« Close » de Lukas Dhont : la tendresse est le mot clé de ce 3e film belge en compétition
Avec « Close » de Lukas Dhont, c’est le troisième film belge en compétition qui a été présenté ce jeudi soir, à Cannes. On se souvient que le cinéaste flamand avait remporté en 2018 la Caméra d’Or récompensant un réalisateur venu présenter à Cannes son premier long-métrage. Il y parlait d’un jeune homme, encore adolescent, rêvant d’une carrière de danseur et de devenir une jeune fille.
Cette fois, Lukas Dhont se penche sur la période antérieure à l’âge de l’adolescence en suivant deux garçons à la lisière de l’enfance, Léo et Rémi, deux amis qui s’invitent l’un chez l’autre pour jouer aux chevaliers, manger en famille, dormir ensemble aussi. Il les suit dans leurs promenades à vélo, leurs courses dans la campagne, leurs conversations chuchotées avant de s’endormir mais aussi dans des champs de fleurs donnant à son film les couleurs et les accents d’un tableau de Monet.
Jusqu’à ce que les deux amis se heurtent au regard des autres, à l’école, et y réagissent différemment, creusant entre eux le début d’un fossé.
En conférence de presse, ce vendredi matin, Lukas Dhont a d’abord expliqué comment il avait vécu la gestation de son second film après le succès de la Caméra d’Or : « J’ai voyagé puis me suis retrouvé devant la fatidique page blanche. Je n’avais plus l’insouciance de mon premier film, il y avait désormais plus d’insécurité. C’est ma mère qui m’a donné la confiance pour aborder ce sujet de l’enfance, l’étape d’avant Girl ».
Un peu à l’instar des frères Dardenne, Lukas Dhont n’a pas son pareil pour débusquer de jeunes comédiens amateurs. « J’ai consacré beaucoup de temps au casting. Un jour, j’ai réuni douze à treize enfants et je les ai observés pendant qu’ils jouaient. Je voulais voir entre les quels deux jeunes garçons il y aurait une sorte de chimie qui s’opère. Je ne pouvais pas leur imposer cela, il fallait que ça vienne d’eux, qu’ils s’entraident spontanément, qu’une complicité s’instaure entre eux ».
Après, il restait à la diriger. « J’ai passé beaucoup de temps avec eux, poursuit Lukas Dhont, en allant au restaurant, pour qu’ils apprennent à se connaître et pour moi-même apprendre à les connaître. Après, on ne dirige pas deux enfants comme on dirige des acteurs professionnels, il faut leur laisser beaucoup de liberté pour qu’ils s’expriment pleinement ».
Eden Dambrine et Gustav De Waele sont les heureux élus et font preuve déjà d’une belle maturité, d’une belle assurance, confiant qu’un coach les avait beaucoup aidés sur le tournage, ainsi que leurs mamans de cinéma dans le film, Emile Dequenne et Léa Drucker. « Avec les deux garçons, c’est plus brut, c’est à nous, les actrices professionnelles, à nous adapter à leur spontanéité, à leur insouciance, parfois on ne sait plus très bien s’ils jouent ou pas » a confié une Emile Dequenne radieuse, Léa Drucker précisant quant à elle que « avec les deux garçons, c’était de l’émotion pure, il n’y avait pas place pour de la technique d’acteur ».
De ce film « Close », on retiendra la véritable tendresse avec laquelle Lukas Dhont film ces deux gamins : « La tendresse, c’est le mot clé de mon film, confie encore le réalisateur. Que ce soit entre amis ou entre frères, à l’âge de treize ans, on vit l’amitié comme on vit une histoire d’amour plus tard ».
Au Festival de Cannes, Pierre Germay.
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