Non, n'arrêtez pas de manger de la viande ! Jean-Michel Lecerf
Cette semaine, l'expert est le docteur Jean-Michel Lecerf.
Médecin, nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques, ancien responsable du service nutrition de l'institut pasteur de Lille.
On s'interroge avec lui sur les préconisations du magazine The Lancet appelant à manger drastiquement moins de viande pour sauver sa santé et la planète.
Jean-Michel Lecerf défend le modèle françaisA chacun son vrai poids (2013), La joie de manger (2022), 40 idées fausses sur les régimes (2023), La viande un peu, beaucoup, pas du tout (2016), Nutrition des enfants - arrêtons de faire n’importe quoi ! (2019)… Seul ou en collaboration, Jean-Michel Lecerf partage les fruits de ses recherches en nutrition depuis des décennies sans dévier d’un cap assumé : le bon sens avant tout.
« Manger moins de viande quand on en mange trop, c’est évidemment important. Mais la viande, qui fait partie de la culture humaine depuis des milliers d’années et entre pleinement dans notre équilibre alimentaire, n’est pas un aliment toxique. Consommée modérément, elle a des vertus. Tant qu’on ne dépasse pas 500g de viande rouge cuite par semaine on n’augmente pas le risque de contracter un cancer du colon (risque estimé pour tous à 2,5%).
Soucieux d’informer le public au plus près de la réalité, le médecin lillois souligne les qualités manifestes du modèle hexagonal. Les Français mangent en moyenne 350g de viande rouge par semaine. En complétant cet apport par suffisamment de fruits et légumes, pourquoi devraient-ils s’inquiéter pour leur santé et la planète ?
« Comme le Lancet se base sur l’élevage hors sol des exploitations américaines ou chinoises, qui comptent 10 000, 50 000 et jusqu’à 100 000 têtes parfois… On comprend que l’importation de soja ou de maïs représente une menace pour l’environnement. Mais on ne dit pas assez que l’élevage en France ce sont en moyenne 60 ou 70 têtes par exploitation, nourries essentiellement à l’herbe… L’attaque en règle contre les agriculteurs et les mangeurs de viande n’est pas fondée chez nous. »
Jean-Michel Lecerf rappelle combien nos paysages de bocages, de collines et de montagnes sont liés à ces pâturages qui stockent le carbone, limitent l’érosion, soutiennent la bio-diversité (par le bocage), préviennent les incendies (en participant à l’élimination des broussailles), etc. Autant de faits positifs à mettre l’actif de cette agriculture raisonnée, à la française, dont le Lancet ne parle pas.
« Restons attentifs aux arguments idéologiques qui peuvent conduire à une forme de terrorisme alimentaire. N’oublions pas que le régime tout végétal est dangereux et nécessite des compléments alimentaires. »
Défendre une approche globale de la nutrition, c’est aussi rappeler l’importance de la joie de manger, du partage, et des traditions culturelles… Sans encourager l’excès bien sûr.
« Le bon sens ne signifie pas un retour au passé. En revanche le dogmatisme qui se cache parfois derrière les bonnes intentions – des antispécistes notamment - peut se retourner contre l’homme au lieu de servir la Création. Le catéchisme de l’Eglise catholique dit clairement que nous ne devons pas avoir des attitudes cruelles vis-à-vis des animaux. Mais l’écologie intégrale prônée par nos papes doit commencer par l’homme. J’oserai une question : de la même manière qu’on défend les pingouins, défendra-t-on le petit dans le ventre de sa maman ? »


Chaque semaine, un expert reconnu répond en direct à des questions de sociétés. Droit, sciences humaines, religion, éducation et société, autant de thématiques abordées sans détours. Franck Spriet (avocat), Thérèse Lebrun (, Mgr Bernard Podvin (Prêtre), Marie-Line Stenger (Psychologue) et Jean-Michel Lecerf (Médecin), se succèdent dans le studio de RCF Hauts de France.
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