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Du Confort au Saint-Nom, la présence des Dominicains à Lyon

Du Confort au Saint-Nom, la présence des Dominicains à Lyon

Un article rédigé par Frère Clément Savary - RCF Lyon, le 16 avril 2025 - Modifié le 14 mai 2025

Fondé au début du XIIIe siècle, l’Ordre des Frères prêcheurs est présent à Lyon depuis plus de 800 ans. Installés dans la Presqu’île puis dans le quartier des Brotteaux, les Dominicains y ont connu une histoire mouvementée, façonnée par la vie de l’Église locale et les grands événements de l’Histoire de France.

Eglise du Saint-Nom-de-Jésus, vitrail de saint Thomas © C. SavaryEglise du Saint-Nom-de-Jésus, vitrail de saint Thomas © C. Savary

En 1217, au moment même où il fonde l’ordre des Prêcheurs, saint Dominique envoie ses premiers frères dans les grands centres universitaires de son époque : Paris, Bologne, Cologne, Oxford… et Lyon, dès l’année suivante. 

Après quelques temps dans un établissement de fortune montée du Gourguillon (Vieux-Lyon), les dons des Lyonnais permirent aux premiers frères de s’installer en Presqu'île, dans une zone alors encore faiblement construite. Les bâtiments, construits dans les années 1240, formèrent le couvent des « Frères Prescheurs de Lion » jusqu’à la Révolution. 

L’établissement fut rapidement placé sous la protection de Marie consolatrice, que l’usage abrégea en Notre-Dame du (Ré-)Confort. Une image représentant Marie portant l’Enfant Jésus, « trône de Sagesse », exposée dans l'entrée de l’église, attira longtemps la dévotion des lyonnais. Durant les trois siècles qui suivirent, les Dominicains assurèrent la formation théologique des clercs du diocèse comme « lecteur » du chapitre cathédral, institution qui gère les activités de la primatiale de Lyon Saint-Jean-Baptiste.

Notre-Dame du Confort sur la scène internationale : La vie tranquille du couvent fut bouleversée en 1316 par l’arrivée du collège des cardinaux réunis depuis deux ans pour l’élection d’un nouveau pape, sans succès. Profitant d’une cérémonie dans la grande salle du couvent, le futur roi Philippe V en fit murer les portes afin de les forcer à mener à bien l’élection. Il leur fallut encore quatre semaines pour aboutir au choix de Jean XXII.

Quelques années plus tard, le 13 juillet 1349, Humbert II, dauphin du Viennois, remit solennellement au roi de France ses domaines – le Dauphiné, correspondant à l’Isère, la Drôme et les Hautes-Alpes actuelles - dans l’église conventuelle, avant d’entrer dans l’Ordre le lendemain.

Après les dégâts infligés à Lyon par les troupes protestantes en 1562, l’église Notre-Dame-du-Confort fut rénovée avec le soutien des marchands florentins qui l’affectionnaient particulièrement. Le musée du Louvre conserve le tableau que l’une de ces familles offrit pour en orner une chapelle, considéré comme un chef-d’œuvre du maniérisme italien, représentant l’Incrédulité de saint Thomas par Nicolas Salviatti.


Tout change avec la Révolution. En 1790, l’Assemblée constituante interdit les vœux religieux en France, supprime les congrégations et nationalise les biens du clergé. A Lyon, les frères furent dispersés, le couvent puis l'église détruits pour laisser place sous l’Empire au premier hôtel de préfecture du Rhône, aujourd’hui remplacé par des immeubles. Il ne reste plus rien des bâtiments, seule la toponymie en garde le souvenir : rue du Confort – pour Notre-Dame du Confort – et place des Jacobins – surnoms donnés en France aux Dominicains – dont la partie sud était occupée par l’église disparue. On peut toutefois trouver au 1 rue Emile Zola les vestiges de la porte d’entrée du couvent sculptée au XVIIIe siècle.

 

Pour découvrir la place des Jacobins au XVIIIe siècle : Projet Lyon-en-1700

 

Un nouveau départ aux Brotteaux


Henri-Dominique Lacordaire, célèbre prédicateur parisien, réintroduisit les Dominicains en France en 1841. Il fit rapidement des émules, dont le Lyonnais Marie-Ambroise Potton. Fils de soyeux, il était ami d’enfance de Camille Rambaud qui fut l’instigateur de la refondation lyonnaise de l'ordre des prêcheurs. 

En 1856, une terrible inondation frappe la ville, en particulier le quartier pauvre de la Guillotière alors en pleine expansion vers les terrains vagues et marécageux des Brotteaux. Camille Rambaud décide alors de se consacrer entièrement au soutien des pauvres, fondant une cité ouvrière consacrée à l’Enfant-Jésus, dite Cité Rambaud ou Cité de l'Enfant Jésus. Aujourd’hui disparue, elle se trouvait entre les Halles Paul Bocuse et l’avenue de Saxe, à l'actuel emplacement des immeubles Zumbrunnen du 100 cours Lafayette . 

