Art contemporain : le portrait à la Une à Rennes avec Exporama
La capitale bretonne accueille le festival Exporama, un événement culturel estival proposant deux expositions phares. Une rétrospective dédiée à l'artiste Claire Tabouret à voir au musée des Beaux-Arts, tandis que le Couvent des Jacobins présente "Les yeux dans les yeux", l'exposition biennale du fonds Pinault. Avec une thématique commune : le portrait.
Exporama à RennesC’est devenu une habitude à Rennes. Tous les deux ans, la capitale bretonne accueille, le temps d’un été, une sélection des œuvres de la collection personnelle du milliardaire breton François Pinault.
L'exposition Pinault : Les yeux dans les yeux
L'exposition est centrée sur le portrait, un choix significatif puisque "sur 10 000 œuvres, il y en a plus de 5 000 qui représentent la figure humaine" dans la collection, précise le commissaire d'exposition, Jean-Marie Gallais. Le titre Les yeux dans les yeux souligne son thème principal : le regard, qui est "central dans cette histoire".
Des œuvres de photographes comme Annie Leibovitz, qui "fabrique ses portraits en discutant longuement avec ses modèles", sont exposées. Un Brad Pitt dans une posture lascive ou Meryl Street qui malaxe étrangement son visage.
L'occasion d'admirer les œuvres d'un nom qui circule beaucoup dans le monde de l’art contemporain, celui de Cindy Sherman, qui déconstruit les stéréotypes féminins par ses autoportraits.
L'exposition ouvre un dialogue entre les styles, les œuvres et les époques qui porte un regard malicieux ou satirique sur les faux semblants, les masques.
Les yeux dans les yeux accorde une grande place à la peinture figurative. Il faut s’arrêter sur ces portraits fantomatiques de Luc Tuymans, les yeux expressifs des personnages de Lynette Yiadom-Boakye ou l’émotion des silhouettes chez Victor Man.
Cette émotion est un "fil rouge" de la collection, l'exposition se voulant un "grand puzzle pour nous raconter des histoires de portrait", estime Jean-Marie Gallais. Le portrait est ici perçu comme un moyen d'"échapper à la mort" et de "figer le temps".
Claire Tabouret : entre la mémoire et l'oubli
Commissariée par Claire Lignereux, cette exposition est la "première fois qu'un musée français lui consacre une quasi-rétrospective", confie Claire Lignereux. L'artiste française, une "star de la peinture contemporaine figurative", explore la figure humaine à travers divers médiums et formats.
Claire Tabouret est une artiste star de la peinture contemporaine figurative. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2006, puis repérée par le collectionneur François Pinault en 2013, c’est elle qui a été choisie pour créer les futurs vitraux de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.
A travers des peintures monumentales, comme son tableau Les insoumis, qui représente une assemblée d'enfants qui ont des "regards assez durs", et interroge les "identités flottantes", car pour Claire Tabouret, il est "impossible de figer l'identité de quelqu'un".
La série des Pleureuses, première collaboration de l'artiste avec la Manufacture nationale de Sèvres, illustre comment "l'inspiration intime et sa vie privée a une place mais cette place est aussi bousculée par l'actualité du monde". Passant d'une peinture sur vase représentant une femme enceinte, inspirée de la maternité de l'artiste, le vase se mue en urne mortuaire, présentant la figure antique de la pleureuse, qui se lamente sur les victimes innocentes de la guerre.
Ses autoportraits quotidiens à l'encre de Chine, fruit d'une résidence d'artiste pendant un an, fondent un exercice que l'artiste décrit comme "l'essence même du travail", abordant des thèmes universels comme l'identité flottante, la vie et la mort.
