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Lacordaire: Tout était bon 2/5

RCF Hauts de France, le 17 novembre 2020 - Modifié le 27 février 2024
Avec le frère Nicolas Burle, nous partons à la découverte des grandes prédications du Frère Henri-Dominique Lacordaire, dominicain. (1802-1861)

2. Tout était bon

Henri Dominique Lacordaire est le plus grand prédicateur que la France ait connu aux temps modernes. Sa parole est vivace comme le feu, venant s’enrouler à travers l’oreille jusqu’au cœur de chacun de ses auditeurs. Que l’on s’imagine la scène en 1835, il a 33 ans : Notre-Dame remplie de fidèles et de curieux. Et la parole qui, comme un cri lancé de la chaire, se répand par vagues puisque chacun doit se retourner pour répéter les mots du prêcheur à son voisin afin que le sermon parvienne jusqu’au bout de la nef. Spectacle grandiose de la parole qui se multiplie de bouche en bouche depuis la cathédrale dans toute la France.
Je crois que cette vie est un chemin, que cette lumière est une ombre, que ce monde est un prélude ; je crois que la vie c'est Dieu, que la lumière c'est Dieu, que le monde c'est Dieu. Et je crois de toute mon âme, au prix de mon sang s'il le faut, je crois que Dieu nous a créés pour vivre de Lui, pour nous éclairer de lui, pour trouver en lui la substance dont tout ce que nous voyons n'est qu'une image incapable et douloureuse. C'est ma foi, c'est celle que je vous annonce, et pour la combattre, il faut la prendre telle qu'elle est, et non pas telle que vous la faites dans les injustices et les découragements de votre esprit.
Dieu n'a pas créé des individus isolés, ni même des mondes, il a créé un monde unique où tous les êtres s'enchaînent par des rapports de dépendance et de services mutuels, et dont un seul ne peut être retranché sans que tous les autres ne souffrent de ce retranchement. Supprimer un homme, c'est supprimer une race. Supprimer un méchant, c'est supprimer un peuple de justes qui sortiront de lui. Car le bien et le mal s'entrelacent dans la suite mobile de l'humanité. Un fils vertueux succède à un père coupable, et l'aïeul contemple trop souvent dans ses lointains rejetons des crimes qu'il n'a pas connus. Adam prévaricateur renfermait aux yeux de Dieu toute la postérité des saints.
Dieu n'avait pas à choisir entre créer ou ne pas créer un méchant, mais entre créer ou ne pas créer des générations entremêlées de bien et de mal ; et comme toutes présentaient ce mélange à son regard fatidique, il avait à choisir entre créer l'univers et ne rien créer du tout. Que serait-ce si on vous donnait le choix à vous mêmes d'anéantir l'univers ou de le créer? Car, telle est la question qui a été pesée dans les conseils de Dieu.
Dieu l'a jugée, et le ciel et la terre vous disent comment il l'a jugée.

Vous pouvez la juger autrement ; vous pouvez vous plaindre de la vie, et ne pas estimer qu'elle soit un si grand don. Mais sachez-le, la vie dont vous vous plaignez, ce n'est pas celle que Dieu vous a faite, c'est la vie que vous vous faites à vous mêmes. Vous en avez retranché Dieu, et vous vous étonnez qu'elle ne soit plus rien. Vous avez produit le vide dans votre âme, et vous vous étonnez que l'infini vous manque. Vous avez couru après toutes les misères et vous vous étonnez de n'être plus que doutes, ténèbres, amertume, affliction. Ah! Revenez, revenez à la vie, reprenez vos droits dans la création par le courage de la foi, par la sainteté de l'espérance, par la divinité de l'amour, et alors, reportés à votre place et à votre gloire dans les harmonies universelles, vous redirez avec tous les mondes le témoignage que Dieu s'est rendu à lui même après qu'il eut achevé son œuvre : Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et tout était bon.

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