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Un ingénieur au service d'une association

Un ingénieur au service d'une association

Un article rédigé par Florence SALOU - le 19 juin 2025 - Modifié le 19 juin 2025
Parcours OrientationLa solidarité vue par un ingénieur agricole : Christophe LENFANT

Dans l'émission précédente, nous avons découvert le parcours de notre invité ingénieur agronome, Mr Christophe LENFANT. Directeur du conseil scientifique de l'association Volubilis, il met aujourd'hui ses compétences d'ingénieur et son expérience d'enseignant, formateur, responsable associatif au service d'un projet à la croisée de différents métiers liés à l'environnement et au milieu de vie. 

Christophe l'affirme, il faut saisir les opportunités comme autant d'expériences enrichissantes et occasions de rencontres ou de partenariats.

préserver la Terre, image issue de freepickpréserver la Terre, image issue de freepick

Après le soin des interactions naturelles, le soin des liens sociaux

Son poste de directeur du Secours Catholique de Marseille, loin de son expérience de recherche en agrobiologie, n'est pas tant éloignée de ses convictions écologiques qu'il n'y paraît. Si le Larousse définit l'écologie comme une « Science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants », elle n'est pas qu’une vision protectrice de la nature, elle est également une volonté de protéger le vivant fragile, végétal comme humain. Ses années de travail auprès des plus précaires, en coordination avec Médecins sans Frontière et Médecins du monde, s’inscrivirent, elles aussi, dans une vision globale des liens sociaux, de la dignité, du respect de la vie. 

C’est dans cette perspective d’un monde où tout est lié - dans le milieu végétal, comme animal ou social, et entre ces trois milieux - que notre invité travaille aujourd’hui pour une association transdisciplinaire qui s’attache à observer les habitudes comme les innovations pour réfléchir à de nouveaux milieux de vie urbains plus respectueux. 

 

image issue de freepick

Lier le vivant, la ville et le paysage

Volubilis est une association avignonnaise créée en 1998 par un concepteur paysagiste comme un réseau euro-méditerranéen pour la ville et les paysages. Cette association rassemblait alors trois professions intervenant dans la conception de nos milieux de vie. Urbanistes, architectes et paysagistes mobilisés habituellement sur des projets d’aménagements manquaient d’un espace de réflexion collaborative autour de la question des économies de ressources. Aujourd’hui, 30 bénévoles, architectes, paysagistes ou ingénieurs, agriculteurs, entrepreneurs, acteurs associatifs, agents de collectivités ou d’institutions publiques, artistes, sculpteurs, photographes ou plasticiens, enseignants, chercheurs, élus ou citoyens, etc., et 3 salariés se réunissent régulièrement autour de projets de recherche et de vulgarisation.

A l’heure où les constructions s’étendent toujours plus sur les espaces naturels, où la démultiplication des équipements individuels pèse sur la consommation des énergies, où le réchauffement climatique annonce des hausses de températures particulièrement notables dans les espaces urbains bétonnisés, où la gestion de l’eau potable devient un enjeu vital, où l’augmentation perpétuelle de la démographie questionne l’utilisation de nos ressources, les professionnels investis dans l’association proposent de nouvelles pratiques de construction, d'aménagement, de vie quotidienne. Le Conseil Scientifique de l’association regroupant une quarantaine de membres s'appuie sur les recherches scientifiques actuelles, sur des expérimentations de professionnels curieux et sur leur recherches  propres exploration historique des pratiques disparues. Leur travail vise "le ménagement des ressources" (et non le management, terme tant à la mode), une réflexion sur la création d’un « paysage de l’après pétrole » utilisant moins d’énergie et moins de matériaux polluants. Le changement étant bien plus efficace quand le grand public s'approprie la nécessité du projet et ses outils, l'association organise des ateliers, des colloques, des réunions, des créations artistiques pour ouvrir les pensées à tous les possibles… 

 

visuel page d'accueil Volubilis

 

 

Observer, Réfléchir, Partager et Passer à l'action

Ainsi, actuellement, l’association organise des ateliers et des rencontres autour des espaces végétalisés créées dans les rues d’Avignon. Ces îlots de fraîcheur qu'offrent l'ombre des arbres, ainsi que les interactions végétales, permettront de baisser de plus de 5° la température des trottoirs goudronnés, et sa réverbération dans les vitrines de magasins ou des habitations. Ce sont autant de climatisations qui seront moins sollicitées et donc moins d’électricité dépensée et de délestage de chaleur dans les rues.

