Thomas Debray (L'Improvidence) : “Ce que j'aime c'est d'accueillir des gens qui sont chargés de leur journée et de les voir sortir avec la banane”
C’est l’histoire d’une passion, devenue ensuite une vocation.
Voilà plus de 10 ans, que le théâtre d’improvisation à Lyon a pris un nouveau tournant avec un lieu qui lui est dédié à 100% : le théâtre de l'Improvidence. Chaque soir, des professionnels et des amateurs vous font vivre une soirée unique.
À sa tête, Thomas Debray, un improvisateur en chef !
Thomas Debray, directeur de l'Improvidence © RCF Lyon« C'est incroyable, étonnant, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en venant. Quand ils ont demandé des défis et une fin, nous, on ne s'y était pas préparés parce qu'on ne s'attendait pas du tout à ça ». À la fin de la représentation du duo "La fin justifie les moyens", un jeudi soir du mois d'octobre, deux amies lyonnaises débriefent leur première fois dans un théâtre d'improvisation. Chaque soir, la magie de cet art théâtral conquiert un nouveau public dans le premier café-théâtre 100% dédié à l'impro.
L'art de l'improvisation devrait être déclaré d'utilité publique
C'est en arrivant à Lyon, au milieu des années 2000, que Thomas Debray découvre le théâtre d'impro, un véritable coup de cœur : « C'était le mardi à l'époque, à l'espace Gerson. Et puis, un jour, ils proposent en fin de spectacle, si ça vous dit, on vous propose un week-end de découverte de l'impro. Et puis, à ce moment-là, plutôt réservé, j'ai offert ce week-end d'impro à un très bon ami et je lui ai dit, écoute, je ne sais pas dans quelle galère je t'emmène, mais je vais y aller avec toi ». confie le vosgien d'origine, venu pour raisons professionnelles dans la région lyonnaise.
De Chicago à Lyon, la passion de l’improvisation
Créons un théâtre dédié à l'impro
Très rapidement, ce week-end d'apparence "galère" se transforme en passion : « L'art de l'improvisation devrait être déclaré d'utilité publique tellement je me sens bien en sortant des cours d'impro, tellement l'impro peut m'être utile dans mon quotidien professionnel, personnel, avec ma famille ».
Après un voyage et une formation à Chicago, la capitale mondiale de l'impro, Thomas Debray revient sur Lyon avec une idée précise : « Créons un théâtre dédié à l'impro, à l'image de Second City, à Chicago. Ça n'existait pas en France. Donc, quand je suis rentré, j'en ai parlé à deux, trois potes un peu inconscients comme moi. Et sur cette phrase en disant bon, on ne sait pas que c'est dur, donc faisons-le ». C'est en 2014 que "L'Improvidence" ouvre ses portes.
« Pendant quatre ans, cinq ans, l'essor a été incroyable parce qu'on avait une très, très forte croissance. Il faut dire que c'est un art qui était peu visible, donc beaucoup de buzz autour des premières années. Le public sort, me demande à chaque fois "Comment est-ce qu'on fait pour improviser ? ". Donc, on s'est dit on va créer une école ».
Quatre ans après l'ouverture du théâtre, l'école voit le jour en 2018. Une année charnière pour celui qui prend la décision de quitter son travail et un salaire fixe pour se dédier 100% à la gestion de ses nouveaux projets. Après Lyon, l'Improvidence s'implante à Bordeaux, sur le même modèle que son grand frère lyonnais.
Chaque soir, une cinquantaine de personnes passent la porte du 6 rue Chaponnay dans le 3e arrondissement de Lyon. Après une commande au bar, les spectateurs sont accueillis par Thomas qui ouvre les portes d'une petite salle intimiste avec une scène, à hauteur du public : « Une scène, un théâtre, plus il vieillit, plus il se nourrit de l'énergie de la scène, de l'énergie de la complicité avec le public ».
La magie théâtrale opère dès le moment où on met un pied sur scène. Le trac se transforme en concentration, en écoute active
De la scène à l’insertion : quand le théâtre devient outil social
Une scène où des pros, des amateurs proposent un spectacle unique en son genre : « On ressent d'abord du trac quand on est dans les loges, cinq minutes avant de monter sur scène. Personnellement, j'ai l'impression de ne plus rien savoir. Je panique, je ne sais pas, je ne sais plus improviser, je ne sais pas ce qui va se passer.
J'essaie de me rappeler de trois techniques. Et puis, la magie théâtrale opère dès le moment où on met un pied sur scène. Le trac se transforme en concentration, en écoute active." confie celui qui monte encore sur scène quelques fois par an, mais qui opère surtout en coulisses, à gérer le lieu et ses équipes.
Je trouve que tu as quelque chose de génial en toi
« On est ultra connectés avec ses partenaires de jeu. Et puis, il y a aussi une complicité parce que la particularité des spectacles improvisés, c'est qu'on va toujours demander en début de spectacle deux, trois interactions avec le public, des propositions. Et c'est à partir des propositions du public qu'on va créer de toutes pièces, une pièce de théâtre improvisée." conclut le quinquagénaire qui a lancé récemment des cours d'improvisation à visée sociale : « Je suis convaincu que l'impro est un outil formidable pour accompagner le public, les jeunes à l'insertion. Aujourd'hui, on travaille beaucoup avec des structures de l'État, comme des missions locales, l'École de la deuxième chance, l'EPIDE, l'établissement pour l'insertion dans l'emploi, où on intervient auprès des jeunes décrocheurs jusqu'à 25 ans et on leur dit : moi, je trouve que tu as quelque chose de génial en toi ».


Chaque semaine, Thierry Weber part à la rencontre d'un talent de la région lyonnaise, là où il ou elle exerce sa passion, son métier, son sport, son art. Un entretien portrait de 30 minutes, pour découvrir de nouveaux visages, de nouvelles voix et de nouveaux talents. Première diffusion le mardi à 6h, puis le mercredi à 19h et le samedi à 16h.
