"Il faut se réjouir de pouvoir voter, car c'est une grande chance de pouvoir choisir nos représentants. Pour éclairer notre choix de vote, il faut penser au Bien commun" expliquait Frère Jacques-Benoît Rauscher, auteur de L’Église catholique est-elle anticapitaliste ? (Ed. Presses de Sciences Po) dans le Grand Témoin ce jeudi 27 juin 2024. A quelques jours des élections législatives deux grands blocs tirent leur épingle du jeu. Le Nouveau Front Populaire créé à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron le dimanche 9 juin 2024 et le Rassemblement national qui s'est vu rejoindre par Eric Ciotti et Marion Maréchal. Dans une tribune du journal La Croix du 18 juin, des chrétiens appellent "au nom de notre foi chrétienne, nous voterons contre l’extrême droite." mais existe t-il un vote catholique ? Le cardinal Joseph Ratzinger avait en 2002 rédigé une note doctrinale concernant certaines questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique. Une note toujours actuelle pour faire réfléchir les catholique et non leur imposer un vote.
"Les fidèles laïcs, ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions le bien commun." expliquait le Concile Vatican II. Ce bien commun passe par la protection et la valorisation de dimensions comme "l'ordre public et la paix, la liberté et l'égalité, le respect de la vie humaine et de l'environnement, ainsi que la justice et la solidarité." Un vote catholique est une voix donnée à un parti qui tend à la valorisation de ce devoir. Si la recherche du bien commun est un devoir pour les catholiques, le vote est un droit. Les activités politiques visent à sa réalisation. La pluralité des partis politiques permet aux catholiques de militer et exercer leurs droits et devoirs dans l'édification de la société civile de leur pays. Pour l'Eglise, liberté et recherche de la vérité sont indissociables. Saint Jean-Paul II le disait ainsi"la vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien elles périssent misérablement ensemble", la société deviendrait libertaire c'est-à-dire que l'individu serait détaché de toute responsabilité morale ou sociale provocant un affaiblissement dans la recherche du bien commun.
L'engagement des catholiques est évident lorsque "l'action politique est confrontée à des principes moraux qui n'admettent ni dérogation, ni exception, ni aucun compromis, l’engagement des catholiques devient plus évident et se fait lourd de responsabilités". Ces principes moraux concernent les lois sur l'avortement, l'euthanasie, les droits de l'embryon humain, la protection de la famille, des mineurs, les formes modernes d'esclavages, la liberté religieuse, une économie au service de la personne, le respect de la justice sociale et la paix. La paix est une "œuvre de la justice et effet de la charité" qui exclue la violence et le terrorisme. "Les chrétiens doivent en effet savoir qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne. Tel est le cas des lois civiles en matière d’avortement et d’euthanasie (à ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement thérapeutique qui, même du point de vue moral, est légitime), qui doivent protéger le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. De la même manière, il faut rappeler le devoir de respecter et de protéger les droits de l’embryon humain. De même, il faut préserver la protection et la promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent, et protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le divorce: aucune autre forme de vie commune ne peut en aucune manière lui être juridiquement assimilable, ni ne peut recevoir, en tant que telle, une reconnaissance légale. De même, la garantie de liberté d’éducation des enfants est un droit inaliénable des parents, reconnu entre autre par les Déclarations internationales des droits humains. Dans cette même ligne, il faut penser à la protection sociale des mineurs et à la libération des victimes des formes modernes d’esclavage (que l’on pense par exemple à la drogue et à l’exploitation de la prostitution). On ne peut exclure de cette liste le droit à la liberté religieuse et le développement dans le sens d’une économie qui soit au service de la personne et du bien commun, dans le respect de la justice sociale, du principe de solidarité humaine et de la subsidiarité, qui veut que "les droits de toutes les personnes, de toutes les familles et de tous les groupes, et que l’exercice de ces droits, soient reconnus"[21]. Enfin, comment ne pas voir dans ces exemples le grand thème de la paix. Une vision irénique et idéologique tend parfois à donner un sens profane à la valeur de la paix, tandis que, dans d’autres cas, on se limite à un jugement éthique sommaire, oubliant la complexité des raisons en question. La paix est toujours «œuvre de la justice et effet de la charité»; elle exige le refus radical et absolu de la violence et du terrorisme, et elle requiert un engagement constant et vigilant de la part de ceux qui ont une responsabilité politique." (Note doctrinale, n. 4)
Le Concile Vatican II exhorte les fidèles à "s’acquitter avec fidélité de leurs tâches terrestres, et cela en se laissant conduire par l’esprit de l’Évangile. Ils s’éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais que nous cherchons à atteindre la cité future, croient, pour cela, pouvoir négliger leurs devoirs terrestres en perdant de vue que la foi même crée une obligation plus grande de les accomplir, en fonction de la vocation propre à chacun". Puissent les fidèles être désireux de pouvoir "mener toutes leurs activités terrestres en unissant dans une vivante synthèse tous les efforts humains, familiaux, professionnels, scientifiques ou techniques, et les valeurs religieuses, sous la haute ordonnance desquelles tout est coordonné à la gloire de Dieu"
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