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Oullins : La chapelle Saint-Thomas-d’Aquin veut faire peau neuve

Oullins : La chapelle Saint-Thomas-d’Aquin veut faire peau neuve

Un article rédigé par f. Clément Savary - RCF Lyon, le 16 avril 2025 - Modifié le 24 septembre 2025

Au cœur du centre scolaire Saint-Thomas-d’Aquin à Oullins se cache une chapelle aux décors soignés, fruits du travail d’artistes lyonnais du XIXe siècle. Après un siècle et demi d’encrassement et d’infiltration, un ambitieux projet de restauration devrait, d’ici cinq ans, rendre toutes ses couleurs à cet exemple notable de chapelle scolaire.

Oullins - Intérieur de la chapelle © Clément SavaryOullins - Intérieur de la chapelle © Clément Savary

Au lendemain de la Révolution française, l’éducation catholique en France est à recréer. Ainsi, en 1833, l’abbé Étienne Dauphin, tenant du catholicisme social alors en plein développement, fonde avec quelques confrères un collège qui connut un rapide succès. Dès 1836, un établissement est installé dans le domaine d’Oullins. L’œuvre éducative est ensuite confiée à Henri-Dominique Lacordaire, refondateur des dominicains en France qui témoigna toute sa vie d’une grande attention à la formation humaine et spirituelle de la jeunesse. 

Depuis 1852, l’établissement entretient des liens étroits avec l’Ordre des Prêcheurs. Jusqu’en 1957, une communauté dominicaine de frères enseignants résidait sur place et assurait l'enseignement. L'accompagnement spirituel des 1 700 élèves est encore aujourd'hui assuré par des dominicains lyonnais.

Situé à quelques kilomètres au sud de Lyon, le collège prend place dans ce qui fut d’abord une coquette demeure de campagne du XVIe siècle qui passa entre de nombreuses mains au cours des siècles, par exemple celles du cardinal de Tencin, archevêque de Lyon mort en 1758. Sa large façade symétrique domine encore la rue du Perron.
 

Oullins - Façade de la chapelle © Clément SavaryOullins - Façade de la chapelle © Clément Savary

De 1861 à 1888, la construction de la chapelle dédiée à saint Thomas d’Aquin marque la transformation de cette résidence champêtre en établissement scolaire catholique. Le chantier fut confié à l’architecte lyonnais Pierre-Marie Bossan, qui commence au même moment (1870) la construction de la basilique Notre-Dame-de-Fourvière. 

Élève d’Henri Labrouste, il travaille au même moment à l’édification de la basilique d’Ars où il s’était converti quelques années plus tôt en rencontrant son célèbre curé saint Jean-Marie Vianney. Dans ces deux monuments, il développe une vision alors nouvelle de l’architecture religieuse, rejetant le néo-gothique qui pastiche et l’éclectisme qui manque de cohérence. Il participe ainsi à l’essor du style romano-byzantin qui s’inspire des ornements de l’art roman et des techniques de l’art oriental, cherchant à renouer avec les constructions du premier millénaire chrétien. 

 

Un grand chantier pour redonner toutes ses couleurs à la chapelle

 

L’architecte conçoit le décor de la chapelle en étroite collaboration avec Paul Borel, le peintre qui travaille avec lui dans ses différents projets. Celui-ci réalise pas moins de dix toiles de grands formats pour la nef et six peintures murales pour le transept, ainsi que différentes figures de saints et d’anges. Ces peintures se signalent par des coloris doux et nuancés, une mise en scène expressive et une maîtrise des drapés qui confère aux figures une certaine monumentalité.

Oullins - Détail de la fresque du Rosaire © Clément SavaryOullins - Détail de la fresque du Rosaire © Clément Savary
Oullins - Détail de la fresque du Rosaire © Clément SavaryOullins - Détail de la fresque du Rosaire © Clément Savary
Oullins - Détail de la fresque de saint Bonaventure © Clément SavaryOullins - Détail de la fresque de saint Bonaventure © Clément Savary

L’ensemble présente une iconographie très cohérente qui s’organise autour de trois thématiques liées aux objectifs pédagogiques de l’établissement : l’Eucharistie, le combat spirituel et les dévotions dominicaines. Sur le côté droit de la nef, plusieurs scènes développent le récit des pèlerins d’Emmaüs, formant une catéchèse sur les origines évangéliques de la messe et de l’Eucharistie, en lien avec la préparation des premières communions des collégiens. 

En face, côté gauche, sous la houlette d’anges gardiens peints sur les voûtes, sont représentés des miracles de guérisons bibliques qui invitent à la confiance dans le Seigneur dans les épreuves de la vie. Le transept poursuit ces thématiques en proposant aux élèves les éléments de la spiritualité dominicaine : l’intercession de Marie au travers de la prière du Rosaire, l’étude comme source du témoignage chrétien dans l’apostolat et la prédication. Une galerie de saints liés aux études et à l’ordre offrent leur patronage aux écoliers, comme sainte Catherine d’Alexandrie, saint Thomas d’Aquin ou son contemporain franciscain saint Bonaventure, mort à Lyon. Ces sujets sont directement en lien avec le renouveau intellectuel et apostolique du pontificat de Léon XIII (1878-1903).

En 2018 a été lancé un grand projet de restaurations, devenues urgentes après des années d’encrassement, de réparations de fortune et d’infiltrations. Les nombreuses peintures qui couvrent ses murs ont particulièrement souffert, certaines étant devenues presque invisibles, d’autres ayant tout simplement disparu.
 

L’Association des Amis de la chapelle Saint-Thomas d’Aquin mène désormais la campagne de recherche de fonds qui permettra de lancer les premières phases du chantier, l’assainissement des toitures et des maçonneries avant de procéder à la restauration des peintures murales. Les premiers essais permettent d’apprécier la qualité des coloris qui pourront être retrouver sous un siècle et demi de suie.

 


Pour une visite 3D la chapelle

Pour soutenir la restauration
 

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