Édito de Nathalie Leenhardt - ChatGPT et la course à l'intelligence artificielle

RCF, le 15 février 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Nathalie Leenhardt - ChatGPT et la course à l'intelligence artificielle

J'ai reçu hier un drôle de message pour la Saint-Valentin, envoyé par une société qui vend du matériel informatique reconfiguré. Dans un souci environnemental, je n’achète plus de neuf... Je reçois donc un message écrit par ce fameux ChatGPT.

Nathalie Leenhardt ©DRNathalie Leenhardt ©DR

Et comme dans un exercice demandé aux élèves, avec des recommandations précises, le texte relève de la "déclaration d’amour aux clients", puis est réécrit dans une deuxième version avec, je cite, "plus de passion ou de poésie" puis, nouvelle option, "dans un style plus moderne". Ces trois textes auraient pu être rédigés par mon voisin ou par une collégienne un peu appliquée. Nous y sommes : l’ordinateur a élaboré un texte à partir d’indications données par l’utilisateur.

 

Depuis quelques semaines, les articles de presse flambaient sur ce ChatGPT sorti des limbes en novembre 2022. "Chat", en anglais, signifie "conversation". Et je vous fais grâce de la traduction de l’acronyme GPT. De quoi s’agit-il en fait ? D’une nouvelle utilisation de l’intelligence artificielle qui produit du texte en fonction de données d’entrée. Et évidemment, je suis effrayée. Peut-être parce que je ne suis pas suffisamment geek pour mesurer l’intérêt de cette découverte et que je suis toujours méfiante, en bonne élève de Jacques Ellul, des dérives de la technique.

 

 

→ À LIRE : Numérique : danger pour la vie intérieure ?

 

 

Cet intellectuel protestant disait que la technique n’est jamais neutre et qu’elle n’est pas juste au service de l’humain, qui en ferait délibérément du pire ou du meilleur. Le PDG d’Open AI, à l’origine du ChatGPT, Sam Chapman, a de quoi inquiéter quand il affirme vouloir résoudre tous les problèmes de l’humanité, du changement climatique aux épidémies en passant par les inégalités. Pas moins. Quant à Elon Musk, le cofondateur d’Open AI, il juge ChatGPT "scary good", soit "effrayamment bon". C’est dire.

 

Si beaucoup rigolent aujourd’hui, séduits par la prouesse, qu’en sera-t-il demain de l’apprentissage des jeunes, avec à disposition cet outil pour tricher ? Des enseignants qui se sont plongés dans ChatGPT en sont sortis fascinés et… paniqués. Et pourquoi engager des diplômés si un robot conversationnel peut tout aussi bien mettre en forme un projet ? D’autant que le robot lui ne réclame ni augmentation ni jours de télétravail. La boîte de Pandore est ouverte.

 

ChatGPT est une étape de plus dans la course à l’intelligence artificielle, sans aucun garde-fous que le jugement de ces visionnaires qui se prennent pour Dieu. Ne laissons pas l'histoire se répéter indéfiniment, quand elle tente de réguler sur le plan éthique les conséquences des découvertes scientifiques, quand il est déjà trop tard…

 

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