Benoite-Vaux : cœur spirituel de la Meuse

Bernard Foliot,  enfant du pays, passionné d'histoire locale, Nanou Bouillet déléguée de pays de la fondation du patrimoine de la Meuse, soeurs  Sabine et Marie-Thérèse nous accompagnent dans la découverte de ce havre de paix.

 1) le coup de coeur
Bernard profite de cette journée froide et ensoleillée de novembre pour nous montrer sur la façade les 4 évangélistes : le tétramorphe, avec leurs symboles respectifs.
Nanou  a particulièrement apprécié les ex-voto sous forme de petits cœurs à l'intérieur desquels se trouvent des vœux à la vierge.
Pour les sœurs, le coup de cœur du jour : c'est ce lieu reposant, apaisant qui permet aux visiteurs de se ressourcer, de déposer auprès de la vierge leurs préoccupations et repartir ensuite.  

2) l'histoire de Benoite Vaux
En 1140, Albéron de Chiny, comte-évêque de Verdun, ami de St Bernard et St Norbert de Xanten accorde aux prémontrés (norbertins), le lieu-dit Martin-Han (hameau). Les moines de  l’abbaye de l’Étanche le rebaptisent Benedicta vallis (Benoîte-Vaux) dont le nom est moins connu que celui de Clairvaux (Clara vallis). 
Ils installent leur monastère près d’une fontaine et une statue de la Vierge dans leur modeste chapelle maintes fois restaurée. En 1331, un incendie endommage l’église.

La légende veut que des bûcherons entendirent des voix célestes chantant l'Ave-Maria et, se dirigeant vers l'endroit d'où provenait cette mélodie angélique, ils découvrirent près d'une source une statue de la Vierge. Un ermite nommé Martin en aurait eu la garde, puis des prêtres jusqu'au jour où l'affluence de pèlerins nécessita un lieu de culte plus important. Benoite-Vaux fut un des grands sanctuaires protégés par les ducs de Lorraine, en particulier René II, et par les ducs de Guise et de Bar-Lorraine. 
Une église fut construite sous le vocable de l'Annonciation de la Vierge. Elle est plusieurs fois remaniée et agrandie jusqu'au XVIIe siècle. 

. En 1638, pendant la guerre de Trente Ans, la statue est mise à l'abri au château de Neuville-en-Verdunois par Barbe d'Ernecourt, dame de Saint-Baslemont, femme de guerre surnommée "l'amazone chrétienne". 

Le pèlerinage est administré par les pères prémontrés jusqu'à la Révolution (1791).
La statue primitive, brisée en 1793, sera remplacée après la Révolution par la statue surmontant la source, elle aussi très ancienne et ressemblant à la statue originelle.

Les pèlerinages depuis Nancy
Après la Guerre de Trente Ans, les Prémontrés agrandissent et embellissent le sanctuaire qui voit défiler près de 400 paroisses décimées par un conflit qui causa la mort de 50 à 75 % des populations barroise et lorraine.

3) l'église de l'annonciation de la Ste Vierge       

La vierge  en bois du XIV ème :   Elle tient dans sa main droite une pomme rappelant peut-être celle mangée par Eve au Paradis Terrestre devenue symbole du péché des hommes. 
Sur son bras gauche, elle porte l'enfant Jésus, le fruit offert par Dieu pour la Rédemption du monde. Le Christ demande à ses disciples de rejeter  le péché et Le choisir Lui  comme guide et comme modèle. La Vierge est au centre de cette démarche de conversion.             

D'architecture composite datant  de l'époque de Louis XIV, La façade occidentale de style toscan est surmontée d'un tympan représentant le Christ remettant les clés à St Pierre. 4 niches des évangélistes sont majestueuses. Le soleil rasant de novembre nous permet de contempler cette façade telle un livre ouvert de catéchisme.

