Commerces en crise à Avignon : un centre-ville en mutation

Une série de fermetures en cascade

Avignon a été le théâtre de nombreuses fermetures de boutiques depuis le début de l’année 2025, ce qui n’est pas sans conséquences. En janvier, l'enseigne Quiksilver a fermé ses portes, après plusieurs années dans l’intra-muros d’Avignon, sur la place du Change. Ce cas est loin d'être isolé, puisque quelques mois plus tard, en mars, c’est au tour de la chaîne de magasins marseillaise Kaporal d’annoncer une liquidation judiciaire sans poursuite d’activité, et cela, pour 85 boutiques de la marque, dont celle d’Avignon. Le groupe a de ce fait annoncé le licenciement de 280 employés. La boutique Casa a aussi déposé le bilan, avec 143 points de vente en France fermés ou en cours de fermeture, dont celui du centre-ville d’Avignon. Une situation qui, depuis le début de l'année, ne fait que s’empirer.

Une crise qui touche aussi les commerces de proximité

Pour Richard HEMIN, président de la fédération des commerçants et artisans d'Avignon, ces fermetures ne concernent pas uniquement les grandes chaînes de magasins nationales, puisque de nombreuses petites boutiques, notamment rue Carnot et rue de la République, en centre-ville d’Avignon, ont dû fermer leurs portes. Un contexte observable au niveau national, mais qui est aussi une réalité au niveau local et qui touche tous les secteurs d’activités : le textile, les boucheries, les snackings… Il constate aussi que, depuis six mois, de nombreux commerçants le sollicitent pour des rendez-vous afin d’exprimer leurs difficultés et échanger sur “ce manque d’attractivité de la ville”.

Les causes multiples d’un déclin annoncé

Pour lui, la situation est complexe et relève de plusieurs facteurs.
Il évoque notamment le plan Faubourgs mis en place en 2021 par la mairie d’Avignon, qui selon lui engendre des difficultés de circulation en centre-ville ainsi que des problèmes de stationnement. Cela pousse les habitués des petits commerces avignonnais à changer leurs habitudes : il note que ces consommateurs se tournent désormais davantage vers des villes voisines, comme Villeneuve-lez-Avignon par exemple. À cela s’ajoute, selon lui, une baisse du nombre d’étudiants, autrefois contributeurs à la vie du centre, ainsi qu’une évolution des comportements des touristes qui ne consomment plus comme avant. Une situation difficile qui entraîne donc des difficultés de paiement des loyers pour les commerçants. Il remarque également que de nombreuses boutiques fermées sont ensuite reprises pour être transformées en points de restauration, créant ainsi une forte concurrence dans ce secteur d’activité.

Une consommation en mutation

Des Vauclusiens qui choisissent aussi de changer leur pratique de consommation : 

J’aimais bien faire les boutiques en me baladant, mais maintenant beaucoup de magasins travaillent à flux tendu et doivent faire des commandes internet à leur fournisseur. 

déclare Karine, une habitante du Vaucluse.

J’ai pris l’habitude d’effectuer mes propres commandes depuis mon canapé. Pour ce qui est de l’habillement, je me tourne vers des sites de seconde main, beaucoup moins chers et plus rapides.

“À l’époque je pouvais me permettre de faire les boutiques, maintenant, au vu de l’inflation, ce n’est juste pas possible”, déclare Robert, un retraité.
Une démocratisation de ce mode de consommation, qui a débuté depuis la crise du Covid, où se sont développées de nombreuses e-boutiques. De quoi inciter les consommateurs à faire leurs propres commandes depuis chez eux.