue ce jeune enfant des autres, il sait aussi se faire apprécier par son caractère espiègle, joyeux et très spontané : “Il ne laisse personne indifférent”, affirme Aurélie Vallon en souriant.
En tant que mère d’un enfant polyhandicapé, Aurélie Vallon constate que son entourage la couve avec des regards dont l’excès de compassion peut maladroitement ressembler à de la pitié. Une pitié que la jeune maman ne comprend pas puisque selon elle, Théodore a donné un véritable sens à sa vie : “Moi je vis bien, je suis heureuse”, affirme-t-elle comblée. Par ailleurs, la foi qui l’accompagne quotidiennement contribue aussi à son épanouissement en tant que mère, en tant que femme et en tant que catholique pratiquante. Sa foi lui a permis d’avancer vers un chemin qui a du sens et qui lui offre le sourire qu’elle arbore chaque jour en regardant son fils dont les singularités l’émerveillent à chaque instant.
Le jour de sa deuxième échographie, la spécialiste apprend à Aurélie Vallon que son enfant est porteur de plusieurs handicaps, notamment par l’absence de doigts. Malgré cette nouvelle bouleversante, sa première réaction a été de dire avec assurance : “Je l’aimerai comme il est”. Quand elle y repense, Aurélie Vallon explique qu’il s’agissait d’un “cri du cœur”. Si l’amour débordant de cette future maman pour son enfant - encore logé dans son ventre - n’était pas à remettre en question, Aurélie Vallon s’est tout de même interrogée : Sera-t-elle capable d’offrir une belle vie à cet enfant malgré son syndrome douloureux ? Aurélie en avait conscience, deux choix s’offraient à elle : garder l’enfant ou procéder à l’avortement. Dans un moment de prière, elle s’est souvenue d’un moment frappant voire traumatisant dans sa carrière de dentiste : elle a déjà vu un de ses jeunes patients atteint du syndrome de Cornelia de Lange. Ce souvenir la peine encore : “C’était le pire cas de handicap que j’avais jamais vu de ma vie”, témoigne-t-elle. Elle se souvient que l’enfant était en camisole de force et qu’il était entouré d’un personnel qu’elle a jugé “plutôt maltraitants”. En se remémorant ce triste jour, elle trouvait impensable de garder l’enfant. Malgré tout, elle s’imaginait encore moins recourir à l’avortement : “Peut-être que c’est lâche, mais je vais choisir d’accompagner cet enfant dans ses pires souffrances tout en lui tenant la main”, explique-t-elle émue. Elle a ainsi fait le choix de garder Théodore, avec l’approbation du père qui “a été un vrai soutien pendant la grossesse”.
Aurélie Vallon a longtemps pensé à l’arrivée de Théodore. Les deux parents ont décidé de suivre un circuit palliatif pour ne pas que l’enfant se retrouve en couveuse et qu’il puisse vivre ses premiers instants entièrement avec ses parents. Ces derniers avaient malheureusement conscience que l’enfant pouvait mourir à tout instant à cause de son polyhandicap qui laissait planer un doute douloureux concernant son espérance de vie. Pourtant, Aurélie pensait que, même si Théodore n’avait vécu que quelques heures ou quelques jours, le plus important était qu’il passe toute sa vie entouré et aimé de ses parents. De plus, sa foi l’apaisait, elle se disait que si Théodore ne parvenait pas à vivre plus de quelques jours, c’est que Dieu considérait que la souffrance amenée par son polyhandicap lui serait insurmontable. Mais heureusement, Théodore a maintenant 4 ans et il est animé par la joie. Chaque nouvelle chose qu’il apprend est un émerveillement pour Aurélie Vallon qui ne peut cacher la fierté qu’elle ressent pour son fils : “Chaque jour est un miracle”, dit-elle épanouie. Si le syndrome de Cornelia de Lange peut être douloureux, Théodore ne semble pas en souffrir. Quotidiennement, Aurélie respecte sa promesse de tenir la main de cet enfant et de l’accompagner en le préservant psychologiquement : elle ne le laisse pas pleurer et souhaite à tout prix empêcher les angoisses d’abandon et les frustrations que pourrait ressentir Théodore. Alors comme elle l’a toujours fait, Aurélie Vallon continue de sourire à la vie tout en tenant fièrement la main de son fils dont les singularités l'émerveilleront toujours.
Quelles sont les joies et les difficultés des familles d'aujourd'hui ? Quelles réponses apporter aux situations vécues et comment ne laisser personne de côté ? En partant de situations concrètes, nos invités apportent leur témoignage personnel et éclairent de nouveaux chemins.
Une émission proposée en partenariat avec la Maison Familya de Nancy, la Pastorale des familles de Nancy et la Pastorale des familles de Metz.
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