Fany Cérèse, une dirigeante qui bâtit autrement
Architecte engagée et présidente régionale des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) du Languedoc-Roussillon, Fany Cérèse incarne une nouvelle génération de leaders qui articulent performance, foi et humanité. À la tête de l’Atelier 3A – Architecture Humaine, elle conçoit des lieux de vie inclusifs et repense le rôle social de l’entreprise. Rencontre avec une entrepreneuse pour qui diriger, c’est avant tout servir.
Fany Cérèse, une dirigeante qui bâtit autrement © Mickaël Martin / RCF Maguelone HéraultÀ 38 ans, Fany Cérèse dirige l’Atelier 3A, une agence d’architecture montpelliéraine qu’elle a fondée avec son conjoint. Ensemble, ils conçoivent des espaces destinés aux publics vulnérables (établissements pour personnes âgées ou handicapées, foyers de l’enfance, structures psychiatriques) avec une conviction : l’espace peut redonner du pouvoir d’agir.
"Nous avons une responsabilité immense : celle de traduire la dignité humaine dans les murs que nous dessinons", confie-t-elle.
Cette sensibilité, Fany la cultive depuis l’enfance. Son beau-père, psychologue dans un centre de rééducation, lui a transmis une leçon fondatrice : changer son regard sur le handicap, c’est déjà transformer le monde. Une phrase devenue fil rouge de sa carrière.
Une entreprise en pleine croissance, fidèle à ses valeurs
De deux collaborateurs il y a cinq ans, l’agence compte aujourd’hui dix salariés. Une croissance rapide, assumée et structurée autour d’une gouvernance partagée. "Quand on a commencé à salarier, on a voulu instaurer la transparence : sur les finances, les décisions, les valeurs", explique Fany.
À l’Atelier 3A, chaque mois se tient un “chapitre”, un temps de partage, de fraternité où chacun peut s’exprimer, partager ses réussites, ses vulnérabilités, témoigner de la gratitude ou au contraire les difficultés rencontrées. A partir de ces paroles émergées du silence, le collectif ajuste au fil de l’eau son fonctionnement, sa direction, à la recherche d’équilibre et de justesse. Tout cela contribue à la direction de l’entreprise. "C’est une mise en œuvre concrète du principe de subsidiarité prôné par la pensée sociale chrétienne."
Cette approche, loin du dogme, s’inscrit dans un management de confiance et d’écoute. La dirigeante y voit un levier d’innovation et de performance : "Plus on fait confiance, plus nos collaborateurs se dépassent."
L’entrepreneuriat chrétien en action
Entrée aux EDC Languedoc-Roussillon en 2021, Fany Cérèse en est la présidente depuis un an. Ce mouvement réunit près de 70 dirigeants dans la région. Leur mission : faire vivre les valeurs de la doctrine sociale de l’Église dans le monde économique.
"L’entreprise est un lieu de transformation, pas seulement économique mais humaine. Notre foi nous pousse à chercher le bien commun avant le profit individuel", souligne-t-elle.
Les EDC Languedoc-Roussillon, répartis en neuf équipes entre Montpellier, Carcassonne, Narbonne, Nîmes et la Lozère, offrent un espace d’échange et de réflexion pour des dirigeants souvent isolés face à leurs décisions. "On y parle vrai, sans posture. On prie, on débat, on partage nos doutes. C’est un lieu de fraternité et d’exigence."
L’architecture comme outil de réconciliation
Chez Fany Cérèse, l’architecture devient un langage spirituel autant que social. Chaque projet est une tentative de réconciliation : entre esthétique et usage, entre performance et humanité, entre individu et collectif.
Le véritable enjeu n’est pas tant de construire des bâtiments, mais de transformer le regard porté sur ceux qui les habitent. Tant qu’on verra la personne âgée ou handicapée à travers sa dépendance, on restera à côté de la réalité.
Dans un monde entrepreneurial souvent dominé par la compétitivité, cette approche détonne, et inspire. Fany Cérèse croit à la fécondité des contraintes : "On nous demande souvent de faire mieux avec moins. C’est un défi, mais aussi une formidable source de créativité."
Une foi qui se partage
Son engagement chrétien ne s’arrête pas aux portes de l’agence. Il s’exprime dans une manière d’être, de décider et de fédérer. "La foi, c’est ce qui m’aide à tenir le cap. Elle me rappelle que la réussite n’a de sens que si elle fait grandir les autres."
Et même si tous ses collaborateurs ne partagent pas la même foi, beaucoup reconnaissent la force d’un management inspiré par le respect, la transparence et la bienveillance.


Analyser la vie économique de la région avec les acteurs de terrain, c'est le but de cette émission. Entrepreneurs, associations et organismes professionnels, élus, ils sont tous dans Eco Mag 34.




