L'Eglise est-elle misogyne ? Rencontre avec la théologienne Anne-Marie Pelletier
Si les femmes sont en déficit de reconnaissance au sein de l'institution ecclésiale aujourd'hui, c'est en partie à cause des préjugés anthropologiques qui teintent les Ecritures. Il est crucial de démanteler les stéréotypes culturels qui défigurent le message chrétien, et parasitent la théologie, pour "libérer le dynamisme de l'Evangile de ce qui l'entrave, le tire en arrière". C'est cette tâche que poursuit la théologienne Anne-Marie Pelletier, que nous avons interrogée en public à la librairie UOPC.
L’Eglise catholique apparaît à beaucoup empêtrée de misogynie. Elle renvoie l’image difficile d’un féminin en déficit de reconnaissance, qui reste immobilisé dans des stéréotypes souvent provocateurs, dans une institution massivement masculine, qui tient les femmes à distance de la gouvernance, des charges liturgiques, de la prédication
écrit la théologienne Anne-Marie Pelletier dans son dernier livre, L’Eglise et le féminin (Salvator).
Si les femmes sont en déficit de reconnaissance au sein de l'institution ecclésiale aujourd'hui, c'est en partie à cause des préjugés anthropologiques qui teintent les Ecritures. Il est donc crucial de démanteler les stéréotypes culturels qui défigurent le message chrétien, et parasitent la théologie, pour "libérer le dynamisme de l'Evangile de ce qui l'entrave, le tire en arrière". Ainsi, les réticences actuelles à accorder aux femmes une véritable place dans les prises de décision et dans l’annonce de la parole s’enracinent dans un inconscient chrétien, lui-même ancré dans un passé lointain. Anne-Marie Pelletier lutte dès lors contre l’essentialisation du féminin : qu’elle soit méprisante ou exaltante, toute identification de la femme à des qualités et des valeurs (humilité, intériorité, douceur…) implique forcément une hiérarchie.
Grâce à sa double formation, en lettres et en sciences des religions, elle se livre à une lecture affutée des Ecritures, pour y démêler la part culturelle, marquée par une certaine idéologie du temps, de sa part spirituelle, révélatrice d’une vérité divine. Engagée dans le débat public et membre de la commission sur le diaconat féminin instituée par le Pape François, Anne-Marie Pelletier plaide pour briser l’entre-soi masculin au sein de l’Eglise. « Repenser la « place des femmes dans l’Eglise » », écrit-elle, « revient à repenser en fait l’ensemble des places dans le corps ecclésial ».
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