51e Festival de Deauville : palmarès d’un festival reflet d’une société traumatisée. Et au petit vent féministe.
C’est ce samedi soir que s’est clôturée la 51e édition du Festival du cinéma américain de Deauville avec la proclamation du palmarès des œuvres du jury présidé par la ravissante actrice iranienne, Golshifteh Farahani.
Les jurés et Kristen Stewart (2e à gauche) © Pierre GermayUn grand gagnant : « The Plague », film sur le harcèlement scolaire
Un film reçoit deux prix et fait figure de grand gagnant, le Grand Prix du Festival et le prix de la critique : il s’agit de « The Plague » (« La Peste » en français), premier film de Charlie Polinger, un film sur le harcèlement scolaire dont est victime un gamin de treize ns d’une école de water-polo. Seul son professeur de sport tente de le défendre d’un jeu qui tourne au harcèlement et peut aller jusqu’à l’automutilation…
De manière générale, les thèmes développés par les cinéastes en compétition ou hors compétition cette année, à Deauville, sont probablement le reflet du monde de fous que nous connaissons aujourd’hui, un monde déchiré et torturé par la guerre, le harcèlement, un passé violent remonté de l’enfance, le surendettement ou les conséquences d’incendies détruisant tout sur leur passage, forêts, maisons et habitants.
Reflet de l’Amérique d’aujourd’hui
Comme l’a rappelé la présidente du jury, ces films sont le reflet de ce que le cinéma nous raconte de l’Amérique d’aujourd’hui. Et probablement ce constat ne s’arrête-il pas de ce seul côté-là de l’Atlantique.
Golshifteh Farahani a aussi évoqué le petit air de rébellion féministe qui a frémi sur Deauville cette année, un air qui aura visiblement plu aux jurés qui ont récompensé, par ailleurs, deux premiers films réalisés par deux actrices déjà renommées.
Kristen Stewart et Scarlett Johansson, deux stars qui s’affranchissent d’Hollywood
Il y a d’abord le prix du jury révélation présidé par l’acteur et réalisateur Jean-Pascal Zadi qui est allé au premier film derrière la caméra de l’actrice Kristen Stewart, « The Technology of Water », inspiré librement des mémoires de Lidia Yuknavitch, une jeune femme marquée par des maltraitances, y compris sexuelles, durant son enfance, au sein de sa famille.
Comme l’a expliqué Jean-Pascal Zadi, c’est là un film qui montre la fracture entre les rêves que l’Amérique ne cesse de véhiculer et la réalité d’aujourd’hui, prouvant au passage le courage d’une actrice déjà au faîte de la gloire comme Kristen Stewart qui tourne le dos aux grands studios, démontrant par là la belle vitalité d’un cinéma américain indépendant.
Il y a ensuite le prix du public de la ville de Deauville décerné au premier film derrière la caméra de l’actrice Scarlett Johansson, « Eleanor the great », l’histoire d’une vielle dame de 94 ans qui se dit rescapée de l’Holocauste, empruntant en fait son récit à l’amie qui vient de mourir après onze ans de vie commune.
Des stars, mais pas les plus grandes
Si cette 51e édition du Festival a été marquée par le passage de stars venues d’Outre-Atlantique comme Pamela Anderson, Kim Novak ou Kristen Stewart, on est tout de même assez loin de l’époque, il est vrai lointaine, où Deauville accueillait des De Niro, Coppola, Spielberg, Nicholson et autres Méryl Streep ou Julia Roberts.
"Vie privée"
Et c’est par la projection de « Vie Privée » de Rebecca Zlotowski que s’est refermé le Festival. Si les rôles principaux tenus par Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Vincent Lacoste ou Mathieu Amalric présageaient d’un film alléchant, l’histoire de cette psychiatre qui mène l’enquête après le suicide d’une de ses clientes est apparue bien trop alambiquée. On retiendra tout de même la belle performance de l’Américaine Jodie Foster qui a tourné le film en français, sans se faire doubler !
Rendez-vous est pris dans un an pour la 52e édition du Festival du cinéma américain. Sans oublier d'ici-là de fréquenter les salles de cinéma, car c'est là que s'expose le vrai cinéma, sur grand écran.