La décoration intérieure est de style classique. La statue de la Vierge est exposée dans une niche à coquille, encadrée par un retable à double colonne. De chaque côté, des niches carrées abritent les statues de saint Augustin, de saint Norbert, de saint Pierre et de saint Paul. Saint Norbert, reconnaissable à l'ostensoir, est le fondateur de l'ordre des prémontrés qui ont animé le pèlerinage jusqu'à la Révolution.
Ceux-ci suivent la règle de saint Augustin, représenté avec un cœur dans la main, symbole de l'amour. Quant aux apôtres Pierre et Paul, ils sont là pour manifester l'attachement des fidèles à l'Église romaine. L'église renferme également un maître-autel fait de marbre, d'onyx et de cuivre doré, donné à la paroisse en 1889 par la duchesse de Clermont-Tonnerre.

La nef de l'église est coupée en 2 par un jubé, le seul qui existe encore en Meuse, destiné à isoler le choeur des moines. 
"Ce jubé est surmonté d’un crucifix accompagné des statues de la Vierge et de saint Jean. Il peut être fermé par une porte en fer forgé." 
Il tient son nom du premier mot de la formule latine « jube, domine, benedicere » (« daigne, Seigneur, me bénir ») qu'employait le moine-lecteur avant les leçons de matines 
50 subsistent  en France sur 40 000 églises et  "la moitié dans les églises de Bretagne". Rappelle Nanou.     

- les Ex Voto
Une partie des murs de l'église est tapissée de plaques rappelant les bienfaits reçus ici par l'intercession de Notre-Dame. Il y en a plus de trois cent cinquante. Un ex-voto rend hommage à Mme de Saint-Balmont, Alberte-Barbe d’Ermecourt, épouse de Jean-Jacques de Haraucourt, Seigneur de Saint Balmont, qui sauve le 29 juin 1638 la statue de Notre-Dame de Benoîte-Vaux.
Une autre plaque rappelle que la paroisse a été préservée de l'invasion allemande en septembre 1914, les troupes étant stoppées au fort de Troyon et à Heippes. Ces ex-voto témoignent de la reconnaissance des habitants envers Notre-Dame de Benoîte-Vaux : la Vierge est le salut des infirmes, le secours des chrétiens, la consolation des affligés, le refuge des pécheurs et la protectrice des foyers.

Dalle  funéraire : Antoine de L'escale, seigneur de Longchamps et son épouse Marguerite de Condé  bienfaiteurs.  Ils donnent 20 000 livres pour restaurer l'église et assurer la résidence de 3 religieux pour la desservir. 
Les 2 petits autels de jubé portent leurs armes et la statue de leurs saints patrons  Ste  Marguerite et St Antoine. 

4)La Fontaine    La source primitive située au chevet de l'église, dans la cour du monastère, a été déplacée à cause de la clôture monastique. Un monument néogothique l'abrite. Il est dû à la générosité d'un converti, Joseph Sauce, domestique du châtelain de Thillombois. Inauguré en septembre 1846, il est surmonté par une statue offerte par Claude Rollet, archiprêtre de Bar-le-Duc. Cette statue est une réplique de celle qui existait au XVIe siècle et qui avait été détruite en 1793, pendant la Révolution
5)  la  paroisse
Soeur Marie-Louise nous explique que Benoite-Vaux fait partie de la paroisse Val de Marie, (31 clochers), une équipe anime le sanctuaire. On peut assister aux laudes, au chapelet et aux vêpres le dimanche après-midi. La position centrale dans le département fait que le sanctuaire est toujours fréquenté. Le dimanche la messe est à 11 h.   

6)  Notre Dame du TGV 
Lors de la construction de la ligne TGV Est Européenne, les ouvriers ont été hébergés au presbytère. En remerciement, ils ont érigé un oratoire dédié à Notre-Dame du TGV qui a été béni le 30 juin 2004 en présence du Père Pierre Toussaint, recteur de la basilique et se situe à proximité du sanctuaire 

Conclusion :  Une belle rencontre, en ce frais mais ensoleillé samedi de novembre 
Benoite-Vaux mérite une visite l'été bien sûr mais le calme automnal et hivernal est aussi propice au recueillement.  A suivre dans notre prochaine émission 
Etienne  22 novembre 2025