L’association se mobilise également sur la gestion devenue nécessaire des phénomènes d’inondations qui se répèteront avec le changement climatique. Observant les grandes inondations survenues après l’adoption de pratiques agricoles modernes intensives, les chercheurs bénévoles de l’association mènent un projet de retour aux espaces naturels protégés. Ces zones intégrés aux cultures (haies, parcelles en jachères, forêts…) ont pour rôle d’entretenir un sol meuble, garantissant une meilleure absorption des pluies et une meilleure retenue des ruissellements. 

Le retour au lit naturel des ruisseaux et des rivières, suivant leurs méandres originels effacés par des années de bétonisation, sont mis en œuvre dans plusieurs villes sinistrées par des épisodes de crues dévastatrices. La tendance générale de canalisation des cours d’eau selon des trajectoires rectilignes, souvent couverts par des dalles bétons, ont finalement accru le débit des cours d’eau et occasionné leur gonflement et leur débordement en amont de ces tunnels urbains.

A échelle locale, actuellement, l’association propose aux Avignonnais de découvrir et s'approprier les travaux de rénovation de l'emblématique Jardin des Doms visant une gestion écologique de cet espace végétale et touristique.

 

 

Le bénévolat associatif, un levier citoyen

 

Voilà quelques chantiers associatifs, parmi tant d'autres, que mènent Christophe et tous les bénévoles de l'association qui mettent leur énergie et leur savoir au service d'un projet citoyen. 

Selon les 2 dernières études de l'IFOP,12 millions de bénévoles œuvrent en France pour agir à leur hauteur à faire évoluer la société, sur un sujet qui leur tient à cœur (la pauvreté, une maladie, la solidarité, l'écologie, le sport, les sciences, éducation, culture, politique...), que ce soit en milieu associatif, ou de particulier à particulier, ou encore pour des institutions. Près de 24% des Français donnent de leur temps à une association, de façon engagée ou ponctuelle. La majorité d'entre eux sont diplômés d’Études supérieures et ont entre 15 et 35 ans. Une baisse d'investissement se note chez les personnes du plus de 60 ans. 9% des bénévoles donnent du temps quotidiennement pour leur association, mais la baisse de l'investissement de la tranche d'âge supérieur et la préférence pour un investissement ponctuel inquiètent quant à la pérennité de ces associations. 

Effectivement, faire vivre une association est un engagement de temps gratuit. Les statuts d'une "association de loi 1901"commencent par l'article 1er qui définit l’association comme « une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ». Le secrétaire et le trésorier sont les deux piliers minimum de son fonctionnement, assurant une comptabilité transparente, des statuts et des assemblées décisionnaires tracés. Tout autour peuvent graviter des bénévoles et parfois des salariés dont le contrat aura été encadré par les statuts de l'association.

La vie associative fourmille de bonnes volontés heureuses de se rendre utile, d'être actives pour la société et de rencontrer des personnes d'autres horizons.

 

 

illsutration raport IFOP

 

Des parcours scolaires pour des jeunes sensibles à l'environnement

La curiosité de l’ingénieur, l’engagement social porté par des convictions personnelles et l’enrichissement d'une vie professionnelle nourrie par le travail en réseau, voilà 3 facettes d’un poste accessible à un ingénieur agronome passionné. Que les jeunes gens sensibles aux questions de l’environnement, de l’agriculture, du vivant, de l’écologie se rassurent, la formation d’ingénieur agronome n’ouvre pas uniquement des portes de laboratoires.

Christophe conseille évidemment de suivre dans un premier temps des spécialités scientifiques au lycée. À côté du cursus général et des écoles d'ingénierie (ISARA, PURPAN, Beauvais...), d'autres filières sont possibles par la voie professionnelle. Un jeune au profil naturaliste peut également s’engager dans un bac pro Gestion des Milieux Naturels et de la Faune  ou d’un bac pro Sciences et Technologies de l'Agronomie et du Vivant  qu’il pourra compléter par un BTS Gestion et Protection de la Nature qui peut se réaliser en alternance. 

 

 

Parcours Orientation
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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