Vols à vide : vrai ou faux ?
Le 23 décembre, le PDG de Lufthansa a crée la stupéfaction en annonçant que les règles communautaires l’obligeraient à faire 18000 vols inutiles, c’est à dire à vide. Est ce une polémique ou la réalité ?
La réalité ce sont des avions moins remplis pendant la crise sanitaire, ou remplis à prix par certaines compagnies. C’est une absurdité économique ET écologique car le transport aérien constitue le transport le plus polluant qu’il soit, en cela la compagnie allemande a permis de faire émerger la discussion. Pour comprendre la sortie de Carsten Spohr du PDG de Lufthansa, il faut comprendre le mécanisme européen des droits de décollage et d’atterissage, les « slots », qui constituent les « trésors » des compagnies aériennes.
Le slot aérien un créneau aérien que les compagnies détiennent comme des trésors
En théorie, les compagnies aériennes des pays membres de l'UE peuvent atterrir et décoller de n'importe quel aéroport. En pratique, la libéralisation du transport aérien a de suite connu des limites dans les aéroports les plus attractifs, qui remplissent les avions : Francfort et Munich, Rome, Madrid, Orly.
Le slot aérien est un créneau horaire parce qu’il faut bien organiser le ballet aérien, tous les avions ne peuvent décoller et atterir en même temps il y a une compétition entre les compagnies pour avoir le bon horaire et lorsque la compagnie détient un créneau horaire, elle a intérêt à le garder. Lorsque la Sabena a disparu, la nouvelle compagnie Brussels Airlines a tenu à garder ses slots en Afrique qui constituent toujours pour la compagnie belge, filiale de Lufthansa.
Les compagnies peuvent s’échanger des slots ou les vendre
En France, c’est un association indépendante, la Cohor, qui gère les créneaux en tenant compte de l’ancienneté ou de la qualité de la nouvelle desserte demandée, de leur pertinence. A la liquidation de Aigle Azur, ses slots furent répartis entre huit compagnies. Avant Covid, il fallait utiliser ses slots à 80 % pour les conserver, le pourcentage est descendu à 50 % durant la crise sanitaire mais doit repasser à 64 % en mars prochain, d’où l’habile pression et communication du pdg de la Lufthansa pour mettre la pression avant les discussions pour obtenir plus d’amnagements, de souplesse, dans le but d’avoir plus de vols bien remplis et rentables.
Et moins de concurrence.
En fait le libéralisme économique de l’Union Européenne, qui fut imposé d’ailleurs par l’influence du Royaume-Uni alors membre de l’UE, s’accord mal avec un rééquilibrage in fine tarifaire…. avec le train, bien supérieure écologiquement. Et la hausse du kérosène, qui représente entre 20 et 30 % du billet d’avion, ne sera pas suffisante pour faire préférer le train.
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