Ne nous voilons pas la face, "Anatomie d’une chute" est un bon film, qui sonne juste et fort. Nous suivons avec entrain le décès tragique d’un père de famille, Samuel, et les conséquences dévastatrices de celui-ci. Suicide ou meurtre ? Sa femme Sandra devient rapidement la principale suspecte. L’intrigue nous guide alors dans les coulisses de la machine judiciaire. Daniel, leur fils de 11 ans malvoyant est un témoin du procès. Si les joutes verbales cocasses rythment le long procès, c’est la chute amoureuse de Samuel et Sandra qui sera disséquée, sans artifices.
"Anatomie d’une chute" rappelle combien le cinéma français est capable de nous émouvoir. La comédienne Sandra Hüller incarne avec brio la veuve, navigant entre le français et l’anglais pour ses dialogues, clamant son innocence et incarnant une femme moderne, libre et forte. Toutefois, le film souffre de sa longueur et manque parfois de rythme. Sans renouveler entièrement le genre ou instaurer beaucoup de suspense, le film n’ennuie jamais. Il emmène le spectateur au cœur du système judiciaire français, une justice en quête de vérité, qui peut broyer. C’est donc un grand film que Justine Triet a fait mais qui nous laisse sur notre faim. Une frustration qui ne l’a pas empêché de gagner la Palme d’Or. "Anatomie d’une chute" reste loin, tout de même, de la claque qu’était la Palme d’Or l’an dernier. "Sans filtre" de Ruben Östlund reste un chef d’œuvre inoubliable. Le réalisateur suédois présidait d’ailleurs le jury pour la sélection Cannes 2023 et a récompensé Justine Triet.
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