Il a une allure studieuse et semble plutôt dans la retenue. Pourtant, il se décrit comme un révolté de nature. " L'injustice je ne supporte pas. Surtout quand il s'agit du peuple. Bien sûr que je suis révolté. Ce peuple a la volonté de s'en sortir et de rester digne. Mais c'est difficile lorsque, en ayant un salaire, on ne peut plus se nourrir "
De loin, le père Maroun voit son pays sombrer dans le fond du gouffre. Il le constate à travers ses proches. Il voit comment, face à une inflation galopante, la classe moyenne se paupérise à vitesse grand V . Il voit que se soigner devient hors de portée pour la plupart des libanais et que les services de base y sont inexistants. "L'eau 24 sur 24 ça n'existe pas. L'électricité 24 sur 24 ça n'existe pas. C'est très très triste"
Mêlée à la révolte et à la tristesse, la culpabilité. "Je ne suis pas le seul, j'ai parlé avec d'autres libanais qui sont à l'étranger et on a tous le même sentiment. On est loin et on ne peut rien faire. On est impuissant. "
"Aller se balader c'est bien, mais on ne peut s'empêcher de penser à ceux qui sont en difficulté. Aller au restau c'est bien, mais on ne peut s'empêcher de penser à ceux qui sont là-bas et qui ne mangent peut-être plus à leur faim".
Cela fait fait 6 ans que le Père Maroun est en France. Il officie à Fréjus. Le déclin de son pays, il le vit par procuration et ça " c'est pas évident ".
Quant à l'avenir ? " Le temps le dira" dit-il. Dans tous les cas, pour lui, s'il y a une issue pour son pays, elle ne viendra pas que de la France mais aussi de la communauté internationale qui a ses intérêts dans le Moyen Orient... Les libanais eux-mêmes doivent œuvrer également pour cette issue; ils ne peuvent pas être passifs.
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