De la Sierra Leone à Vichy, Sophie Bangoura, destin d’une réfugiée qui a trouvé refuge dans le football
Sophie Bangoura a fui son pays natal, la Sierra Leone, pour venir s’installer à Vichy avec sa mère. Dans son village de Makali, les femmes sont menacées d’excision. Désormais adolescente en France, la jeune femme peut vivre pleinement son rêve : jouer au football.
Sophie BangouraLe foot était pendant des années la passion cachée de Sophie. À Makali, petite ville située au centre de la Sierra Leone, il est interdit aux femmes de faire du sport. Lorsqu’elle se faisait surprendre avec ses frères en train de jouer, sa tante la battait. “ Les femmes dans le village disaient que le foot ce n’est pas pour les filles, pour nous c’est la cuisine. Mais moi j’aime pas la cuisine ! ”, plaisante l’adolescente de 17 ans, habillée de son large sourire qui la décrit parfaitement.
Mais si Sophie et sa mère ont fui il y a environ sept ans, c’est en raison du sort réservé aux femmes dans sa province du Sierra Leone. En cause, la société Sande aussi appelée Bundo qui initie les jeunes filles à l’âge adulte par des rituels incluant des mutilations féminines comme l’excision. “ Ils n’utilisent qu’un seul rasoir pour toutes les filles. C’est dangereux car on peut avoir des maladies infectieuses. La grande sœur de ma mère en est morte “, confie Sophie.
Avec l’aide d’une amie, les deux femmes sont parties dans la nuit pour la capitale Freetown. Ensuite, elles ont décollé pour la Russie. Mais avec des conditions de vie toujours précaires là-bas, elles ont décidé de se réfugier en France pour demander l’asile. Sophie et sa mère sont arrivées à Saint-Etienne, puis à Clermont-Ferrand avant d’être envoyées au foyer de Vichy qui abrite une petite communauté sierra léonaise. Cela fait six ans que la famille habite le Bourbonnais, lieu qui permet à Sophie d’avancer vers son plus grand rêve : devenir footballeuse professionnelle.
L’amour du ballon rond comme motivation
Sophie joue en U18 et en senior au RC Vichy. À raison de trois entraînements par semaine et d’un match le week-end, son quotidien est rythmé par sa passion du foot. En parallèle, elle suit un CAP petite enfance au lycée Valéry Larbaud pour devenir aide soignante. Au Sierra Leone, l’accès à l’éducation était également une grosse difficulté pour Sophie, et même en classe, les conditions d’apprentissage étaient difficiles : “ Il faut payer et je n’avais pas l’argent. J’allais vendre de l’eau pour avoir les moyens d’aller à l’école”. De plus, pour apprendre, les professeurs frappent parfois les élèves, ajoute la jeune fille.
En France, Sophie a découvert que les femmes avaient le droit de jouer au foot. D’un ton amusé, la Vichyssoise explique ces débuts tumultueux lors de son arrivée sur les terrains de Bellerive-sur-Allier : “ C’était drôle car je ne connaissais pas les règles. Je faisais des fautes, j’étais toujours hors-jeu, j’ai blessé des gardiens “. Désormais pleine d’assurance, la joueuse compte continuer de progresser dans son sport pour atteindre le haut niveau. “ Je vais demander la nationalité française car j’ai envie de jouer pour l’équipe de France “, clame la buteuse. De Makali à Vichy, Sophie Bangoura incarne la preuve qu’aucune frontière ne peut arrêter un rêve.
