1946. Adrien rentre au pays après quatre ans passés en Allemagne. La perspective de retrouver sa femme et la sœur de celle-ci, deux mégères qui lui mènent la vie dure, le fait reculer au dernier moment. Adrien va demander asile à son frère jumeau, Guste, qui vit d’expédients dans une cabane à l’écart du village. Pour subsister, Adrien va la nuit prélever des volailles, des légumes, des fruits dans la ferme des sœurs Bernardon. Mais leur verger est aussi la cible des chapardages de deux bandes d’enfants rivales. Commencée comme une farce, la guerre des maraudes nocturnes va tourner au drame, précipitant le village dans le chaos…
Jérôme Deliry - « La maraude » - Calmann-Lévy - 18 € 90
Après avoir été chef d’entreprises à 25 ans, Jérôme Deliry s’est offert un voyage autour du monde avec femme et enfants (« Sept enfants autour du monde »). Devenu avocat il a conservé sa passion pour l’aventure, l’aventure littéraire en particulier. Après « Une rivière trop tranquille » et « L’Héritage de Terrfondrée » voilà son dernier roman « La maraude »
Après trois ans de Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, puis après avoir été traîné par les Bolcheviques aux confins de la Sibérie, Adrien est enfin libéré. Renvoyé en France dans un wagon à bestiaux - « hommes 40 chevaux en long 8 » - le voilà enfin à Chalon-sur-Saône à la porte de sa ferme. Ou presque.
Car à l’ancien prisonnier se pose alors cette question existentielle : « J’y va-t-y, j’y va-t-y pas ? ». En effet à la ferme l’attendent toutes griffes dehors, sa femme, mais aussi sa belle-sœur qu’il a touchée en prime - pardonnez l’expression - quand il a marié Gabrielle. « Deux pour le prix d’une » avait rigolé le chœur des villageoises rajoutant goguenard « La bague au doigt et le fer au pied ». Les Bernardon donc, deux mégères non apprivoisées, des dures à cuire, dures au mal, dures au boulot qui n’ont jamais vu dans Adrien qu’un ouvrier agricole au rabais. Gratos, même.
« J’y va-t-y, j’y va-t-y pas ? », arrivé à deux kilomètres de « la prison conjugale », Adrien hésite encore et décide de faire étape chez le Guste, son frère jumeau. Un simple mais pas un simplet - faut pas confondre - qui vit dans une cabane au bord d’un étang. Un spécialiste des plantes et des tisanes, des concoctions et des décoctions, des infusions et des macérations. Des potions magiques dont l’ancien pharmacien du village lui a appris les secrets et qu’il fait boire à tous ceux qui sont malades de la tête, du foie ou de la rate.
Prêt à affronter les tigresses ? Pas si sûr car au village la guerre est déclarée entre deux bandes rivales. La guerre des boutons certes mais la guerre quand même. On a découvert un corbeau crucifié sur la porte de l’église comme jadis les chouettes effraies ou chats-huants sur les portes des granges. Pire, Ernest le boulanger aurait vu accrochée sur le monument au mort cette pancarte qui ouvre la porte à tous les délires : « Le Boche vous surveille ».
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