Christian Espeso a été suspendu pour trois ans de son poste de directeur du collège-lycée de l'Immaculée Conception à Pau, le mercredi 11 septembre 2024. Le rectorat de Bordeaux l’a démis de ses fonctions pour "atteintes aux principes de la laïcité et irrégularités dans l'application du contrat d'association avec l'État."
"Cet homme, qui a dédié sa vie professionnelle à l’enseignement catholique et aux valeurs républicaines, est sacrifié sur l’autel expiatoire des attaques récurrentes contre l’enseignement privé. Il est regrettable que l’idéologie gauchiste de quelques-uns ait primé sur l’excellence de l’éducation dispensée par la communauté éducative de l’établissement", a déclaré Me Thierry Sagardoytho, avocat de Christian Espeso. Durant plusieurs mois, Libération a enquêté au sein de cet établissement, le plus grand établissement privé sous contrat du Béarn. L'enquête a révélé des dérives intégristes et des atteintes à la laïcité : "Trois éléments ont été relevés : des atteintes à la laïcité, notamment concernant la place de l’enseignement religieux, des atteintes à la liberté pédagogique, avec la censure de certains ouvrages et auteurs, ainsi qu’une politique managériale contestée", a résumé Marie-Pierre Adrillon, représentante du syndicat de l’enseignement privé FEP-CFDT.
Christian Espeso a réfuté ces accusations lors d'une interview pour le Figaro: "Ce sont des cours de culture religieuse, et non de catéchisme. Les élèves peuvent en être dispensés si on m'en fait la demande" Concernant la censure, l’ancien directeur s’est également justifié : "Pour un livre, j’ai eu de nombreuses plaintes de parents et d’enfants. J’ai demandé que soient retirés du CDI des ouvrages contenant des scènes incestueuses. J’ai fait mon travail."
En 2021, des enseignants de l'Immaculée Conception (IMAC) ont signalé le directeur aux autorités académiques, déclenchant une "visite d'objectivation" par le corps d'inspection. En avril 2024, Anne Bisagni-Faure, rectrice de l’académie, a ordonné une nouvelle inspection suite à de nouvelles plaintes émanant de professeurs. Le 26 juin 2024, un rapport a été remis au rectorat, déclenchant une procédure disciplinaire. Le 19 août 2024, à la veille de la rentrée scolaire, Christian Espeso a été convoqué par le conseil académique de l’Éducation nationale pour s’expliquer sur les conclusions de ce rapport. Le 11 septembre 2024, la sanction est tombée : le chef d’établissement est suspendu de ses fonctions de directeur pour une durée de trois ans. Il conserve toutefois le droit d’enseigner comme professeur au sein de l’établissement.
Cette décision a provoqué une onde de choc parmi les enseignants et les parents d’élèves. Dans un communiqué, la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique a exprimé sa stupéfaction : "Cette décision, que nous considérons comme totalement disproportionnée au regard des faits reprochés, laisse bon nombre d’entre nous dans la sidération."
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