Aujourd'hui, notre invitée se présente à nous comme enseignante et formatrice en Economie Sociale et Familiale, pourtant elle n'avait jamais envisagé de devenir professeur. Myriam ne garde pas le souvenir d’avoir eu une scolarité facile. Elle lui a coûté bien des efforts et une bonne dose de détermination pour obtenir son bac. C'est sans doute ce caractère endurant et volontaire qui lui a permis de devenir un soutien important pour toutes les personnes fragilisées qu'elle a accompagnées, durant quelques semaines ou plusieurs, comme conseillère en économie sociale et familiale. Elle nous partage aujourd'hui ce parcours nourri de la volonté d'aider les jeunes adultes à correctement démarrer leur vie.
Le baccalauréat en poche, Myriam avait fait un choix de curiosité : la faculté de géographie. Ses compétences limitées en cartographie la menèrent à une autre formation : un BTS ESF (Économie Sociale et Familiale). Les premiers stages furent une révélation. Soutenir et aider les personnes en difficulté à retrouver une vie autonome deviendrait son métier. Tout juste diplômée, son centre de formation lui proposa d'enseigner à son tour. Après une année scolaire à transmettre ce qu'elle venait d'acquérir, l'appel du terrain résonna plus fort. Elle se sentait faite pour aider.
Des maraudes pour la fondation Emmaüs, des projets d'accompagnement des sans-domiciles vers un logement, l'animation et le soutien dans un Centre d'Hébergement de Réinsertion Sociale recevant les personnes en perte de repères, l'aide aux jeunes mères isolées et à leurs bébés dans un foyer maternel, l'accompagnement de jeunes adultes vers l'emploi et le logement au sein d'un foyer de jeunes travailleurs, ces différents postes ponctuèrent son début de carrière. Les propositions de postes ne manquaient pas et partout Myriam s'est sentie utile.
Si son métier peut l'amener à travailler avec des handicapés, des mères isolées ou victimes de violences conjugales, des adultes marginaux ou des personnes âgées fragilisées, Myriam est sensible aux jeunes adultes. À l’âge où l'autonomie commence, certains n'ont pas reçu les codes sociaux et les bonnes habitudes de gestion du quotidien. Myriam était là, au sein d'une équipe pluridisciplinaire, pour leur apprendre à entretenir un logement, le linge, l'alimentation, à trouver un travail. Au fond, elle faisait plus que cela, elle les aidait à reconstruire une image positive et à construire un projet d'avenir.
Une formation originale est venue compléter sa pratique. Ses années auprès de ses protégés l'avaient amenée à se questionner sur l’importance de leur attitude, comme de leur présentation, lors des entretiens ou de leurs différentes rencontres sociales. Une envie de renouveler son approche du métier la motiva à trouver une formation adéquate. Cherchant des outils professionnels pour améliorer l'image des personnes qu'elle accompagnait, elle choisit une formation de conseillère en image abordant les notions de morphologie, colorimétrie... Elle fut même la première travailleuse sociale à intégrer une telle formation dédiée habituellement aux professionnels de la mode. Pendant 5 mois, elle acquit le bagage nécessaire et fut certifiée avec succès. Son projet fut salué par la formatrice. Pourtant dubitative au commencement, cette dernière ouvrit régulièrement sa formation aux intervenants sociaux motivés à revaloriser l'image des démunis et des malades.
Myriam s'installa dès lors à son compte et fut soutenue par le Conseil départemental pour accompagner les femmes isolées. Ses souvenirs de soutien aux femmes victimes de violences conjugales, par le travail du regard sur leur corps, restent encore aujourd'hui teintés d'une émotion forte. Se réapproprier son corps pour commencer à se réapproprier sa vie était devenu une dynamique bienfaisante, une entrée efficace pour un travail en profondeur et en confiance.
Le centre de formation GRETA ne tarda pas à s'intéresser à son expertise et lui proposa un poste de formatrice en Économie Sociale et Familiale. Elle y découvrit son goût de la transmission, du partage d'expériences, auprès d'adultes motivés à devenir eux aussi des travailleurs sociaux au service des plus fragiles.
Aujourd'hui, enseignante ESF au lycée Les Chênes de Carpentras, ses élèves savourent toutes les anecdotes professionnelles de sa riche carrière qu'elle se plaît à leur partager à chacun de ses cours. Son expérience du terrain nourrit leur curiosité et leur motivation à aider à leur tour les personnes en difficulté.
Voulez-vous l'une de ses anecdotes? Je vous en raconte une qu'elle nous a partagée hors micro. Jeune diplômée et ultra motivée à sauver les plus marginalisés, elle fut missionnée pour trouver des logements aux sans domicile fixe dans la perspective de leur permettre de retourner vers un quotidien sécurisé. Elle accompagna ainsi un monsieur dont l'âge estimé était sans doute faussé par des années d'errance dans les rues de Marseille. Elle se démena pour cet homme adorable, gentil et souriant. Après des semaines de recherches, elle lui offrit les clés d'un petit studio prêt à vivre. Quand elle vint lui rendre visite le lendemain matin, comme convenu, pour échanger sur cette première nuit "en dur", elle découvrit le logement vide. Elle en était restée stupéfaite. Plusieurs mois après, retrouvant l'homme au cours d'une maraude, elle lui demanda pour quelle raison il avait abandonné ce logement salvateur. Il la remercia, lui sourit et lui répondit : " Je n'arrivais pas à dormir, je ne voyais pas les étoiles!" Cette jeune travailleuse sociale avait appris l'une des plus grandes leçons des métiers de l'accompagnement : on ne peut pas aider celui qui n'est pas prêt à changer.
Conseillère en Économie Sociale et Familiale est un métier de passion que Myriam nous expliquera dans la prochaine entrevue.
L'orientation scolaire a ses codes, ses techniques, son vocabulaire. Catherine Esquer, praticienne en orientation chez Avenir Factory décortique avec ses invités, tous les mots clés pour mieux préparer l'avenir.
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