Françoise Keller : quand le courage d’être soi devient source de joie

« C’est naturel… mais ça s’apprend » : écouter ses aspirations profondes

Être soi. Une évidence, et pourtant si souvent entravée. Pour Françoise Keller, il y a dans cette quête un double mouvement : à la fois un retour à notre nature profonde — ce qui nous anime, nous touche, nous met en joie — et une exigence de transformation intérieure. « Ce qui est naturel n’est pas toujours habituel », rappelle-t-elle. La société actuelle ne favorise pas l’introspection, encore moins l’expression authentique de nos élans. D’où l’importance d’apprendre à s’écouter, à repérer nos émotions, nos besoins, nos aspirations.

Cela commence par de petits gestes : remarquer une joie, accueillir un malaise, discerner ce qui résonne ou heurte. Une forme de vigilance bienveillante à soi-même, qui devient le socle d’une parole alignée. « J’observe, j’honore ce qui m’habite, j’ose poser une parole, et je respecte aussi l’autre », résume-t-elle.

« Je ne suis pas mes pensées : je suis celle qui peut les regarder »

Cette démarche d’alignement, Françoise la relie à une dimension spirituelle. Être soi, ce n’est pas adhérer à une image figée ou chercher à devenir une “meilleure version” de soi-même. C’est, à l’inverse, accepter le mouvement intérieur de la vie. Un travail d’unification, où l’on apprend à distinguer la peur du désaccord du manque d’amour, à faire confiance à ce qui nous traverse.

Elle évoque cette posture intérieure de témoin : « Je peux voir ma pensée, mon émotion, mon besoin… et je peux choisir, à partir de cet espace en moi qui est paix, compassion et amour. » Une présence à soi qui permet de poser des actes cohérents, au plus près de ce que l’on souhaite vivre et faire vivre aux autres.

Être à soi-même une présence amie 

Une invitation douce et radicale

Cultiver cette fidélité à soi-même, ce n’est pas un luxe ou un développement personnel réservé à quelques-uns. C’est, selon Françoise Keller, une vocation profondément humaine : vivre dans la joie, en relation, en paix. Cela demande du courage, certes — celui de ne plus se fuir, de poser des actes risqués, de faire face à ses contradictions — mais c’est un chemin qui porte des fruits.

Elle partage des outils simples et puissants : se reconnecter à ses rêves, repérer les perles de joie du quotidien, honorer ses limites, avancer par petits pas. Et surtout : ne pas opposer l’attention à soi à l’attention à l’autre. « L’enjeu, ce n’est pas moi ou l’autre. C’est moi et l’autre, pour faire du nous », conclue-t-elle.

Il ne s’agit pas de devenir quelqu’un d’autre. Mais d’habiter pleinement qui l’on est, avec justesse, douceur et joie.