Cherchant à fournir un soutien spirituel aux habitants de ce quartier défavorisé, Camille Rambaud se tourne vers les Dominicains. Le projet d'un nouveau couvent naît rapidement dans le voisinage. Construit en quelques années sur un terrain acheté aux Hospices civils de Lyon situé à l’angle de la rue Bugeaud et de la rue Tête d’Or, le couvent accueille ses premiers frères pour la fête de Noël 1856. 

Ces premiers frères jouent un rôle actif dans le renouveau du catholicisme lyonnais du XIXe siècle, fondant des confréries, soutenant les groupes d’adoration et revivifiant la prière du Rosaire, prenant en charge le collège d’Oullins. Les soubresauts des relations mouvementées entre la IIIe République et l’Eglise en France entraînent plusieurs fois le départ des frères, puis leur retour définitif au lendemain de la Première Guerre mondiale. La construction du couvent de la Tourette à Éveux dans les Monts du Lyonnais en 1960 par Le Corbusier renforce encore la présence dominicaine autour de Lyon.

 

Une église dominicaine


Une fois installés à Lyon dans leur couvent, les frères dominicains s'attèlent rapidement à construire une église attenante. Le choix est fait de la dédier au Saint Nom de Jésus, une dévotion propre à l’ordre des frères prêcheurs.

L’église est l’œuvre de l’architecte lyonnais Louis Bresson, en étroite collaboration avec le prieur, le Père Antonin Danzas, disciple de Lacordaire et fondateur de la province dominicaine de Lyon. Artiste amateur, le religieux dessina les cartons des vitraux de l’église, exécutés par des frères convers - de simples frères qui ne sont pas prêtres et dédiés à la vie matérielle du couvent, en particulier Joachim Durif, aidé de quelques ouvriers.

Le chantier progresse rapidement entre 1857-63 et 1877-1880. La consécration, retardée par les évènements politiques, a finalement lieu en 1900. 

Construite en solide blocs de pierre capables de résister aux crues du Rhône - les Brotteaux sont un ancien quartier marécageux - l’église se présente comme un vaste vaisseau de calcaire. Sa taille importante s’explique par la rapide expansion de la prière du Rosaire, prêchée activement par le Père Augustin Chardon, dans le sillage de la Bienheureuse lyonnaise Pauline Jaricot, dont plusieurs reliques sont conservées au couvent. Le choix de l’architecture néo-gothique s’explique par le désir de se rattacher à l’époque de la fondation de l’ordre et de l’arrivée des premiers frères à Lyon.

Notre-Dame du Confort et la place des jacobins au XVIIe siècle © Clément SavaryNotre-Dame du Confort et la place des jacobins au XVIIe siècle © Clément Savary
Saint-Nom-de-Jésus, vue depuis la rue Tête d'Or © Wikicommons SymacSaint-Nom-de-Jésus, vue depuis la rue Tête d'Or © Wikicommons Symac
Saint-Nom-de-Jésus, abside © Clément SavarySaint-Nom-de-Jésus, abside © Clément Savary
Saint-nom-de-Jésus, chapelle de la Vierge © Clément SavarySaint-nom-de-Jésus, chapelle de la Vierge © Clément Savary
Saint-Nom-de-Jésus, vue extérieure © Clément SavarySaint-Nom-de-Jésus, vue extérieure © Clément Savary

La chaire, instrument essentiel de la mission des prêcheurs, fut sculptée par Joseph-Hugues Fabisch – le sculpteur de la Vierge de Lourdes – mais disparut au milieu du XXe siècle. Autour de la nef centrale, deux bas-côtés sont dédiés aux dévotions de la communauté. Au nord, saint Dominique et saint Thomas d’Aquin, au sud, la Vierge et le Saint-Sacrement, lieu de réunion des confréries liées à la communauté. Au fond de l’abside, l’ancien sanctuaire fut surélevé pour rendre visible le maître-autel depuis la nef, par de-là le chœur des frères qui était alors fermé par des stalles.


L’ensemble assez sobre de l’architecture et des autels de pierre est relevé par la richesse des vitraux. Les coloris variés, l’expression calme et majestueuse des figures représentées et une certaine liberté des postures vis-à-vis de leur cadre donne à l’ensemble un caractère original. Chaque lancette - ouverture haute et étroite typique du style gothique - est dédiée à une figure de la sainteté dominicaine, formant une ronde de saintes et de saints couronnant l’édifice et entourant l’assemblée et la communauté.

 


Pour découvrir la communauté

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