Depuis le "Discours de la méthode" et l'enthousiasme de Descartes pour les progrès de la science, la médecine se trouve confrontée à un nouveau type de questionnements. À trop exalter l'idée de l'efficacité technique, on a tendance à croire que l'expérience de l'humain malade ne serait que technique ou biomédicale. C'est ce que soulève Jean-Philippe Pierron dans "Vulnérabilité. Pour une philosophie du soin" (éd. PUF), réédité en 2014.
"On soigne avec plus d'expertise mais pas forcément mieux." L'être humain fragilisé par la maladie affronte ce que le philosophe appelle des "représentations de soi", où l'estime de soi peut être mise à mal par un "effondrement ontologique". La fragilité physique engendrant des questionnements métaphysiques parfois douloureux. Or, l'améliorations de nos techniques de soin n'effacent pas tout ce qui se joue dans le soin, justement. Jean-Philippe Pierron parle de "l'expérience de l'humain malade".
"Prendre soin de" et / ou "faire des soins". Toute la difficulté est justement de ne pas opposer l'un et l'autre. "Là où le geste est le plus technique ne pas être victime du prestige de la technicité et là où on est plus dans la relation, le défi est de ne pas perdre de vue qu'il y a une forme de technicité." Ce que le philosophe résume par "la question de l'engagement". Quel rapport au patient le soignant entretient-il? Que lui permet-on ou pas d'entretenir?
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