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L'art et la nature unis pour deux jours : retour sur un colloque inspirant à Rouen

L'art et la nature unis pour deux jours : retour sur un colloque inspirant à Rouen

Un article rédigé par Emma Buchet - RCF Haute-Normandie, le 27 novembre 2025 - Modifié le 2 décembre 2025

Les 23 et 24 octobre derniers, dans le cadre du vingtième anniversaire de sa création, l’association diocésaine Art & Culture, Courant d’Art, a organisé avec l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, un colloque intitulé « Art et environnement, une alliance par nature » consacré aux rapports qu’entretiennent dans notre société ces deux concepts. 

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Un colloque à la croisée de plusieurs disciplines, entre philosophie, histoire de l'art et écologie, nourri d'interventions de chercheurs, artistes et passionnés venus questionner le lien profond entre nature et création. 

Quand l'homme contemple la nature

Pour ouvrir le bal Jérôme Chaïb, consultant en environnement, patrimoine et tourisme, a proposé une réflexion sur les origines de l'art et son interprétation de la nature. "Dès le paléolithique, l'art s'exprime dans les grottes, représentant les sources de vie et de savoir", a-t-il rappelé. Selon lui, la nature s'incarne dans l'art à travers les animaux, la flore ou encore les paysages, depuis les fresques anciennes jusqu'aux Fables de la Fontaine. L'intervenant a également introduit une dimension philosophique : "Seul l'homme contemple la nature. Elle n'est pas faite pour être admirée, mais pour nourrir et perpétuer la vie". Dans la même veine, Jean-Marie Nicolle, philosophe français, a exploré la beauté de la nature à travers le prisme de la souffrance humaine. En s’appuyant sur la pensée de Charles Darwin, il a montré comment la contemplation du vivant  naît du contraste entre la dureté de l’existence et l'harmonie du monde naturel. “La beauté, au fond, est un charme utile à la reproduction”, a-t-il ajouté avec conviction rejoignant ainsi la vision de Jérôme Chaïb. 

Le sacré entre Dieu et la nature

Le thème du sacré fut abordé par le Père Pascal Wintzer, archevêque de Sens-Auxerre. Pour lui, “le sacré ne peut être touché”. Il a décrit une harmonie parfaite entre Dieu et la nature, une relation pure et sans emprise. On peut parler ici de symbiose. 

Pierre-Albert Castanet, compositeur et professeur de musique a quant à lui illustré la diversité des formes artistiques par un parcours allant de Jean-Claude Risset et sa musique numérique à Gaston Bachelard, dont les éléments naturels inspirent des images poétiques dominantes. 

Nature et monuments : entre art et mémoire

Parmi les temps forts du colloque, la conférence de Diederik Bakhuys, conservateur au musée Custodia et ancien conservateur au musée des Beaux-Arts de Rouen, a retenu l’attention. Son intervention, “le monument et la nature : dessiner sur le motif au XVIIIe et XIXe siècle” proposait d’explorer la relation entre architecture et végétation. “Représenter des monuments envahis de végétaux, c’est évoquer le passage du temps et la redécouverte de ces lieux par les explorateurs”, a t-il expliqué. Selon lui, cette dimension temporelle et poétique tend aujourd'hui à s’effacer, rendant d’autant plus précieuse la mémoire des œuvres. 

Dans une démarche plus sensorielle, Jean-Marc de Pas, sculpteur et paysagiste a invité les participants à visiter son jardin des sculptures, situé à une 30e de km de Rouen. Ses œuvres, en parfaite communion avec la nature, évoquent les éléments et les temporalités du jour dans un cadre empreint de spiritualité.

 

La flore sculptée et les paysages changeants

Le second jour du colloque s’est tenu au Conseil régional de Rouen, sous la présidence de Iliana Kasarska, professeure à l’Institut Catholique de Paris - Campus de Rouen. Son intervention : “La flore sculptée des églises gothiques : rôle décoratif ou symbolique ?”  a plongé le public au cœur de l’art médiéval. “Comprendre les scènes bibliques passe par le cadre naturel", a t-elle expliqué. Du XIIe au XIIIe siècle, les sculpteurs ont peu à peu remplacé les feuilles d’acanthe par des chênes et des églantines, donnant à la flore un sens spirituel et symbolique. En tant que présidente de séance, Iliana Kasarska a souligné “le plaisir d’assurer les transitions entre les interventions et de faire vivre les échanges”. L’organisation du colloque, préparée plus d’un an à l'avance, témoigne de cette rigueur universitaire. 

Jeanne-Marie David, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Rouen et également professeur d’université a ensuite abordé “l’impressionnisme face aux paysages en mutation”. Elle a mis en lumière la manière dont les artistes comme Turner, Pissaro ou Monet, ont cherché à saisir la nature changeante de leur époque : “les mutations des paysages sont des marqueurs de l’histoire et de la sensibilité d’un temps”.

Un temps d’apprentissage et d’inspiration

Pour les étudiants présents, ce colloque fut une expérience enrichissante, mêlant découvertes artistiques et échanges intellectuels. Assister à des conférences menées par des chercheurs et artistes passionnés permet de mieux comprendre les liens entre l’art, la nature et l’esprit humain. Une alliance, décidément par nature. 

 

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