Accueil
« Face à la violence, je choisis un autre chemin » : la force de la non-violence

« Face à la violence, je choisis un autre chemin » : la force de la non-violence

Un article rédigé par Laetitia de Traversay - RCF Lyon, le 18 décembre 2025 - Modifié le 18 décembre 2025
Inspiration · RCF LyonCultiver la force de la non-violence

Alors que les violences s’affichent en continu sur nos écrans, comment rester debout ? Entre jugements, étiquettes et réflexes de défense, nos échanges quotidiens dérivent aussi facilement vers de la violence verbale et non verbale. Coach certifiée en communication non-violente, Françoise Keller explore avec Laetitia de Traversay ce qui fait la véritable force de la non-violence : un apprentissage patient et lucide pour retrouver la paix en soi et avec les autres. Une démarche qui peut transformer nos réflexes de violence et nous permettre de retrouver notre dignité d’êtres humains reliés. 

La non violence, un apprentissage patient - Photo d'illustration d'Helena Lopes - © via UnsplashLa non violence, un apprentissage patient - Photo d'illustration d'Helena Lopes - © via Unsplash

Nommer la violence qui nous traverse pour commencer à la transformer

Françoise Keller le reconnaît d’emblée : « On a accès à plus d’informations violentes ». Entre les réseaux sociaux, les médias et le flux continu d’images, nous baignons dans un univers qui nous heurte, parfois malgré nous. Et pourtant, dit-elle, le défi n’est pas d’abord extérieur : il commence en nous.
Elle évoque ces réflexes ordinaires — jugements moralisateurs, étiquettes, comparaisons, menaces, exigences — qui abîment la relation. « La violence, c’est tout ce qui abîme la vie », rappelle-t-elle. Même lorsqu’elle est discrète, en apparence anodine, elle crée de la séparation.

Repérer cette violence, c’est déjà ouvrir un chemin : « Pour retrouver ma propre dignité, mon chemin, c’est de travailler ma propre violence et la transformer en non-violence ». Ce travail intérieur n’exclut pas l’émotion : colère, tristesse, découragement… mais il appelle à une forme de lucidité courageuse. Françoise Keller raconte par exemple comment une simple étiquette — “les boomers” — a déclenché en elle une vague de tension. Plutôt que de réagir, elle a accueilli ce qui se passait en elle, puis tenté un dialogue : une démarche qui a “ouvert une conversation”. Pour elle, la force n’est jamais du côté de l’agressivité : « La force, c’est avoir le courage de dire : face à cette violence, moi, je choisis un autre chemin ».

Construire des relations qui relient plutôt qu’elles ne séparent

La communication non-violente n’idéalise pas les rapports humains. Françoise Keller refuse l’idée que la non-violence rendrait “zen”, sans tension. « Le conflit est inhérent à nos diversités », dit-elle avec réalisme. La question n’est donc pas d’éviter les désaccords, mais d’apprendre à les traverser autrement. Elle invite à se poser des questions simples et exigeantes : Qu’est-ce que je choisis qui est au service de la vie ? Comment nous entraider pour avoir ce courage d’ouvrir un autre chemin ?
Ce “travail” — elle insiste sur le mot — demande du temps, de la formation, de l’entraînement. Cinq minutes par jour, parfois. Du soutien, souvent. Et surtout la prise de conscience que la violence ordinaire peut se cacher dans les petites choses : un message sans bonjour, une parole maladroite, un préjugé. Pour s'entrainer, elle propose la stratégie des petits pas. « On n’apprend pas la non-violence en partant par les relations difficiles. On commence par ce qui est à notre portée ».

Petit à petit, un climat différent peut se construire en utilisant des outils à notre portée:  bâton de parole, binômes d’empathie, groupes de fraternité, simples gestes d’écoute mutuelle… La non-violence n’est pas un idéal abstrait : c’est un choix concret, contagieux, quotidien.

Nous sommes créés pour être heureux, vivants et en relation 

Transformer nos automatismes violents et retrouver notre dignité

Dans un monde saturé d’images et de mots qui blessent, Françoise Keller rappelle que la non- violence n’est pas faiblesse, mais travail intérieur. Un chemin pour renouer avec nos aspirations profondes et choisir la vie, même au cœur du conflit. Pour elle, progresser en non-violence, c’est progresser en humanité. Non pas en écartant les tensions, mais en apprenant à les vivre autrement, avec courage et lucidité. C’est un chemin qui “nous remet dans notre dignité”, dit-elle, et qui nous relie à notre vocation profonde : coopérer, écouter, vivre ensemble.
Un chemin qui s’apprend tout au long de la vie — et que son livre Pratiquer la CNV, réédité chez Pocket, invite à poursuivre, pas à pas.

RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Inspiration · RCF Lyon
RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.