Christian Faure « Mai 68. L’éruption postmoderne » (chez L’Harmattan)
Mai 68 : une révolte étudiante contre une société conservatrice ? Les courants révolutionnaires de mai 68 ont ouvert la voie à des innovations en rupture avec les canons de la modernité, permettant à la « génération 68 » d'accéder au pouvoir et de créer une nouvelle étape : la postmodernité. Étudiant les idées d'alors et l'état de la France aujourd'hui, l'auteur pointe les contradictions et les impasses où la postmodernité a mené la France et l'Occident.
Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor
Christian Faure - Mai 68. L’éruption postmoderne - L’Harmattan - 20 €
Christian Faure agrégé de Lettres Modernes est né à Saint-Étienne. Après avoir enseigné dans le secondaire, il part en Pologne en 1994 pour une mission des Affaires étrangères et en 1997 devient attaché culturel à Saint-Pétersbourg.
Mai 68. Les étudiants couvrent de graffitis les murs de Paris et d’ailleurs pour manifester leur ras le bol de « l’Etat bourgeois » : « A bas le vieux monde » « fermons la télé, ouvrons les yeux ». Ils n’ont connu ni la guerre de 14 ni celle de 40, pas plus que celle d’Algérie et les tubes d’Elvis Presley, des « Beatles » ou de Mick Jagger à la tête des « Rolling Stones » les branchent davantage que la Marseillaise, la Madelon ou le Chant des Partisans.
A travers la cavalcade de slogans qui immortaliseront cette révolte - ou cette révolution, c’est selon - les étudiants vont afficher leur rejet de la société de consommation «A bas la société spectaculaire marchande », clamer leur désir de jouir du temps qui passe « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner », chanter leur utopie « Soyez réalistes, demandez l’impossible », marteler leur volonté de libération du sexe « faites l’amour et recommencez », exalter leur dégoût de la politique « Élections, pièges à cons » … et celui de l’Université « Debout les damnés de l’université », cracher leur haine de la police « CRS . SS » enfin laisser s’épanouir leur ego « Ni Maître, ni Dieu, Dieu c’est moi ».
Dans un style qui n’a rien à voir avec la langue minimaliste du politiquement correct ou incorrect qui fleurit de nos jours, Christian Faure fait le bilan de ce que l’Histoire retiendra de l’esprit de Mai 68.
Passant au tamis les années Mitterrand il fait revivre le temps où - sous les ors de la République - la « Génération 68 » aura l’occasion de mettre en pratique les slogans dont elle s’était fait le chantre treize ans plus tôt. « Il est douloureux de subir des chefs, il est encore plus bête de les choisir » écrivait-elle sur les murs de la Sorbonne.
En juin 2018 Christian Faure mettra un point final à son ouvrage. Dommage ! Il aurait pu attendre un peu et donner son avis sur l’acte suivant de ces contestataires devenus ceux des samedis fluo 2019 et pour lesquels Malraux disait qu’ils lui semblaient « plus proche des anciennes jacqueries que de la révolution ».
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