Alain Gillot "S'inventer une île" chez Flammarion
Alors qu'il est sur un chantier en Chine, Dani apprend que son fils, Tom, 7 ans, s'est noyé. Il rentre pour rejoindre Nora, sa femme. Mais il traverse cette nouvelle réalité en étranger. Son chagrin ne trouve pas sa place, tout comme ses regrets, ceux de s'être si souvent absenté de chez lui. Quel père aura-t-il été en fin de compte? C'est alors que son fils lui apparaît, tel un petit fantôme de chair et d'os, et qu'il lui parle. Ensemble, ils partent pour s'inventer un endroit à eux, leur île.
Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor
Alain Gillot - S’inventer une île - Flammarion - 17 €
Après avoir été bûcheron, chauffeur routier ou encore journaliste sportif, Alain Gillot est aujourd’hui scénariste. « S’inventer une île » - en cours d’adaptation pour le cinéma - fait partie de la dernière sélection du Prix Charles Exbrayat 2019.
«Allo Dani… Allo…Tom est mort. » - « Il était avec sa grand-mère, à la plage. Elle l’a perdu de vue… ». Tom avait sept ans. Il ne portait pas ses brassards. Dani - ingénieur en Chine - saute dans le premier avion pour Paris.
Retour en France. Protocole et cérémonies. Mise en bière, funérarium, crémation, mise en terre. Valse funèbre, valse des invités. Fin des célébrations. Bon voyage à tous. Restent Dani et Nora. Le père et la mère. Elle et lui. « Le face-à-face avec notre peine va commencer ». Huis clos à deux. Dévastation assurée. « Le moment où nous serions tête à tête avec notre deuil est arrivé ». Mais au bord du gouffre chacun vit sa douleur. A sa façon, en solitaire. Nora fait face, Dani dénie. Nora galope, Dani se cabre. « Je ne pouvais pas croire que mon fils se trouvait dans cette boîte, posée sur un chariot à roulettes. »
Dès le lendemain Nora est là, s’occupe, s’active, vide les placards, donne les vêtements à une association, les jouets à une autre et sans attendre repeint la chambre. Deux couches. Dani lui est paralysé par la mort. La mort et son fantôme. Refus de voir son fils au funérarium, refus de lui dire adieu au cimetière, incapacité de commander sa plaque au marbrier. Et le voilà qui saute dans sa voiture et taille la route. Direction Belle-Île. Avec - il le voit, il lui parle - Tom à ses côtés. « La frontière entre la réalité et l’imaginaire, quand on est au bout de tout, est plus fragile qu’on ne le pense. » A Belle-Île, il fera comme si. Lui racontera des histoires, lui achètera un vélo, fera des crêpes au sucre, un château de sable, vivra avec lui des bonheurs que ses voyages au bout du monde n’ont jamais permis de lui offrir.
Mais Nora, si forte, si dynamique, a-t elle la capacité de faire face à un tsunami de ce calibre ? « La vitesse avec laquelle nous étions en train de nous éloigner était effrayante ». Deux êtres aussi différents devant la mort d’un enfant - de leur enfant - peuvent-ils espérer, un jour, regarder dans la même direction ?
Vendredi 20 septembre à 18 heures et à la Mairie de Tarentaise (village), enregistrement public de l’émission « A plus d’un titre » avec Alain Gillot. Après l’enregistrement, repas à 19 h 30 suivi d’une marche-lecture aux flambeaux sur le chemin Charles Exbrayat.
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